Chapitre 1

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(Tom)

  Encore un de ses matins du mois de décembre. Un jour froid, mais je ne peux me résoudre à rester à l'intérieur alors que les paysages sont splendides. Le gel sur le grand sapin lui donne un côté plus imposant, il est plus beau. La vie semble s'être arrêtée dans ce lycée sans âge, elle hiberne peut-être comme le font tant d'animaux. Cependant, les cours sont toujours aussi froids, et ennuyants, pour certains, même l'été, et en cette période de l'année, le gris insistant du ciel nous emporte dans de longues absences éveillées. J'étais pourtant heureux à cet instant. Assis sur le banc devant le lycée, j'observais les allées et venues de chacun, la cigarette à la main, l'esprit perdu dans l'immensité de mes pensées. Les jeunes filles en talons regardaient par terre, pour ne pas marcher sur une plaque de verglas. Aucuns de leurs stupides princes charmants si populaires n'avaient voulu les accompagner dans ce froid si glacial. J'entends au loin la voix de Valentin, assis à côté de moi. Il me parle, je crois, du cours de littérature française. Mes moments d'absence à répétitions ne l'inquiètent plus du tout, il ne me secoue plus comme il l'a si souvent fait.

  La sonnerie me sort de ma rêverie, je tire une dernière fois sur ma cigarette, la jette et rejoint Valentin en courant. Sur notre chemin, il me semble que l'on croise quelques personnes, que je ne daigne même pas regarder. Valentin me tape sur l'épaule :
- T'as vu la blonde qui vient de passer ? dit-il en se retournant pour me la montrer
- Retournes toi pas espèce de con. Et puis tu sais très bien qu'elle est pas blonde celle que je veux en ce moment. Elle n'est même pas là.

  Clara me répète tout le temps que mes cheveux bruns et bouclés s'accordent parfaitement avec ma peau halée, que mon sourire est tout simplement splendide. Mais je ne suis pas de son avis, et me trouve même plutôt banal. Et puis je n'attire pas les filles puisqu'elles préfèrent les muscles aux grandes discussions sur tout et rien, les débats philosophiques sur le genre humain, ou encore la musique. La seule chose qui peut leur plaire, c'est éventuellement mes talents de musiciens.

Un Doux Matin D'HiverWhere stories live. Discover now