Chapitre 25.

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On est le soir et je suis au volant de ma Porsche. Je n'ai pas envie de retourner chez moi donc je décide d'aller dans une boîte de nuit que je fréquence assez souvent. Je me gare et sors du véhicule. Je rentre dans le bâtiment aussi facilement que si c'était chez moi car on me connaît bien ici. Ils savent qui je suis. Je décide de m'asseoir sur une chaise au bar et commande une vodka au barman. 

-Mauvaise journée ? me demande un gars assis à ma droite.

Je me tourne vers lui et le regarde de haut en bas avant de répondre.

-On peut dire ça. 

-Luke. se présente-t-il, en me tendant la main.

-Dereck. fis-je, en la lui serrant.

-Tu ne viens pas souvent ici toi. dis-je, rieur.

-Comment tu le sais ?Ça se voit tant que ça ? demande-t-il, en se passant la main sur la nuque.

-Un peu. confirmé-je, en buvant une autre gorgée.

-Tu bois pour oublier ? demande-t-il, d'un ton compatissant.

-On a qu'à dire ça. J'aime aussi me saouler en réalité. 

-Tu es conscients que ça n'arrangera rien de boire ?

Je me tourne vers lui et le dévisage un moment.

-Oui. finis-je par dire, renfrogné. Pourquoi est-ce que tu bois si tu es certains que ça ne t'apportes rien dans ce cas ? 

-Et bien.. Je ne sais pas.

-Voilà, donc ne parles pas pour rien dire s'il te plaît. 

Je me tourne face au comptoir et finis mon verre d'une gorgée. Je m'apprête à partir quand on me retiens du bras.

-Qu'est-ce que tu veux encore ? 

-Tu.. Tu ne veux pas en parler ?   Çapourrait te faire du bien de te confier. 

-Est-ce que j'ai demandé un psychiatre ? Non. Maintenant lâche-moi sinon tu n'as plus de main dans dix secondes. rétorqué-je, sur un ton menaçant et dur.

Il hésite quelques secondes puis finit par me relâcher. Je lui adresse un regard noir et me dirige vers la sortie d'un pas vif. Je sens ma colère bouillonner en moi mais essaye de garder mon calme. Je sors du bar et remarque qu'il fait déjà très sombre, quasi-noir. Mise à part le réverbère à côté de l'entrée de l'établissement, on ne voit strictement rien aux environs. Il doit être dans les alentours de vingt-trois heures du soir. Je décide de m'aventurer dans une ruelle adjacente malgré la noirceur des lieux. Mes jambes sont légèrement flageolantes mais si j'arrive à mettre un pied devant l'autre, je considère que je ne suis pas ivre. Une odeur de poubelle et dégoût me prend à la gorge et me fait retirer une grimace. Je plisse les yeux pour essayer de voir globalement où je me trouve mais je ne perçois que les murs de la ruelle étroite dans laquelle je suis. Je n'ai pas l'impression qu'il y est des décombres comme des grosses poubelles ou autre donc je continus ma marche d'un pas nonchalant. J'avance désormais dans une flaque de je ne sais quel liquide et au bout d'un moment, une légère odeur de fer rouillé. Je m'arrête lorsqu'un faible bruit attire mon attention. Il est presque inaudible mais je réussis à l'entendre dans le silence de la nuit. Il se répète et plus le temps passe, plus je commence à comprendre qu'il s'agit de gémissements. Il y a quelqu'un. 

-Il y a quelqu'un ? Où êtes-vous ? demandé-je, en marchant dans tous les sens à la recherche d'une silhouette. 

Je m'avance vers un mur lorsque tout à coup, mon pied heurte quelque chose. C'est dur, et ça ne semble pas bouger. Je m'accroupis et tapote avec mes mains la chose. Je sens quelque chose de similaire à une jambe. La personne doit être allongée et à l'instant où je trouve ses bras pour la soulever, l'odeur de fer rouillé reprend et me fouette en pleins visage. Un liquide tiède commence à se répandre sur mes mains et je comprends qu'il s'agit de sang. Cette personne est blessée, mais à quel point ? Je réunis toutes mes forces pour la soulever et la mettre debout puis entreprends de la porter jusqu'au bout de la ruelle. 

-Rester avec moi, d'accord ? ne cessé-je de répéter à la personne car celle-ci ne me répond pas.

