Chapitre 5 : Solitude

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Je reste un moment immobile et inerte dans la chambre qui m'est dédiée.

Je demeure assise sur le lit, jusqu'à ce que les voix et les pas des gardes s'évanouissent. Mon cerveau cogite.
Après plusieurs minutes noyée par des pensées sombres au sujet de la mort, je décide d'aller prendre une douche.

Je me lève, substituant l'action à la pensée. Mon mouvement s'exécute trop vite, j'ai rapidement des fourmis dans les jambes.

Dans la petite pièce voisine, les parois de la douche sont extrêmement grises, voire poussiéreuses. Le confort n'est pas le même que dans la pièce avec le fauteuil. Cela fait un an que cette douche n'a servi à personne. Je me demande qui était ici, à ma place, l'année dernière. L'ancien participant de cette chambre est-il mort ?

Pendant les minutes qui suivent, les pensées insensées se retirent de mon esprit. À la place, quelques souvenirs heureux glissent dans ma mémoire de la même façon que l'eau coule sur ma peau nue.

Je me revois, il y a dix ans, jouer à courir autour de la maison avec mon frère. Mon père, lui, avait l'habitude de nous attraper par le col du tee-shirt pour nous calmer dans nos jeux enfantins. Ma mère, souriante, nous regardait par la fenêtre et riait souvent de nous voir jouer ainsi. À cette époque, les rues étaient déjà immondes à cause du réchauffement climatique et de l'espèce humaine. Dans le cadre de l'école, chaque semaine, nous devions nettoyer les rues de sa pollution atmosphérique, des déchets divers et variés.

Je coupe l'eau tiède, reviens au présent et sort de la douche en me frottant les yeux.

Lorsque je retourne dans la chambre, une serviette humide enroulée autour de moi, je me rends compte que la vapeur d'eau a éclairée mes pensées.

Je tire les tiroirs de l'armoire pour voir ce qu'ils contiennent. L'un comporte des vêtements unis noirs. Je les enfile silencieusement, contente de ma trouvaille, puis me glisse sous les draps. Soulagée par cette journée qui aurait pu être bien pire que cela, je me recroqueville en position foetale et essaye de ne plus penser à rien.

Bien sûr, c'est impossible.

Bientôt, la lune filtre à travers la petite fenêtre à barreaux encadrée par les murs décrépis.

Le lendemain matin, je suis réveillée à l'aube par Maru qui tambourine à la porte et m'annonce que le repas du matin est donné aux participants dans deux minutes.

Je cours dans le couloir pour être à l'heure à la salle où je suis attendue. Un aspect important et stratégique des cycles m'attend : mon premier repas avec les autres participants.

À la table, dans la grande salle au lustres flamboyants et aux murs tactiles, je me retrouve serrée entre William et Jim. Ce dernier me lance un minuscule sourire de compassion. Je n'arrive pas à le lui rendre. Ma tête doit vraiment être abominable, car Carmen me regarde en effet d'un air amusé.

Au moment même où je pose mes coudes sur la table, Maru se lève.
L'homme à la voix grondante va annoncer la nature du premier cycle.

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