Chapitre 20

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Louis

Je ne trouve jamais difficile de supporter ma mère en règle général ; elle est ce qu'elle est et même si parfois j'ai l'impression qu'elle est légèrement excessive, c'est ma mère et je l'ai toujours connu et aimé de cette manière-là. Je sais que les gens se demandent souvent comment je fais, si elle ne joue pas un rôle et pourquoi je la soutiens mais je préfère les ignorer. Puis il y a des jours où je comprends ces gens ; les jours où je suis mal réveillé, où je n'ai pas envie qu'on me parle. Les jours où elle se met en tête que je dois me sentir coupable de mon comportement envers ma sœur. Des jours comme celui-ci.

J'étais installé dans le canapé en train de boire mon lait chaud quand elle est venue s'asseoir en face de moi, dans le fauteuil qu'occupe habituellement mon père – parce qu'il est le plus proche de la télévision. Elle était déjà tirée à quatre épingles et elle a posé ses mains entrelacées sur ses genoux. J'ai bien tenté de l'ignorer pour me concentrer sur l'épisode de Pokémons qui était diffusé mais elle s'est saisie de la télécommande pour couper le son.

« Le père Edward m'a téléphoné dans la soirée. »

Elle a laissé sa phrase en suspend, comme si elle s'attendait à une quelconque réaction.

« Cool, maman. C'est bien qu'il t'ait téléphoné. Tu peux remettre le son ? C'est l'épisode où on découvre la vie de Miaouss et je l'aime bien.

– Miaouss ?

– Le Pokémon chat, c'est évident non ? »

Elle m'a fixé en silence avec un regard si assassin que je me suis moi-même penché pour attraper la télécommande et couper la télévision.

« Alors... de quoi avez-vous discuter avec le père Edward ?

– De toi. »

J'ai levé les yeux au ciel.

« Tu sais, nous parlons beaucoup avec ton père. De la manière dont nous t'élevons, des valeurs que nous t'inculquons et—

– Vous êtes de merveilleux parents, j'ai dit en espérant que ça dévierait la conversation.

– Bien évidemment, Louis. Nous avons néanmoins un défaut et c'est notre laxisme.

– Laxisme ? Quel laxisme ? Quand j'étais petit mes punitions consistaient à lire la Bible debout, en haut des escaliers et à haute voix pour que tout le monde puisse en bénéficier. Et ça pendant des heures. Je t'assure qu'aucun de mes amis n'ont jamais—

– T'ai-je donné la parole ? »

Son ton est froid, son regard est dur. Alors c'est à ce moment-là que je sais qu'on y arrive. Ma mère m'aime et m'accepte comme je suis par la force des choses, mais sa foi et son premier enfant la font parfois douter.

« Nous t'avons laissé nous tutoyer, nous te laissons sortir, nous acceptons que tu ailles moins souvent à l'église, nous te soutenons dans le choix de ta sexualité. »

J'ai baissé la tête. Mon bol de lait était à moitié plein et pourtant, je sentais déjà les haut-le-cœur arriver.

All Secrets Have A HomeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora