Chapitre 47 ½ : Kou

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/ ! \ mentions de suicide, tortures, mutilations.

La lumière semblait si loin. Je tendais ma main, mais elle m'échappait. Sa chaleur m'échappait. Ces gens qui m'entouraient étaient gentils avec moi, mais je sentais qu'il me manquait de la chaleur. Je l'avais toujours désirée.

J'étais un oiseau en cage. Nous vivions dans les égouts, avec d'autres gens comme moi. Que ce soient des personnes nées ici, trop pauvres pour la surface, ou abandonnées. Je faisais partie de ces derniers.

A quoi pouvait ressembler ma mère ? A quoi ressemblait l'extérieur ? La nourriture était-elle si infecte partout ?

Je désirais la liberté, je désirais le soleil, je désirais le beau, je désirais le vrai. Le ciel bleu que j'apercevais m'appelait.

Ma vie en noir et blanc, mon corps si frêle, je ne souhaitais que sortir.

Et un jour, mes prières furent entendues. Etrangement, les personnes qui vivaient avec moi n'étaient pas heureuses. Où allaient-elles aller ?

Mais je compris rapidement pourquoi ces gens n'étaient pas contents de la visite des soldats.

Je vis une mère et son enfant se faire tirer dessus juste devant moi. Ils parlèrent d'exemple pour les potentiels résistants qui se trouvaient ici. Ils déblatérèrent des choses sur la guerre.

J'étais perdu, j'étais terrorisé. Qu'allaient-ils faire de moi ? Allaient-ils aussi me tirer dessus ?
Maman, où était ta chaleur dans ces instants de froid ? Papa, où étais-tu quand il fallait me défendre ?

Je tremblais alors qu'ils s'approchèrent de moi, et j'entendis l'un d'eux s'exclamer de surprise. Il approcha ses grandes mains de mon visage et en dégagea mes cheveux. Ses camarades et lui parlèrent de la beauté de mes traits, de mes yeux bleus envoûtants ; et décidèrent de m'emmener avec eux.

Maman, pourquoi les hommes sont-ils si incompréhensibles ?

Je fus amené dans un institut qu'ils appelaient l'orphelinat. J'étais heureux de voir d'autres enfants comme moi. On me nourrit, on me donna de beaux vêtements, je voyais le ciel bleu, je crus qu'un ange m'avait poussé dans cette direction.

Je tendis à nouveau ma main vers le ciel et le soleil me sembla à portée de doigts.

Mais bien vite je compris que je n'étais pas dans la chaleur du paradis, mais dans les flammes de l'enfer.

On me laissa quelques jours pour m'adapter, me rendre présentable, puis on m'amena dans un club particulier. J'étais intimidé la première fois que j'y allais, je ne savais pas ce que je devais faire, je savais seulement que je devais bien me tenir.

Mais une fois là-bas, on regarda mon visage, on me dit qu'on me trouvait « beau », « mignon », « adorable » avant de me frapper, de me fouetter, d'enfreindre toutes les barrières du raisonnable, de mon intimité. J'ai été coupé, battu, torturé de toutes les manières possibles et imaginables.

Je rêvais de voir le ciel bleu, je rêvais de chaleur.
Je voyais le bleu et ses teintes sur ma peau, la chaleur m'a brûlé.

Ils justifièrent leurs actions de la manière la plus infâme. J'appris plus sur cette guerre qu'on avait évoqué, et je compris que moi et les autres « beaux enfants » n'étions que des jouets de « divertissement » pour ces riches pervertis afin de financer la guerre.

J'ignorais pourquoi, mais ces aristocrates me demandaient énormément. J'étais si sollicité que mon corps torturé et violenté ne pouvait pas guérir. Je n'avais plus à regarder dehors pour voir le bleu que j'aimais.

Je me fis alors la réflexion que je ne devais pas penser à tout cela négativement. Ce n'était que normal de subir ce que je vivais, j'avais de la nourriture et de beaux vêtements, les belles choses avaient un prix. Je ne faisais que payer ce que l'on me donnait. Ce devait être courant dans ce monde de lumière.

