Chapitre 3 : Participants

485 71 32
                                    

Durant la demi-heure qui suit, personne n'ose prendre la parole. Maru a en effet glissé un froid depuis sa remarque lancée à l'égard de Jim.
Justement, le malheureux rouquin est le seul qui essaye en vain de détendre l'atmosphère.

Au bout d'un long moment rébarbatif, je soupire et décide de m'asseoir sur un fauteuil qui prenait la poussière. Pendant tout le temps que je passe sur ce mobilier plutôt confortable et rassurant, j'apprends que ma seule coéquipière féminine s'appelle Carmen.

En vérité, elle est très jolie, bien plus charmante que moi. Personne ne peut résister à une grande blonde aux narines retroussées. Sauf la mort, bien sûr, qui ne se soucie en aucun cas du physique.

Sa grande beauté est malheureusement altérée par le fait qu'elle soit si hautaine dans sa façon de se déplacer. Elle doit sûrement se sentir supérieure grâce son physique avantageux. J'espère juste que ce n'est pas une peste.

Mon deuxième coéquipier, lui, se nomme William. De nature réservée, il reste en arrière et ne parle pas. Sa tête est continuellement baissée. Ses cheveux d'un noir de jais contrastent à la perfection avec ses yeux d'un bleu éclatant. Jamais je n'ai vu un garçon aussi charismatique. Au bout de deux minutes à le fixer, bouche bée, je détourne la tête et vois mon dernier coéquipier.

Je lance subitement :

- Nous ne sommes que cinq ?

Aucune réponse, à part un hochement de tête. Jim plisse alors les yeux, il comprend exactement ce que je veux dire par le biais de mon interrogation.

Oui, c'est vraiment étrange qu'il n'y ait que cinq adolescents de seize ans à participer, dans une population surpeuplée. D'habitude, les participants aux cycles sont au moins une dizaine chaque année.

Mon dernier coéquipier a l'expression faciale de quelqu'un qui voudrait être partout sauf ici, avec une pointe d'antipathie et un soupçon d'agacement. Si j'ai bien compris ce que Jim m'a dit, il s'appelle Karl.

Le prénommé Karl porte un simple tee-shirt manches courtes qui laisse entrevoir d'impressionnants bras musclés. Karl croise mon regard et je le détourne la première, intimidée. Je n'éprouve pas d'émotions, lui non plus.

Ses yeux froids et distants traversent encore mon esprit quand la demi-heure prend fin et que nous sortons dans le couloir silencieux et gris.

Nos pas saccadés et angoissés résonnent contre les murs. Je reste près de Jim qui, je ne sais pour quelle raison, me donne le courage d'avancer. Il a ce côté rassurant qu'il ne manque pas de partager avec moi. Je pense même qu'il fait un très bon camarade pour les quatre cycles.

Ce n'est même pas de l'amitié que j'éprouve, seulement de la stratégie humaine.

Nous arrivons dans une intersection au sol dallé. Le couloir peu éclairé donne ouverture sur cinq portes semblables. Nos noms sont inscrits sur un écran bleu, sur les portes de nos chambres respectives.

-Bonne chance, me lance Jim en un sourire.

Je le remercie tardivement et ouvre la porte qui m'est désignée. J'entends d'abord un bip sonore, puis quelqu'un crie à l'intérieur de la pièce.

Une silhouette familière me prend alors soudainement dans ses bras.

4CyclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant