Chapitre 36 : Un a pour amour ou amer ?

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Le calme régnait à nouveau dans le manoir Sakamaki. Les Mukami étaient toujours présents, mais personne ne semblait réellement pressé. D'autant plus que les Tsukinami ne semblaient pas avoir dit leur dernier mot au regard de leurs derniers échanges, il valait mieux que tout le monde reste groupé.

Pourtant, Rhin s'interrogeait. Pourquoi ce calme soudain ? Tout le monde semblait avoir oublié les menaces qui pesaient un peu plus tôt, même Anju qui jouait désormais les amoureuses avec Ayato. Ces deux-là ne se cachaient plus et leur proximité nouvelle ainsi que leurs échanges aussi niais que ridicules laissaient à Rhin un goût amer. Trop écœurant.

Un mois était passé depuis le retour de l'ex-ange, ou plutôt nouvelle vampire, Rhin ne savait plus comment la dénommer et s'en fichait éperdument. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle appréciait sincèrement Anju, mais elle la tolérait mieux qu'Ayato ou Kanato.

Avec un soupir, Rhin sortit de ses pensées et bascula ses jambes par-dessus le dossier du canapé, finissant à moitié allongée, à moitié la tête en bas. Elle ferma les yeux un instant avant de se plonger à nouveau dans son esprit.

Pourtant loin de s'y laisser à nouveau porter, elle fut dérangée par une présence au-dessus de sa tête. Elle ouvrit un œil pour y trouver Raito.

« Qu'est-ce que tu veux toi ?

- Oh je voulais seulement voir ce que ma chère cocotte faisait.

- Cocotte ? C'est quoi ce surnom ?

- Fufufu~ pour ton information, « cocotte » signifie « femme aux mœurs légères », je trouve que cela te correspond bien.

- En gros, c'est ta façon de m'appeler catin tout en restant gentil et amical ?

- Je n'irai pas jusque-là, disons que c'est affectueux oui.

- Tu cherches à m'avoir dans ton lit pour être si « affectueux » ces temps-ci ? T'es bien trop mielleux.

- Moi ? Mais non enfin. »

Un silence se fit alors qu'elle observait Raito, toujours à l'envers.

« T'aurais pas un faible pour moi par hasard ? Ou alors t'essayes de m'avoir avec des belles paroles pour ta fierté ? »

Raito la regarda puis se mit à rire comme si Rhin venait de prononcer la chose la plus absurde au monde.

« Avoir un faible pour toi ? Moi ? Je plains ceux qui s'aiment. Je hais l'amour. »

Son regard s'était fait vide, froid, le vert auparavant si attirant que l'on voudrait s'y plonger semblait maintenant effrayant et sans fond.

« Mauvais menteur. Je sais pas ce que t'as vécu et je m'en fous, mais ça sert à rien de se priver de quelque chose parce qu'on a peur de souffrir à nouveau ; au final tu t'emprisonnes juste dans tes souvenirs en faisant ça.

- Tu parles beaucoup mais pourtant tu ne sautes pas le pas malgré tes sentiments- réciproques- pour le gamin.

- Le gamin ? Ah Subaru. Je l'aime pas comme ça !

- Mauvaise menteuse. »

Raito lui fit un sourire moqueur et crispé avant de s'en aller nonchalamment. Elle comprit alors pourquoi ce départ précipité : le benjamin venait d'arriver au salon et se laissa choir sur l'autre canapé.

Rhin l'observa un instant. Elle repensa alors à la dague qu'il lui avait donnée. C'était un geste qui laissait penser que la tête blanche pensait à elle. Les yeux sanglants de Subaru trouvèrent les siens. Ils ne se lâchèrent plus.

Rhin s'était à nouveau perdue dans les méandres de son esprit. Ses réflexions datant que quelques temps déjà lui revinrent de plein fouet.

« Ai-je moi aussi le droit à l'amour ? »

Elle retint à temps un grognement de frustration. Elle qui descendait Anju et Ayato quelques instants auparavant, la voilà à son tour comme une ado prépubère.

Prenant son courage à demain, elle fixa à nouveau Subaru et prit la parole.

« Hey la tête blanche, qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Et me sort pas une connerie de tsundere. »

En l'espace de quelques millisecondes, le visage de Subaru passa d'un pâle cadavérique à une teinte rose sur ses joues.

« Qu'est-ce que t'as bu toi ?!

- Arrête de jouer les innocents. Je t'aime pas mal moi. Et y a qu'à toi que je l'avouerai, et qu'une seule fois. »

Subaru se tut, semblant réfléchir et prendre en considération ce qui venait d'être dit. Il chuchota quelques mots ensuite que Rhin parvint tout de même à entendre.

Un fin sourire lui étira les lèvres alors qu'elle se leva et, passant à côté du canapé, déposa un baiser sur les lèvres du garçon plus timide qu'il ne voulait l'admettre.

Ce n'était rien de passionnel, mais c'était une douceur inattendue pour l'un comme pour l'autre.

Comme une plume se déposant sur leurs croissants de chair, les caressant, les réconfortant.

L'espace de ce contact, Rhin oublia ses inquiétudes et ne se concentra que sur une personne. Mais loin de la niaiserie, elle trouvait plus le temps de taquiner le plus jeune.

« Heh, c'était ton premier ?

- Mais la ferme ! »

Entre Subaru qui fulminait et Rhin, penchée sur le canapé, qui riait doucement, la plume semblait voler à présent dans les airs tellement l'ambiance y était légère.

Elle aurait pu rester ainsi, si cette maladie oubliée et redoutée n'était pas revenue tourmenter le royaume démoniaque et si ce qui en suivit n'avait pas ravagé des vies.

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant