Chapitre 27

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( Tom )


Les derniers mots de Gabi me laissèrent perplexe un long moment. Je ne savais pas ce que j'ai de différent par rapport aux autres garçons. Et puis il y avait Clara qui m'obsédait de plus en plus.

Ce soir-là, j'étais allé aider Clara pour le contrôle de philo. Mais contre toute attente, on s'était, je ne saurais dire par quelle manière, plutôt rapproché. Les rires avaient pris le dessus sur les révisions. Nous nous étions observé pendant plusieurs minutes. Et j'en étais venu à me demander si mon attirance était partagée. J'étais confus, lorsque Clara m'annonça ce que je rêvais d'entendre depuis deux ans maintenant. Elle m'avait dit que j'étais plus qu'un simple ami. Mais ses mots n'avaient pas du tout eu l'effet escompté. J'étais juste resté muet, perplexe, et aucun mot n'avait réussi à sortir de ma bouche.


Cela fait maintenant plus de trois semaines que je n'ai pas parlé à Gabrielle. Mais également une semaine que je vois Clara tous les soirs, en "cachette". Nous sommes ensemble mais évitons pour l'instant de le montrer. Je vois souvent Louis et Gabi ensemble, mais je n'y prête plus d'attention. Il nous arrive encore, parfois, à Gabi et moi, de se chercher des yeux. Nos regards se croisent l'espace d'un instant, quelques secondes, mais quelques secondes de trop. Je ne supporte plus son regard, sa présence, ni quand Valentin la mentionne. Elle me rappelle brutalement le refus que j'ai essuyé, car je vis mal son abandon. Et maintenant, je la trouve banale, elle n'a plus ce petit éclat qui faisait d'elle une fille pas ordinaire. Mais je laisse mon esprit l'associer à cette multitude, cette foule de gens qui passe et que je ne remarque pas. Elle se mêle à la tâche floue que mon esprit oubli soudainement d'analyser. Je ne sais plus comment lui porter une certaine attention. Je ne sais plus comment il faut agir avec elle. C'est comme si tout s'était brisé. Il n'y a plus rien. En plus Clara le voit lorsque je regarde Gabi, et ça l'énerve. Elle a remarqué que lorsque je la regarde, c'est différent de Gabi. Mais je ne saurais même pas lui expliquer pourquoi.

Nous sommes lundi. Le froid se fait moins mordant. Le printemps sera bientôt là, et la nature revêt son manteau de bourgeons. Elle est belle à cette période. Douce et calme. Je profite de ma cigarette en regardant les nuages se diriger où bon leurs semblent dans ce ciel bleu azur. Je dois attendre Clara encore une quinzaine de minutes avant de pouvoir l'avoir enfin pour moi. Gabi et Louis sortent du lycée. Le sac rouge de Gabi avait attiré mon attention. C'est la seule tâche de couleur dans cet environnement morne, coloré par les couleurs encore hivernales. Ils discutent, s'enlacent. C'est pitoyable, je déteste les gens niais. Et ils font incontestablement partis des gens niais. Mais ils se sont embrassés avant de se quitter. Louis s'éloigne en jetant un dernier regard derrière lui. Gabrielle, qui roule sa cigarette, lève les yeux vers lui et lui sourit. Lorsqu'elle baisse la tête, je remarque qu'elle a rougi légèrement. Louis revient en courant, l'embrasse une dernière fois et repart. Elle m'avait donc remplacé. Depuis longtemps ? Une vague de colère monta en moi. Je ne voulais pas. Elle ne devait pas. Je veux lui faire payer. Lui montrer que je l'ai complètement oublié aussi. Mais est-ce le cas ? Dans ce cas pourquoi est-ce que cela m'importe autant qu'elle m'ait remplacé?

La sonnerie rentent et Clara apparaît presque aussitôt. Elle arrive vers moi avec un grand sourire aux lèvres. C'est à ce moment-là que je trouve comment je vais me venger de Gabrielle. Je sers Clara dans mes bras lorsqu'elle arrive vers le banc, et je lui demande tout bas, en parlant contre son oreille, si je peux l'embrasser. Je ressens un hochement de tête presque imperceptible contre mon épaule. Gabrielle allait-elle nous prêter attention ? Je regarde Clara et l'embrasse timidement, comme si s'était notre premier baiser. Gabi ne nous avait accordé aucune putain d'intention. Je suis furieux, mais j'essaie de me contenir. Je prends la main de Clara et nos doigts s'enlacent. Elle est magnifique, et elle est enfin ma petite amie. Je me convainc que je n'ai pas besoin de Gabi au fur et à mesure que ses doigts fins serrent les miens. Mais je sais qu'elle continuera de m'obséder lorsque la main de Clara lâchera la mienne.

Lorsqu'on se quitte avec Clara, après un dernier baiser, je me vois inconsciemment prendre mon téléphone.

- Tu sors avec Louis?
- Oui.
- Depuis combien de temps ?
- Aujourd'hui.

Un Doux Matin D'HiverWhere stories live. Discover now