Chapitre 19

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Harry

Le plus difficile lorsqu'on essaie d'apprendre à faire la différence entre ses propres angoisses et celles des autres, c'est lorsqu'on se retrouve dans une situation anxiogène que personne ne maîtrise.

Depuis la rentrée, j'ai beaucoup discuté avec mon psychiatre et nous avons passé en revue toutes les choses qui me faisait peur à moi, juste à moi. Ça a été un long travail parce que je ne faisais pas la différence entre les choses qui faisaient peur (les films d'horreur par exemple, ou les araignées) et les choses dont moi j'avais peur. Nous avons commencé par des choses assez simple : est-ce que j'avais peur des araignées et des souris et nous en avons conclu que les seuls animaux qui me faisaient vraiment paniquer (sans parler de dégoût, ni de peur gérable) étaient les abeilles. Nous l'avons noté sur une liste et nous sommes passés à une autre catégorie. Je m'étais senti tellement plus léger que j'avais su que cette méthode fonctionnait : du jour au lendemain, je n'avais plus peur des araignées, des rats, des souris, des insectes, des oiseaux et de tout ce qui se trouvait dans l'eau. La catégorie suivante avait été des objets en tout genre, là aussi, je m'étais débarrassé de peurs qui ne m'appartenaient pas comme celle des couteaux, du four à micro-onde ou encore des lits superposés ; n'était resté que la peur que le chargeur miteux que ma mère s'était commandée sur Internet ne s'enflamme pendant la nuit, mais je saurais la convaincre d'en changer et d'après le Dr. Emerson, cette peur était tout à fait justifiée, il ne fallait pas rire avec les circuits électriques. Au fur et à mesure, je me suis retrouvé avec une liste de choses qui me faisaient vraiment peur à moi et nous les avons vraiment affuté au point qu'elles prennent le moins de place possible. Par exemple, ma peur de tout ce qui se trouvait dans l'eau avait été soigneusement étudié pour en conclure que c'était plus une peur des profondeurs de l'océan qu'autre chose. Alors pas de bateau pour le moment, certes, mais piscine et bord de mer faisaient à nouveau partie des endroits où je pouvais me rendre sans avoir une crise d'angoisse.

Cette liste était malgré tout assez étoffée parce qu'il y avait quelque chose dans chaque catégorie alors parmi cette liste, nous avons également fait le tri : est-ce que j'en aurais peur si j'étais seul ? Beaucoup d'angoisses se sont retrouvées rayées. Encore une fois, je m'étais senti plus léger. Malheureusement, je n'ai pas pu tout supprimer alors sur ma liste ne sont restés que les peurs effrayantes et insurmontables :

— La foule (dans les petits ou les grands endroits ainsi que les mouvements de foule, les émeutes...)

— Mourir jeune,

— Les armes,

— Le métro.

Les endroits qui me font peur, je les évite. Pour le moment, nous en sommes là. Pas d'ascenseur, pas de concerts... C'est simple. Nous avons également mis toutes mes peurs liées au fait que je ne pourrais pas être secouru à temps dans « mourir jeune » et étrangement, lorsque nous avons imaginé certaine situation au lycée, je n'ai plus eu peur du tout : il y a des endroits où il est IMPOSSIBLE qu'on ne me retrouve pas. Si quelqu'un sait où je suis et quand j'y suis alors je peux facilement aller au lycée, à l'épicerie du coin, au cinéma... Je peux faire énormément de choses. Quelqu'un d'armé peut survenir n'importe où dans ce pays mais les personnes malades qui pointeraient une arme sur des inconnus sont peu nombreuses (les statistiques m'ont légèrement aidé à relativiser). Même si j'ai peur, ce n'est plus aussi insurmontable qu'avant. La seule et unique peur qui est ingérable et qui me plonge dans des états d'angoisse pas possible, c'est le métro. J'ai peur du métro et simplement parler du fait d'y descendre me provoque des états de panique proche de l'hystérie. Je ne veux pas parler du métro. Jamais. Le Dr. Emerson l'a bien compris alors il n'insiste plus. Je sais que nous y reviendrons parce que c'est l'origine de tout, mais il m'a dit que notre avancée était assez spectaculaire pour que nous nous concentrions pour régler ça en dernier.

All Secrets Have A HomeWhere stories live. Discover now