Chapitre 24 : Cohabitation douteuse

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Les frères Sakamaki venaient d'essuyer une défaite honteuse. Blessés autant physiquement que dans leur égo, ils devaient pourtant se relever. Le plus touché était Ayato, mais comme Anju l'avait prévu, sa blessure guérissait doucement.

Reiji se lamentait de devoir à nouveau chercher « cette ennuyeuse humaine qui décidément n'était bonne qu'à se faire enlever », mais au fond de lui, il savait que ce serait mentir de dire qu'il ne s'inquiétait pas.

Ceux qui les avaient attaqués n'avaient rien à voir avec les Mukami, ils étaient puissants et les avaient battus à plate couture.

Shuu s'était chargé de prévenir leur père de ce drame qui avait eu lieu. Il savait que ce n'était pas quelque chose qu'ils pourraient gérer seuls cette fois, l'ennemi était puissant, trop pour eux dans leur état.

Mais alors que Shuu s'attendait à un plan précis ou des instructions de leur père, il ne reçut qu'une indication : « des personnes vont vous rendre visite, tachez de les héberger et de les accueillir convenablement » avait-il dit.

Shuu, perplexe, n'avait rien redit. Pourtant, il ne fut pas au bout de ses surprises.

En effet, le lendemain, il vit apparaître, devant la porte d'entrée du manoir, les Mukami et Rhin. Il avait d'abord pensé que ceux-ci venaient régler leurs comptes, mais le papier que tenait Ruki et les blessures qu'il voyait chez eux, surtout chez le plus âgé qui ne tenait debout que par l'appui du blond à ses côtés, confirmèrent qu'ils étaient bien les invités tant attendus.

Le destin semblait s'être joué d'eux. Ou plutôt, Karlheinz semblait avoir fait au mieux pour leur rendre la tâche ingrate au possible. Il ne faudrait pas s'étonner que l'un ou l'autre des vampires n'entame une baston.
Les chambres avaient été choisies par le chef de la famille, apparemment il avait trouvé amusant de les attribuer par « affinité ». Aussi, la chambre de Kou se trouva être à mi-chemin entre celle de Subaru et celle de Raito ; celle de Ruki proche de celle d'Ayato ; celle de Yuma entre celle de Shuu et celle de Reiji ; mais surtout, celle d'Azusa jouxtait celle de Kanato.

Rhin avait élu domicile dans la chambre de Ruki pour prendre soin de lui, Reiji n'avait rien redit, étant donné qu'Ayato lui-même était en convalescence.

La tension était palpable, mais la cohabitation tenait malgré tout. La raison de cela était tout d'abord l'enlèvement d'Anju. Bien qu'elle ne fût pas appréciée de tous, elle constituait une pièce importante de l'énorme puzzle qui se constituait depuis le début. La seconde raison était que l'état des blessés, au lieu de s'arranger comme il semblait le faire au début, se dégradait à vue d'œil.

Ayato ne se régénérait plus, Ruki non plus. Leur teint palissait, ils se réveillaient à peine, perdus entre conscience et inconscience.

Rhin toucha la joue pâle et glaciale de Ruki, elle souffrait de cette inquiétude pour son frère. Elle s'en voulait de ne pas avoir pu le protéger de ces loups.
Elle lâcha un soupir en collant son front à celui de Ruki.

« Je commence à comprendre cette petite conne. Ici aussi, sous leur carapace de bourrins, ce sont des gosses apeurés, qui font ce qu'on leur demande avec dégoût et dédain pour la vie. Mais nous, on est différents d'eux, hein Ruki ? Vous êtes des gens bien vous, vous avez du respect pour la vie. Alors pas question que la vie vous en veuille hein ? Tu ne vas pas partir comme ça ? »

Ces perles salées que les gens nomment larmes avec désintérêt semblaient porter toute la peine du monde. Le visage crispé de douleur, tremblante de colère et de désespoir, Rhin découvrait la désolation et le chagrin.

« Ne pars pas... Je t'en supplie, pour eux... »

Ayato n'était pas dans un meilleur état que Ruki. Raito établissait les raisons possibles à cette dégradation. Son état mental y était-il pour quelque chose ? La disparition d'Anju ? C'était possible, mais Ayato était un battant. Il ferait tout pour récupérer ce qui lui appartient, ce à quoi il est attaché. Le jeune vampire aux cheveux bruns rougeâtres observait son frère, le silence de la pièce en disait long sur la situation. Raito était complètement fermé, son visage n'exprimait aucune émotion.

Il lâcha un soupir et comme s'il parlait en attendant une réponse, s'exclama.

« Ah... Tu fais toujours tout pour attirer l'attention hein ? Réveille-toi et guéris plutôt que de jouer les faibles. Ta chère et tendre t'attend. Ce serait dommage qu'elle se fane avant que tu reviennes. »

L'absence de bruit ne fit qu'accentuer le nœud dans la gorge du garçon aux cheveux mi-longs.

« Je comprends même pas comment tu peux apprécier une fille pareil, encore moins l'aimer. L'amour c'est vide de sens, un simple mot sans rien à y mettre. Cette femme nous l'a bien montré, c'est pour ça qu'on se déteste tous non ? Parce qu'on a vu que l'amour ne menait à rien ! »

Ses nerfs commençaient à lâcher, la fatigue mentale et son désespoir longtemps contenu ressortait avec colère.

« Dépêche toi de te réveiller imbécile ! On va pas t'attendre pour aller la récupérer mais t'étonnes pas si elle ne revient pas vers toi après ! »

Sur ces mots qu'ils ne pensaient pas, l'homme posa son chapeau aux côtés de son frère et sortit de la pièce en claquant la porte.

Les mots s'envolent, les actions restent.
Le bonheur fond, quand les blessures s'enflamment.
Tristesse et abandon, joie et consolation, deux faces d'une même pièce déformée.

Dans ce manoir de gens brisés, chaque combat ébranlait un peu plus les habitants, les brisait, jusqu'à l'effondrement total. Si une guerre arrivait, que se passerait-il ensuite ?

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Where stories live. Discover now