Chapitre 38.

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Je suis confus. Pourquoi me parle-t-il d'elle ?

-Qu...quoi ? bredouillé-je.

-Vous la connaissez ? s'enquit le médecin.

-Que se passe-t-il ? Pourquoi me parlez-vous d'Ariana ?

-Vous la connaissez, bien. Ne vous inquiétez pas, enfin, pas trop. Lorsque vous avez amené cette jeune fille, elle était dans un sale état. L'infirmière qui s'est occupé d'elle l'a vite remise sur pieds mais il s'est avéré qu'elle avait oublié de mentionner quelque chose à son propos.

-Quoi ? dis-je, inquiet.

-Je suis retombé dessus récemment et cela me semble assez important. C'est pour cela que je me tourne vers vous, étant donné que vous l'avez amenée ici. Je dois vous dire que cela fût très difficile à comprendre car elle n'avait pas donné de nom de famille et n'avait aucun papier sur elle lors de son séjour ici.

-Que voulez vous me dire à son propos ?

-Nous avons appris qu'elle s'appelait Ariana Luwis. m'apprend-t-il, tout en regardant dans son carnet.

-Ariana Luwis... répété-je, indigné de ne pas avoir eu l'intelligence même de lui demander son nom moi-même.

-Oui... Mais ce n'est pas de cela dont je voulais véritablement vous parlez. Nous avons cherché une trace de ses parents, pour en savoir un peu plus sur cette jeune fille, et il semble qu'elle n'a qu'un parent. dit-il.

-Un parent ? m'enquis-je.

-En effet, sa mère est décédée il y a de cela six mois, mais son père est encore en vie et est toujours son responsable légal.

-J'ignorai pour sa mère. répondis-je, peiné d'apprendre cela. Excusez-moi Docteur mais, je ne vois toujours pas où vous voulez en venir à me parler d'elle.

Le médecin relève sa tête de son dossier, me fixe un instant le regard pleins de peine et laisse tomber son regard en bas avant de prendre une bouffée d'air. J'ai un mauvais pressentiment.

-Je ne sais pas comment l'annoncer à vrai dire...

Le docteur se replonge dans son dossier et semble rechercher un papier en particulier.

-Je n'ai pas la moindre idée de comment nous avons pu passé à côté de cela et, j'avoue ne pas très bien cerné tout le problème mais enfin: votre amie a perdu le bébé lors de son accident. déclare le médecin.

Ai-je bien entendu ? Aucunes idées cohérentes n'arrivaient à se mettre en place dans mon esprit. J'avais l'impression d'être face à un problème incompréhensible, sans solution et surtout inexplicablement logique. Absolument rien ne sortait de ma bouche. Je ne trouvais rien à dire et aussi, j'avais comme l'impression de ne plus avoir les capacités de les formuler. J'étais littéralement et vraisemblablement bouche bée.

-Vous allez bien ? s'enquit le docteur au bout d'un moment.

J'acquiesce, mais mon regard reste figé sur le sol. Je n'arrive pas à y croire. Je n'arrive pas à comprendre, à trouver une explication. Comment est-ce possible ? Est-elle au courant ? Et étrangement, les seules paroles qui me vinrent à l'esprit et dont j'arrivais à formuler à voix haute furent:

-Putain de merde.

-En effet. Je suis désolé, je suppose que vous n'étiez pas au courant. Cela doit vous faire un choc, j'en conviens mais il faut absolument que votre amie revienne ici dans les jours à venir afin que nous l'examinions et pour que nous nous assurions qu'elle aille bien. Pouvez-vous faire cela ? demande-t-il.

-Je... Oui, je peux. Oui. répondis-je, avec difficulté.

Le docteur se lève alors, les dossiers dans une main et l'autre tendue vers moi. On se sert la main puis il s'en va. Je décidai de me lever après un instant de réflexion sur la manière dont j'allais lui annoncer ce que je viens d'apprendre.

*

J'étais chez moi, en train de regarder une série sur ma télé lorsque quelqu'un frappa à la porte d'entrée. Un fort soupire sorti de ma bouche mais je décidai d'aller ouvrir malgré tout.

-C'est pour quoi ? m'enquis-je, lorsque j'ouvris la porte.

-Pardon, hum, suis-je bien chez Dereck Hadisson ? dit une jeune fille, habillée d'un long manteau noir en fausse fourrure.

-Oui, pourquoi ? m'enquis-je de nouveau, le ton bref.

-Je viens de la part de Yoan et Mathias, je suis votre cadeau d'anniversaire en avance. répondit-elle, le sourire aux lèvres.

Je fermai mes yeux un instant puis les rouvris.

-C'est pas vrai... Désolé mais je ne pense pas que...

-J'ai déjà été payée, je suis toute à vous. Puis-je entrer ?

-Quoi ? Non ! Je... Je ne veux pas de leur... cadeau.

-Ils m'ont dit que vous étiez compliqué mais qu'il fallait que je force la partie, donc c'est ce que je vais faire. dit-elle, juste avant de pousser la porte afin d'entrer comme à sa guise.

Elle se retourna ensuite vers la porte et la ferma d'un coup. Elle entrepris ensuite de se dévêtir de son long manteau mais je l'en empêcha lorsqu'elle fut au troisième bouton.

-Je pense avoir été clair, je ne veux pas de vous. Je veux que vous partez maintenant, s'il vous plaît. Et demandez-leurs de vous remboursez. fis-je, en lui indiquant la porte d'un coup de tête.

Elle m'observa un moment, droit dans les yeux, s'approcha secrètement de moi et entrepris de m'embrasser. Je la repoussai d'un coup en arrière, coup qui fut assez fort pour qu'elle se cogne au mur. Elle se remit de ce refus et après un instant, referma entièrement son manteau et se dirigea vers la porte qu'elle referma dans un fracas qui fit trembler quelques tableaux. Je m'adossai au mur le plus proche et soupirai d'un air las.

-Quelle bande de cons ces-deux là. dis-je, à moi-même.

Mes deux meilleurs amis semblaient être certains de me connaître. Mais j'ai changé, je le sais, je le ressens. Ils ne s'en sont pas rendus compte sans doute. Car si ils pensent que je suis toujours ce gars avec une idéologie malsaine et misogyne sur les femmes, sèche les cours, et cogne la première personne qui lui manque de respect, et bien ils ont tord. Je n'ai pas totalement changé cependant, mais j'ai le sentiment d'être une meilleure personne maintenant. Comment est-ce possible ? Je n'en sais rien, mais je suis sûr d'une chose: cela ne vient pas de moi.

chasse gardée.Where stories live. Discover now