Sois Toi-Même (BxB)

Un verre ?

Nous voilà à l'intérieur, j'aurais aimé dire quelque chose, mais je n'étais pas à l'aise, ne sachant pas trop quoi lui dire, quoi faire.

-Bon, ba, faudrait qu'on enlève nos chaussures, ma mère risque de ne pas apprécier si on salit.

-D'accord pas de problème.

Je défie mes chaussures, me retrouvant en chaussettes. Il fit de même, et rougis. Ne comprenant pas la cause de cette réaction soudaine, je lui jetais un regard interrogatif et il se mit à regarder ses chaussettes. Je baissais alors les yeux et compris, ces chaussettes étaient ornées de magnifiques motifs de fleurs noires.

-Ma mère ne m'avait pas lavé de chaussettes ! Se dépêcha-t-il de se justifier.

Je lâchais un sourire, ne sachant si je devais le croire ou non.
Mais bon, je ne voulais pas non plus le mettre mal à l'aise, alors je changeais de sujet,

-Tu veux à boire ?

Il me lança un regard indescriptible, que je pris pour un remerciement d'avoir esquivé le sujet chaussettes.

-Si tu prends quelque chose alors !

Je partis dans un petit rire et lui dit que je n'allais quand même pas le laisser se dessécher.
Il partit alors dans un rire, mais un rire prononcé, pas celui qu'il avait au lycée, faible et discret. Non, vraiment un rire franc.
Sans plus de cérémonie, je posai deux verres sur le bar de la cuisine et ouvris le frigo,

-Alors je peux te proposer du soda, de l'eau, ou alors du sirop. Tu préfères quoi ?

-Du soda s'il te plaît, ça le fait très bien.

-Ok alors tournée générale de la part du patron !

Je versais généreusement du soda dans nos verres, n'en stoppant même pas le flot en passant d'un verre à l'autre.

-Ouah, monsieur fait sa comme un pro !

-Parce que tu croyais avoir à faire à un débutant ? Tu me déçois !

Je montai sur le tabouret adossé au bar et invitai Henri à faire de même.
On prit nos verres, et par pure habitude, je trinquai avec lui.

-À la rentrée !

-Parce que tu fêtes la rentrée toi ?
Disons plutôt aux nouveaux amis que l'on va se faire cette année non ?

-Aller d'accord adjugé vendu ! À nos nouveaux amis !

Durant cet échange, il avait rapproché son tabouret de manière à pouvoir s'appuyer sur le plan de travail. Trop occupé à rigoler avec lui, je n'avais pas remarqué qu'il s'était tellement rapproché que son genou se trouvait maintenant entre les miens.
Me rendant compte de notre position, j'eus un mouvement de recul, sûrement brusque, car il n'échappa pas à Henri.

-Un problème ?

Pris au dépourvu, je ne su pas quoi lui répondre,

-No... Non Non aucun t'inquiète.

Son regard changea subitement, il devint fuyant, scrutant avec concentration la porte du réfrigérateur comme si tout n'étais que dérisoire à côté.
Un long silence s'installa durant lequel je ne fus capable que de regarder mes genoux. Me sentant bien nul tout à coup. Pourquoi avais-je été si peu discret ? Et pourquoi avait-il fait cela. On ne se connaissait que depuis deux jours, et même, je ne suis pas tactile, alors qu'on le soit avec moi risquais de vite m'insupporter.

-Merde ! Il est déjà dix-sept heures ! Mon bus est dans moins de cinq minutes au bout de la rue !

Il descendit de son tabouret et s'évertua à mettre ses chaussures le plus rapidement possible. Pris de court, je descendit alors qu'il ouvrait déjà la porte, me remerciant pour le verre.

-Salut Ryan ! À demain !

-À dem...

Je n'avais même pas eu le temps de finir ma phrase qu'il avait déjà claqué la porte. Il avait dû rejoindre son arrêt en courant.

-Pourquoi tu regardes la porte comme sa Ryan ? Ça va faire cinq minutes que ton ami est parti.

Ma mère ! Son arrivée soudaine me tira de ma rêverie dans un sursaut. Je l'avais oubliée, elle devait être à l'étage depuis tout ce temps. Oh non... Je mettrais ma main à couper qu'elle avait entendu tout ce qui c'est dit ici depuis notre arrivée.

-Qui était ce jeune homme ?

Tu ne devrais même pas savoir qu'il existe, fut la première réponse qui passa dans mon esprit.

-Un nouveau au lycée avec qui je m'entends bien.

-Il avait l'air charmant, et mignon en plus.! Dit-elle en faisant de nombreux clins d'oeil appuyés.

Dans ces moments-là, je déteste ma mère. Elle ne se rendait pas compte que je ne voulais même pas envisager cette version de ma vie. Trop compliqué que je me disais. Mais même moi je savais très bien que ce n'était qu'un voile sur la vérité. J'avais peur. Tant que j'étais seul, on se moquait d'un fait. Si je venais à sortir avec un garçon, on me jugerait sur un acte. Et je ne voulais pas envisager cela.

-Oui maman, si tu le dis, si tu le dis.

-Roh aller, montre moi un peu d'entrain, tu te rend compte que j'aurais pu être de ces parents qui jugent eux aussi leurs enfants ? Mais non Ryan, je veux te voir heureux. Et si ton bonheur passe par la soit, tu seras heureux et je le serais pour toi.

-Je sais maman, merci maman.

Je le savais tout ça. Mais moins nous en parlions, mieux je me portais. Et ça devait rester comme ça.
Je filais dans ma chambre à l'étage et me laissais mollement tomber sur mon lit. Il fallait quelle sois là...
Bon tant pis, dans tout les cas c'est fait.

-Ryan ? 

Ma mère se trouvait sur le pas de la porte, un morceau de plastique coloré à la main.

-Je suppose que ce médiateur n'est pas à toi ?

-Non, mais, Henri la surement fait tomber de sa poche, je le lui ramènerais demain.

-D'accord, je compte sur toi alors.

Elle me refit un magnifique clin d'oeil, me faisant intérieurement regretter d'avoir amené Henri ici.
Le reste de la soirée se passa sans que ma mère n'évoque de nouveau Henri. Le repas fut bien silencieux par rapport à d'habitude.
À peine avais-je fini de manger que je retournais dans ma chambre, pour m'affaler sur mon lit.
Je pris le médiateur d'Henri entre les doigts, pensant à nombre de choses. Je m'endormis en me disant que tout aurait pu être tellement plus simple.
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Encore un chapitre achevé, pour vous comme pour moi ^^
J'espère qu'il vous à plus ! Merci pour les plus de 60 vues déjà accumulées ! Je ne pensais même pas que mon roman vaudrait la peine d'être lu !! Merci à tous ! 

4Nights
"Le plus dur quand on se sent différent, ce n'est pas de se faire accepter. Mais de s'accepter sois-même"