J'arrive bientôt à l'entrée du bar et suis décontenancé de voir qu'il n'y a personne devant la porte. Je ressens un début de crampe aux bras et aux jambes donc je décide de retourner à ma voiture. J'essaye de chercher dans ma mémoire où est-ce que je l'ai garée puis finis par la trouvée à quelques pas du bar. J'ouvre la portière arrière et y dépose soigneusement le corps de la personne. Je m'installe au volant et appuie sur l'accélérateur. Il faut que je l'emmène aux urgences immédiatement. Je dépasse les 100 km/h et arrive à l'hôpital en un rien de temps. Je porte de nouveau le corps de mes bras fébriles et entre dans l'établissement. Aussitôt, des infirmiers accourent jusqu'à moi et amène un lit pour la prendre en charge. Ils ne me posent aucunes questions jusqu'à ce qu'ils l'emmènent dans une pièce où doit se trouver toutes les choses pour la sauver. Une infirmière m'indique la salle d'attente et me propose de m'asseoir. J'accepte et elle vient s'asseoir à mes côtés.

-Vous ne voulez pas un verre d'eau ? 

Je fais non de la tête et c'est à ce moment que je remarque me mains pleines de sang.

-Euh, par contre je voudrais bien me laver les mains s'il vous plaît. réussis-je, à formuler malgré mon état déconcerté.

Elle hoche de la tête et m'indique les toilettes. Je m'y dirige et après m'être débarrassé de tous le sang sur mes mains, je me rafraîchis le visage d'eau froide pour me réveiller. Je sors des toilettes et retourne sur ma chaise dans la salle d'attente. L'infirmière revient souvent me demander si  je ne veux pas quelque chose et ma réponse est toujours négative. Toutes mes pensées sont tournées vers la personne que j'ai amené ici. Qui est-ce ? Pourquoi était-elle dans cet état ? Depuis combien de temps était-elle là à se vider de son sang ? Va-t-elle survivre ? 

Une main sur mon épaule me tire de mon interrogations. Je relève la tête et croise le regard de l'infirmière. 

-La personne que vous attendez est sortie du bloc opératoire et est désormais en salle de réveille. Vous pouvez aller la voir mais vous ne pourrez lui parler que dans quelques heures. m'informe-t-elle, avec un sourire compatissant. 

Je hoche de la tête et me lève un peu trop rapidement. Je la suis jusqu'à la chambre numéro 276 et elle me laisse entrer seul. Lorsque je pénètre dans la pièce, je suis tout d'abord surpris par la globalité de la chambre. Les murs, les meubles, le lit, tout est blanc. Une odeur singulière de médicaments me monte jusqu'à la tête et avec l'alcool, me rend légèrement étourdis. Je remarque une unique chaise et m'y assois. Après un instant, je retrouve ma lucidité et me rends compte que jusqu'à cet instant, je ne m'étais jamais interrogé sur l'identité de la personne que j'avais sauvée. Une jeune fille à la peau extrêmement pâle est allongée sur le lit. Elle a les cheveux d'une couleur étrange. Le début de sa chevelure est bleu foncé, quasi-noir et un dégradé de gris et blanc continue sur la fin de ses mèches. Je remarque quelques grains de beauté sur ses joues et sur ses bras découverts. Ses lèvres, d'une couleur rose presque transparent donne l'impression qu'elle a mangé un bonbon rose juste avant. Elle a l'air fatiguée et en sous-nutrition. Elle est d'une minceur inquiétante. Les quelques cicatrices et égratignures gâchent singulièrement sa beauté peu commune. Je reste environ une heure à son chevet, à la regarder, pour je ne sais quelle raison d'ailleurs. Il doit être aux alentours de trois heures du matin et je suis étonné que personne ne vient voir si elle s'est réveillée. Lorsque les premiers rayons du soleil commencent à apparaître, je décide de me lever de la chaise et m'apprête à partir silencieusement de la pièce lorsqu'un faible gémissement retiens mon attention. J'arrête mon geste et attends quelques secondes. Un second gémissement s'élève. Je me retourne vers le corps affaiblis de la jeune fille et me rassois sur la chaise d'un mouvement. Je la vois remuer légèrement les doigts et le cou. Un silence interminable semble régner dans la pièce. Je la fixe pour ne pas manquer un seul mouvement qu'elle fait quand soudain, ses paupières remuent et s'ouvre doucement pour laisser place à des yeux d'un noir perçant. 

chasse gardée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant