Un Doux Matin D'Hiver

Chapitre 3

(Tom)

Elle avait glissé dans ses cheveux l'épi de blé que je lui avais tendu. Ses cheveux bruns et indomptables contrastaient parfaitement avec le blond et la régularité de la céréale. Sa peau légèrement halée buvait les rayons dorés du soleil. Elle marchait vite, s'éloignant de moi. Cependant, elle se retournait pour s'assurer que je la suivais, tout en me souriant timidement. Elle a des yeux bleus, du même bleu que le ciel. D'un bleu pur et limpide comme l'eau de la rivière. Ses yeux sont le carrefour de ses sentiments, et trahissent systématiquement ceux qu'elle s'efforce de cacher. Elle a ce regard qui vous transperce et dans lequel vous vous perdez. Ce regard qui vous marque à tout jamais. Ce regard perçant et remarquable. La proximité me rendait fou, à chaque instant un peu plus. Comme si je pouvais la perdre parmi cet océan jaune, cette immensité qui semblait interminable. Alors je courais pour la rattraper, mais sa longue silhouette s'élançait aussi. Cette longue et belle silhouette. Si belle qu'on croirait rêver. Et l'on voudrait rester endormi, pour poursuivre sa fine silhouette au loin, jusqu'à la mer, et même bien au-delà de la Terre. Jusque dans l'Univers. Lorsque vint la lune, elle recueilli dans ses paumes, un fragment argenté. Elle le contempla, et la lumière crue et splendide se refléta dans ses yeux. Une dimension luxueuse. Pareil à des diamants, ils renvoyèrent à leur tour le spectre lumineux. Alors on aurait pu croire qu'elles avaient explosées, ces étoiles, et que la poussière d'astres se répandait tout autour de nous, dans le champ de blé. Alors elle se mit à chanter, à tourner, à danser et à rire. Ô qu'elle était belle sous cette pluie d'étoiles. Ô qu'elle était heureuse, ici, loin de tout. Avec moi. En harmonie totale avec le monde qui l'entoure. Et elle se laisse tomber dans les blés, me dit de m'approcher, de m'allonger à côté d'elle et se serrant tout contre moi, elle s'endormie. Mon être tout entier tressaillait de plaisir sous ce contact doux et inattendu. Oui, si doux, si agréable. Alors la magie du lieu, et du moment me frappa. Mais plus que tout, la magie de cette fille. Et son pouvoir, cette terrible et intrigante emprise qu'elle exerce sur moi. Alors que je les regardais, elle et son sommeil paisible, un rayon de lune vint se poser sur son visage. Qu'elle était belle ainsi, allongée près de moi. Soudain son visage commença de s'estomper. Je succombais à la panique. Que se passait-il ? Pourquoi disparaissait-elle ? Et je me réveillai ahuri, le souffle court et le cœur en lambeaux. Comme si cette fille avait réellement été près de moi.