Chapitre 31.

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Je me réveille et les événements de la veille ne mettent pas longtemps à refaire surface. C'est inévitable. Le même sentiment de détresse de la nuit dernière m'envahi soudain et menace de m'engloutir. J'empoigne un coin du drap de mon lit pour m'assurer que je suis encore maître de mes mouvements et entreprends de me lever mais, à l'instant où mes jambes se mettent à la verticale, elles retombent. Je tremble. C'est incontrôlable. Je ferme mes yeux et appuie fortement sur mes paupières. Je ne vois qu'une analepse des moments mémoriaux passés avec ma sœur. Je n'arrive pas à y croire. Je ne veux pas y croire. Pourquoi ? Voilà, ce que je me demande sans cesse de la déclaration de ma mère. Je ne comprends pas, à vrai dire. Je ne sais pas, normalement, on est quand même censé être au courant si on a un risque potentiel d'être atteint d'une quelconque maladie, non ? Je ressens un profond sentiment de haine envers les médecins, mais aussi envers ma sœur et moi. Même si je sais bien qu'elle n'y est pour rien, je ne peux m'empêcher de me poser la question. Pourquoi n'a-t-elle pas fait de dépistage contre le cancer du sein ? 

Cependant, il faut que je me ressaisisse. Je me lève donc, aidé de mes bras, et de tout meuble se trouvant à ma portée pour accéder à la salle de bain. Là, je décide de prendre une douche afin d'être propre pour lui rendre visite. Je m'habille de manière à ce qu'elle n'est pas honte de moi par rapport aux autres personnes présentes à l'hôpital et opte pour un pantalon droit, d'une chemise déboutonnée au col et de chaussures simples. Je ne pense pas que mes cheveux aient besoin d'être coiffés donc je les laisse à leur état naturel tandis que je descends les marches jusqu'au rez-de-chaussée. En bas, je marche en direction de la cuisine où se trouve déjà ma mère. Elle aussi, s'est habillée de manière simpliste mais chic. Elle est vêtue d'une jupe crayon noire, de chaussures à talons de même couleur et d'un chemisier beige. Elle se sert une tasse de thé et nos regards se croisent. Je remarque qu'elle a les yeux rouges et gonflés. J'en déduis qu'elle a passé la nuit à pleurer mais je fais comme si je n'avais rien remarqué et me sers une tasse de café noir. 

-Shain ne devrait plus tarder à arriver. dis-je, pour briser le silence trop pesant à mon goût.

Elle hoche de la tête tout en buvant son breuvage d'un air las. Je m'assois en face d'elle au comptoir de la cuisine et entreprends de déjeuner. Bizarrement, je n'ai pas la moindre envie de manger ce matin. Je n'ai envie de rien, en vérité. Seulement de voir Sia. 

*

Lorsque chacun termine enfin sa boisson, nous finissons de nous préparer et attendons avec impatience l'arrivée de mon cousin jusqu'à ce que des coups retentissent à la porte. Je me ressaisis soudain et déclare que je vais ouvrir. 

-Salut. fit-il, indécis à savoir s'il doit sourire ou non.

-Salut mon frère. dis-je, en le prenant dans mes bras.

Cette accolade me fait du bien. Je me sens mieux sur le coup, puis, la douleur reprend. Nous entendons des pas retentir des escaliers et voyons arriver ma mère. Shain lui fait la bise et la prend dans ses bras. Elle lui adresse un sourire reconnaissant mais clairement forcé et nous décidons d'y aller. Ma mère décide de s'asseoir à l'arrière tandis que je monte à l'avant, aux côtés de mon cousin.

-C'est une nouvelle ? m'enquis-je, en parlant du véhicule.

-Tout à fait. affirme Shain. C'est une Volkswagen Gol !

-Comment est-ce que tu as pu te la payer avec le salaire que tu gagnes au restaurant ? l'interrogé-je, curieux.

-J'ai emprunté un peu d'argent à des gars. explique-t-il, en baissant subitement le volume de sa voix afin que ma mère n'entende pas.

J'entreprends de monter le son de la stéréo tandis que Shain me donne quelques détails sur sa mystérieuse affaire.

-Alors ?

chasse gardée.Where stories live. Discover now