La vie n'était qu'un grand jeu de « donnant-donnant ».

Le temps filait et les couleurs de l'arc-en-ciel que j'apercevais parfois dehors se manifestaient toujours sur mon corps.

Je pleurais et criais, mais personne ne m'écoutait. J'en vins à l'idée que tout ceci n'était pas vivable. Était-ce à cause de ce « beau visage, ces beaux yeux » que j'étais dans cette situation ? Je m'observais dans ce miroir que l'on m'avait offert, je regardais mes cheveux couleur soleil et mes yeux bleus comme le ciel. Je regardais ma peau, bien que marquée, qui irradiait sous la lumière naturelle. Et dans une ultime réflexion, dans une ultime parole, je plantais la fourchette de mon plateau repas dans mon œil droit.

« Jamais plus il ne reverra le ciel ».

J'espérais que l'on me demanderait moins, que l'on me laisse vivre un peu avec les autres enfants de l'orphelinat. J'espérais guérir, malgré les blessures sur mon corps, au-delà des cauchemars.

Mais tout ne fit que s'aggraver.

A cause de mon œil en moins, on me demanda encore plus. J'étais une attraction, mon corps et mon esprit se brisait, je ne voulais que rejoindre le ciel que j'aimais tant.

Alors que je tentais de rejoindre les nuages, un enfant s'est approché de moi et m'a dit que j'étais un « perdant ». Je niais, qui était ce garçon qui pensait me connaître, savoir tout ce que j'avais traversé, oser me traiter de perdant ?

Il me défia alors de me suicider. Evidemment, c'était mon intention initiale, alors encouragé, j'ai tenté à nouveau. Mais je ne pus m'y résoudre, une fois de plus.

Le garçon me dit alors qu'il s'y attendait. Il m'expliqua que la raison pour laquelle j'étais incapable de me tuer était que, même si je voulais désespérément m'échapper de cette situation, j'avais encore de l'espoir. Il poursuivit en me disant qu'il m'attrapait souvent à regarder le ciel, et asséna que si je perdais cet espoir, je ne serais rien de plus qu'un perdant.

Il m'invita à le suivre, à le rejoindre pour sortir de cet enfer et je rencontrai alors ses amis. Je venais de faire la connaissance de Ruki.

Avec Yuma, Azusa et Ruki, nous mîmes alors au point un plan d'évasion. Nous voulions fuir cet enfer.

Le jour arriva bien vite, nous mîmes le feu au dortoir et en profitions pour nous échapper, cependant le personnel n'hésita pas à nous tirer dessus. Je fus traversé de nombreuses balles, mes clients m'aimaient d'autant plus lorsque j'étais endommagé donc ils ne se retenaient pas.

Mes souvenirs de cet instant était trouble.

Je me souvenais du froid qui m'entourait, de mon sang qui s'écoulait. Je me rappelais les turbulences d'un trajet douloureux.

Puis je me suis senti revivre.

On m'expliqua qu'un vampire du nom de Karlheinz nous avait offert une vie meilleure en nous changeant en vampires, et que j'avais frôlé la mort.

On nous donna une maison, des vêtements, de la nourriture. On nous donna un objectif, on nous offrit une position sociale. Nous étions sortis de l'enfer.

Mais mon esprit était à jamais prisonnier des cauchemars, des douleurs, les cicatrices dans mon dos étaient témoins de cette réalité que je ne voulais qu'oublier.

Karlheinz m'offrit un dernier cadeau car il savait que j'avais du mal à croire en d'autres personnes que mes nouveaux frères et lui. J'eus donc un nouvel œil droit, magique. Je pouvais lire le cœur des humains, pourtant j'avais reçu une mise en garde : si je me fiais trop à cet œil, cela me ferait perdre la vue, ce qui comptait énormément pour moi. Il rajouta également que si je suis associé à un sang particulier, cet œil me montrerait un miracle.

Notre aventure commença ainsi, bâtie sur les souffrances et les larmes.

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Where stories live. Discover now