Chapitre 23.

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Je suis resté devant mon ordi toute la nuit, au point que mes yeux ne puissent plus rester ouverts tout seuls. Une sonnerie bruyante me tire de mon sommeil en sursaut, il s'agit de mon téléphone. Je regarde autour de moi, passe mes mains sur mon visage et empoigne mon téléphone. Il est dans les alentours de huit heure, ce qui signifie que ma première heure de cours de la journée a déjà commencée. Je hausse les épaules, me lève pour bailler et écarte les bras. J'amène mon t-shirt jusqu'à mes narines et finis par décider qu'il était temps de prendre une douche. J'attrape ensuite ce qu'il me vient sous la main et l'enfile. Je prends ma veste en cuir et descends déjeuner. Une délicieuse odeur arrive jusqu'à moi et je me lèche les lèvres à l'idée de ce que ma mère m'a préparé.

Une ambiance tendue règne entre nous, même si elle m'accueille avec un modeste sourire que je lui rends. Je m'assois face à un festin des plus appétissants; pancakes au sirop d'érables, jus d'orange et quelques fruits dans une barquette. Elle pose ensuite devant moi un petit sachet semblable à ceux qu'elle utilise pour les courses et s'exclame.

-C'est ton déjeuner, je ne veux pas en voir une miette.

-C'est gentil, mais si tu continues à me nourrir comme pour huit personnes, je vais devoir bosser deux fois plus à la muscu. m'indigné-je, en repoussant le sachet.

-Mais pourquoi ? Regardes toi, tu es battis comme un athlète. dit-elle, en me regardant de haut en bas.

-C'est justement grâce à la muscu. Enfin bref, tu n'as qu'à me donner de l'argent et je te promets de m'acheter pleins de bouffe. dis-je, avec un sourire.

-C'est ça, et la nourriture va se transformée comme par magie en drogue ou je ne sais pas trop quoi ! Alors ça non ! Prends le, sinon je te coupes les vivres. m'annonce-t-elle, en parlant du paquet et d'un air sournois.

-Je ne te connaissais pas à me menacer à ce point. rétorqué-je, avec une pointe d'ironisme.

-Et bien vu qu'il n'y a que ça que tu comprennes. réplique-t-elle, avant de quitter la pièce.

Génial, me dis-je, sarcastique.

Je finis mon petit déjeuner et pars de la villa.

***

Cela doit faire environ vingt minutes que je traîne dans les couloirs et que je me questionne. Quand va commencer le programme de mon prof particulier ? Est-ce que ça voudra dire que je n'irais plus au bahut ? Je ne pourrais plus trop voir Matt et Yoan dans ce cas. Il y a au moins un point positif dans le fait que je n'irais plus au lycée; je serais certains de ne plus recroiser l'autre fou qui veut maintenant ma mort. Et Jessica ? J'ai encore quelques vagues souvenirs du moment qui a précédé ma course poursuite avec le fou. Je sens soudainement une main m'éprouver une vive douleur à la joue gauche, ce qui me fait immédiatement revenir à la réalité. Ma tête fait un tour de 90 degrés vers la droite avant de m'arracher un gémissement. J'amène aussitôt ma main gauche à ma joue avec la sensation d'avoir été mutilé au fer chaud.

-Je ne trouve même pas les mots pour te dire à quel point je suis furieuse contre toi Dereck ! s'écrie Clarrisse, sur ses sept centimètres de talons. Tu m'as blessée, humiliée et.. et..

-Mais de quoi tu parles bordel ?! Pourquoi tu m'as giflée ? hurlé-je, sentant ma colère bouillonner au fond de moi.

-Je.. Ne joue pas au mec qui ne sait pas, ça passe en boucle sur les réseaux sociaux ! s'indigne-t-elle, en faisant de grands gestes.

-Je n'ai aucunes idées de quoi tu parles ! Qu'est-ce qui tourne en boucle sur internet ? demandé-je, hébété.

-Tu ne sais vraiment pas ? demande-t-elle, de la colère dans la voix. Tiens, regarde, ça va vite te revenir en mémoire je pense. réplique-t-elle, en me tendant son téléphone.

Je lui arrache des mains en essayant de rester calme et regarde ce qu'elle veut me montrer. Je ne comprends pas tout de suite de quoi elle veut parler puis je réalise qu'il s'agit d'une photo un peu floue de Jessica et moi sur le banc l'autre jour. Je suis au dessus d'elle et seulement quelques centimètres nous sépare.

-Et alors ? rétorqué-je, au bout d'un moment.

-Et alors ? répéta-t-elle, ahurie. Tu ne comprends pas Dereck, tout le monde ignorait que j'avais rompus avec toi à ce moment-là et maintenant tout le lycée s'attaque à moi avec des banalités cruelles comme " oh, tu savais que le jaune t'irais à merveille ? Tu sais, surtout le jaune cocu ! " raconte-t-elle, visiblement offensée.

-Je te rappelles que c'est moi qui ai cassé et qu'est-ce que ça peut me faire ? Et comment cette phot a pu être prise d'ailleurs ? Et je ne vois pas pourquoi tu me dis que je t'ai blessée alors qu'on était même plus ensemble lorsque ça s'est passé ! Et le pire, c'est qu'il ne s'est rien passé, alors pourquoi est-ce que tu viens m'emmerder au juste ?! m'écrié-je, sentant mes nerfs lâcher.

-Pourquoi tu t'énerves contre moi ? C'est pas ma faute si tu as raté ton coup avec cette pouffe ! crache-t-elle, telle une vipère.

-Je ne sais pas ce qui me retiens de te rendre la gifle que tu m'as donnée. dis-je, en serrant les dents.

-Moi, je sais Dereck. Tu n'as pas assez de couilles pour remettre quelqu'un à sa place voilà la raison. débit-elle, en posant sa main sur ma joue encore légèrement rougie.

-Non, seulement j'ai des valeurs, et l'une d'entre elles est de ne jamais frapper les femmes mais puisque tu n'es pas une femme mais bien une pute, ça ne te concerne pas. déclaré-je, d'une froid glaciale.

Elle m'adresse un regard meurtri et hésite un instant à répliquer, je lui facilite la tâche et lâche, d'un ton menaçant.

-Tu ferais mieux de dégager avant que je ne change d'avis. riposté-je, en m'éloignant dans un d'autre couloir.

J'entends raisonner le bruit de ses pas titubants sur le sol alors que j'arrive à un escalier. Je le gravis et tombe sur un couloir semblable aux dizaines d'autres dans le lycée, seulement, il y a une porte en métal avec un écriteau inscrit dessus.

" Réservé aux personnels "

J'empoigne la poignée et découvre avec étonnement qu'elle n'est pas verrouillée. Je la pousse et tapote le mur à la recherche d'un interrupteur et allume la lumière. Je me trouve face à un unique escalier étroit. J'escalade les marches quatre à quatre et arrive en quelques enjambées jusqu'en haut. Devant moi, une nouvelle porte me barre la route. Je tente ma chance, tourne la poignée et souris en me rendant compte qu'elle non plus, n'est pas verrouillée. Je pousse la porte et à ce même instant, un souffle frais m'ébouriffe les cheveux et un singulier frisson parcourt mon corps. Je suis arrivé sur le toit du lycée.



chasse gardée.Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