Chapitre 39.

1.2K 57 12
                                    

J'ai essayé toute la nuit. Je n'ai pas trouvé. Je ne vois pas de manière assez douce pour lui parler de sa fausse couche sans la brusquer. Je ne veux pas qu'elle panique comme moi j'ai pu le faire, mais comment est-elle censée réagir à cela de toute manière ?

Ariana ne mérite pas de vivre ça, personne ne mérite ce qui lui arrive mais il faut accepter et passer outre, comme tout dans la vie. Quelque chose me déplaît cependant, si elle a perdu le bébé lors de cette nuit où je l'ai retrouvée et amenée à l'hôpital, alors cela veut dire qu'elle est tombé enceinte: mais de qui ? était-elle au courant ?

Aussi, je suis certains qu'elle ne devait être enceinte que depuis quelques semaines car elle n'avait pas du tout de ventre lorsque je l'ai vu. J'espère qu'elle n'a pas été victime quelques agressions de qui que se soit sans son consentement car si c'est le cas, je ne sais pas de quoi je serai capable.

C'est dingue à quel point cette histoire me trouble et m'obsède. Je veux des réponses, maintenant.

*

Je me trouve présentement dans ma voiture, à attendre devant le lycée où je suis supposé être d'ailleurs mais ce n'est pas d'une grande importance vu la situation. Soudain, je l'aperçois au loin, sa sacoche sur l'épaule, vêtue d'une veste en jean beaucoup trop grande pour elle, un jean noir troué et une paire de bottes à lacets noires. Je décide de sortir de la voiture afin qu'elle me voit. Elle passe la grille du lycée, s'avance vers la route puis m'aperçois enfin. Un sourire angélique se dessine sur ses lèvres roses. Elle s'avance vers ma voiture et nous nous installons à l'intérieur.

-Qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit-elle, avec un sourire.

-Je te cherchais, on va prendre un café ?

-Tu es venu jusqu'au lycée, endroit où tu es supposé être d'ailleurs, pour qu'on aille prendre un café ensemble ?

-Oui, un problème ? dis-je, essayant de paraître le plus naturel possible.

-Non, mais j'hésite à trouver ça suspicieux ou juste con, je ne sais pas encore.

-Ton sens de l'humour me manquait à vrai dire. dis-je, avant de démarrer le moteur.

*

-Alors, Dereckounet, que se passe-t-il ? Je sais qu'il y a une raison à ta venue. fit Ariana, lorsque nous fûmes servis.

-Je ne sais pas comment t'en parler, c'est très complexe. expliqué-je, essayant de me faire gagner des minutes.

-Crache le morceau. Mon esprit est ouvert à tout, vas-y. m'encourage-t-elle.

Je l'observai un moment, mes yeux dans ses yeux. Je ne peux pas croire que j'allais lui dire ça.

-Je suis allé à l'hôpital hier, le médecin est venu me parler de toi. Il m'a parlé de ta mère. Je suis désolé Ariana, vraiment. Je comprends ce que ça fait de perdre l'un de ses proches.

Elle avait baissé le regard pendant que je parlais, elle fixait quelque chose au loin d'un regard vague, mais rempli de peine. Elle releva le regard vers moi et m'adressa un sourire révélant sa force.

-Ne sois pas triste pour moi. C'est comme ça, on ne peut rien y faire. Tout ce qu'on peut faire c'est pleurer mais j'ai assez pleuré. réplique-t-elle, d'un ton bref mais doux.

-Ariana, il y a quelque chose d'autre que je dois te dire. ajouté-je, un instant après.

-Est-ce que c'est mon propos aussi ? demande-t-elle.

J'acquiesce et me prépare à tout lui confier lorsque la serveuse surgit afin de demander si tout se passe bien.

-Oui, merci. répondis-je afin qu'elle s'en aille.

Je me tourne de nouveau vers Ariana et inspire un coup avant de me lancer.

-Ariana, tu te rappelles de la nuit où je t'ai amenée à l'hôpital ?

Elle acquiesce, mais je sens son appréhension.

-Les médecins sont passés à côté de quelque chose en t'examinant, ils disent qu'à cause des coups et des blessures que l'on t'a infligé lors de ton agression, tu as... ton... tu as fais une fausse couche. finis-je, par dire enfin.

-Putain de merde. déclare-t-elle dans un souffle, l'air terrifiée.

-Ariana, j'ai vraiment besoin de savoir: étais-tu au courant que tu étais enceinte, oui ou non ?

Ariana ne cessait de regarder d'un air effrayée son ventre, ses mains, son regard affolé traversait la pièce sans but et elle semblait bouche bée. Je posai alors ma main sur la sienne et à cet instant, elle releva la tête vers moi.

-Je... Je ne sais pas quoi dire. bredouille-t-elle. Je l'ignorai. Comment est-ce possible ?

-Tu as sans doute dû avoir des rapports quelques semaines avant ton accident. C'est embarrassant de te demander ça mais as-tu couché avec quelqu'un dans ces délais de temps ? m'enquis-je.

-Je crois oui, mais je pensais que nous nous étions protégés. Quelle merde...

-Je sais, ça craint. Je suis désolé que tu ais perdu le bébé.

-Ne le sois pas, je n'aurai pas su m'en occuper de toute manière. C'est une bonne chose dans un sens, que j'ai eu cet accident. dit-elle, pensive.

-Je ne suis pas d'accord. répliqué-je, indigné.

-Ah oui ? s'enquit-elle, surprise.

-Oui, je trouve que les enfants sont le but d'une vie. C'est affreux de savoir que tu en as conçus un et qu'il n'aura jamais la chance de voir le jour.

-Quel sensible tu fais, Dereck. Je ne te savais pas aussi aimant des enfants. dit-elle, avec un peu d'humour.

-Je m'étonne moi-même rassure-toi. fis-je, avec un rire. J'allais oublié, les médecins m'ont dit de t'amenée à l'hôpital dans les jours à venir afin qu'ils s'assurent que tu ailles bien, mentalement et physiquement par rapport à cette histoire.

-C'est débile, je vais bien. Mais je ne pense pas avoir le choix, n'est-ce pas ?

-Non, madame. répondis-je, avec un sourire.

-Bien, on ira demain après-midi. Je dois rentrer chez moi ce soir, j'ai oublié quelque chose chez mon père qu'il faut que je récupère.

-Tu veux que je t'y emmène ? proposé-je. Tu iras plus vite en voiture qu'à pied ou en bus, crois-moi.

-Je crains que tu ais raison.

-Impeccable, allons-y. dis-je, avant de me lever de mon siège.

chasse gardée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant