Chapitre 12

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(Gabrielle)

J'ai entendu des voix fortes derrière moi. Il y avait une voix féminine, au timbre doux. Et deux voix d'homme, très différentes de la douceur, elles diffusaient plutôt une sorte d'étonnement pour la plus grave, et d'agacement pour l'autre.

- Mais où est-ce que tu vas ?


- Lâche moi Clara, laisse-moi respirer cinq minutes !


- Bah... ça n'a pas sonné ! Tu fous quoi là ?


- G, Valentin, G !

Ce G était-elle la première lettre de mon prénom ? Luna a pensé à la même chose que moi. Sauf que comparé à moi, elle avait eu l'audace de se retourner.

J'observais son visage, cherchant l'approbation à ma question. Et comme pour confirmer, le coin de ses yeux s'est plissé, sa bouche a formé une demi-lune parfaite, et son pas a accélérer, me laissant derrière elle.

- Gabrielle

Je ne voulais pas me retourner, j'avais peur d'être déçue si je m'apercevais que ce n'était pas lui. Il restait deux heures de cours. Et s'il ne me trouvait pas ? Et s'il ne voulait plus me trouver ? Mais au contraire, s'il venait me parler comment lui répondrais-je ?

- Gabrielle !


- Oh... excuse-moi j'étais perdue dans mes pensées...


- Je t'avais bien dit que je te saurais qui tu étais, et ce avant la fin de la journée.

Il avait un petit sourire en coin, fier de lui ! Nous étions debout, face à face, et je n'osais relever la tête. Mais il fallait que je le fasse pour lui répondre, je ne suis pas aussi fleur bleue que ça !

- Tu m'as l'air plutôt fier de toi, je me trompe ?


- Non c'est exactement ça !


- Pourtant il n'y a aucun mérite à venir parler à la fille la plus insignifiante du bahut, enfin il me semble que tu as mieux à faire !

Je jette un coup d'œil en direction de Clara, il tourne la tête pour suivre mon regard. Elle avait l'air furieuse. Contre lui. Ou moi. Je ne savais pas trop. Mais à ce moment-là, j'ai compris qu'il valait mieux que je parte, que je ne devrais plus jamais parler à ce garçon pourtant si intéressant. Alors j'ai commencé à partir, tranquillement, sûre qu'il ne se retournerait pas.

Et dans ma tête, des milliers de scènes se déroulaient. Dans toutes, je revoyais l'homme sans visage. Il me rattrapait lui, me disait de ne pas me préoccuper d'elle car tout ce qui comptais c'est qu'il voulait me parler, rester avec moi plutôt qu'aller en cours, ou encore qu'il me trouvait très jolie. Un autre encore me demandait ma salle, pour venir m'attendre devant. Mais rien de tout ça ne s'est passé. Il est resté bouche bée devant Clara. Je suis partie. Et il m'a laissé partir.

Un Doux Matin D'HiverWhere stories live. Discover now