Crimson Desire [Ashes #1]

28| Going Back

"For your eyes only I'll show you my heart"

 ☸ 

Je le regarde quelques instants et déglutis. Son regard ne montre aucune émotion. Un peu comme quand je regardais dans les yeux d'Hadley il y a quelques mois.

Je m'approche du comptoir ou des croissants et des viennoiseries sont déposés dans une assiette. J'en prends un de chaque et m'adosse contre le mur près de la fenêtre. Je lui fais signe de continuer et il avale sa bouchée avant d'ouvrir la bouche.

— Je regrette énormément ce qu'Andrë a fait, commence-t-il. Je ne savais pas que tout ça irait si loin, il baisse la tête et laisse sa phrase en suspend.

Je reste debout et le regarde du coin de l'œil. Qu'est-ce que je dois dire ?

— Tu dois sûrement te demander de quoi je parle, ajoute-t-il en riant sèchement. J'ai rencontré Andrë a 15 ans. À ce moment, je savais qui était mon père qui était ma mère et... qui tu étais. Je lui ai tous raconté et il a été un pilier au courant de mon adolescence. Je le considérais comme un frère. Un an plus tard, il a mis son plan à exécution. Il a réussi à obtenir un travail de garde dans la résidence de la famille présidentielle. Il m'a tout expliqué dans les moindres détails ce qu'il allait te faire et comme un con, je l'ai laissé faire. Je ne réalisais pas les conséquences. J'avais tellement la haine contre toi. Le fait qu'ils t'aient gardé alors qu'ils s'étaient séparé de moi m'avait foutu en colère alors je n'ai fais qu'hocher la tête quand il me demandait ce que j'en pensais.

Je reste stupéfaite. Il était au courant. Je recule mon corps comme si j'étais fouetté par l'impact de ses mots. Je baisse la tête et une seule larme coule le long de ma joue. Je secoue et chasse les images d'Andrë, allongé au-dessous de moi alors que ses grognements me parviennent aux oreilles et résonnent dans la pièce.

J'entends une chaise reculer violemment et je lève la tête en une fraction de seconde. Hadley maintient Alessio contre le mur, une main plaquée sur sa gorge. Alessio se débat, mais il reste impuissant face à Hadley.

— Qu'est-ce que tu lui as dit, rugit-il

Alessio tremble comme une feuille et je ne peux que le comprendre. La veine de son cou menace d'exploser et j'hésite à les séparer. La révélation d'Alessio me revient aux oreilles et je passe près d'eux.

— Alexis, va faire tes bagages. On part ce soir, déclare Hadley d'une voix ferme qui ne laisse pas place aux négociations

Je roule des yeux face à son ton et monte les escaliers jusqu'à ma chambre. Je sors la valise qui était sous le lit et range quelques vêtements à l'intérieur. J'en ai déjà en Italie alors je ne vais pas en apporter beaucoup. Juste ceux que j'aime vraiment.

Je ferme ma valise et sors de ma chambre. J'entre dans celle de mes parents et découvre ma mère, à la même place depuis trois semaines, avec une boite de mouchoir près du lit. Je m'avance lentement vers elle et me couche à ses côtés.

J'entends ma mère renifler et je caresse ses cheveux comme elle me le faisait quand j'étais petite. La main de ma mère se pose sur la mienne et elle me la caresse avec son pouce. Elle se tourne vers moi et j'essuie ses larmes.

— Tu veux venir avec nous en Italie ? proposais-je

Elle secoue la tête et mon cœur se serre.

— J'ai des papiers à remplir et je dois finir le mandat de ton père, chuchote-t-elle

Dans notre pays, quand le président ou la présidente décède, c'est son mari ou sa femme qui le remplace pour terminer le mandat qui est de cinq ans. J'hoche la tête et embrasse son front.