Chapitre 11

74 10 3
                                    

(Tom)

Elle était là, je l'ai croisé, je le sais. Mais il y avait quelque chose de bizarre dans son comportement. Quelque chose n'allait pas, ça s'était vu. Ce regard perçant qu'elle avait lorsqu'elle m'a vu. Peut-être qu'elle ne voulait pas que je la trouve, je ne sais pas moi. Mais de toute façon il est trop tard pour reculer, et je ne regrette pas de l'avoir vu.

Cependant, je compte bien trouver ce qui ne va pas ! Alors que j'allais au portail pour sortir fumer, j'ai aperçu Gabrielle. J'ai trouvé une place pour pouvoir l'observer, mais discrètement, sans que Clara ne puisse le remarquer.

Je connais Clara depuis trois ans maintenant. Cette fille est une peste, et ce côté d'elle m'attire un peu, je dois l'avouer. Elle est très jolie, physiquement parfaite. Une belle blonde quoi. Totalement l'opposé de Gabrielle. Clara était assez possessive avec moi, et je me laissais faire.

Revenons à Gabrielle. Assis sur mon banc habituel, je l'observe attentivement. Quelque chose clochait, c'était flagrant. Elle tirait sur la cigarette comme si elle était son dernier recours, sa bouée de sauvetage. Laissait-elle ainsi le stress, la haine, le chagrin amoureux s'évanouir ? Ses yeux étaient rieurs, mais son regard fermé. Aussi noir que celui qu'elle m'avait jeté tout à l'heure. Alors qu'elle était avec ses amis. Ses cheveux bruns ondulés n'étaient pas vraiment ordonnés. Clara, elle, avait en revanche des cheveux blonds qui lui arrivaient aux épaules, et bien lisses, bien coiffés. Elle faisait toujours très attention à son style vestimentaire, ses cheveux et son maquillage. Le paraître était quelque chose de très important pour elle.

Mais lorsque je regardais Gabrielle, je ne voyais rien de tout ça. Elle avait l'air de ne pas porter trop d'importance à son apparence, ce qui me plaisait beaucoup. Elle ne se maquillait pas beaucoup en plus de ça. Clara adressait de grands sourires très hypocrites à tout le monde, même à Louison, son amie. Même à moi. Le sourire de Gabrielle était plus timide, beaucoup plus rare aussi. Lorsque j'entendais ses amies rire aux éclats, je me disais que j'allais enfin entendre le son de son rire. Mais en vain. Elle se contentait de sourire, d'un de ses sourires qui cachent toute la tristesse que l'on peut ressentir, mais que l'on ne veut pas expliquer. Et c'était ça. Ça qui contrastait avec le reste de son visage. Ça aussi qui me gênais, qui me faisais fortement douter de ce qu'elle paraissait dire si souvent. Elle n'allait pas très bien, cela se voyait.

Mais lorsque Luna est arrivée vers elle, ses yeux se sont allumés un peu plus, et son sourire est devenu un peu plus vrai. Nos regards se sont croisés, le sien se fixant au noir de mes yeux. Je lui ai souri de ce sourire niais qui me va si bien, apparemment. Ses yeux ne voulaient pas lâcher les miens. Mais elle s'est relevée, et a commencé de marcher. Venait-elle vers moi ? Quels seraient ses premiers mots ? Et puis je l'ai vu passer devant moi, en baissant la tête et en rougissant un peu. Luna, qui passait derrière elle, m'a regardé, m'a souri puis à regarder Gabrielle, comme pour m'intimer de la suivre. Alors je me suis levé et je l'ai suivie.

Un Doux Matin D'HiverWhere stories live. Discover now