Chapitre 14

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Mars

        Celui qui avait dit s'appeler Lexandre lui souriait d'un air narquois qui ne plaisait pas du tout à Mars. Comment osait-il seulement insulter une fille qu'il savait être son amie, devant elle, et pire que tout devant un troupeau de gens qui ne les connaissait pas ni elle ni Mai ? S'il comptait là-dessus pour faire son intéressant, apparemment c'était réussi : tous les jeunes gens réunis autour de la table écoutaient attentivement ce qui allait inévitablement suivre. Mars ne comptait d'ailleurs pas décevoir ces nouveaux camarades, elle avait toujours eu le sang chaud.

- Tu veux bien répéter ? demanda-t-elle en le fixant, les yeux plissés. Ta langue a dû fourcher, j'ai cru que tu insultais mon amie, continua-t-elle d'une voix doucereuse.

- Oh, je crois que tout le monde à bien compris ce que j'avais dit, mais pour tes oreilles un peu faibles je veux bien répéter, répliqua-t-il avec un sourire compatissant. Je disais que celle que vous appelez Mai n'était qu'une petite prétentieuse égoïste, voilà.

Mars lui décocha alors un sourire éblouissant, qui déstabilisa son interlocuteur.

- Ah, mais je suis rassurée, tu te trompes de personne ! 

- Pardon ?

- Mais oui, il n'y a pas d'autre explication. Tu te trompe de prénom, s'il s'agit de Fleur. Je pensais que les kidnappeurs connaissaient au moins le nom des personnes qu'ils enlevaient, enfin ! 

- Mais non, je ne me trompe pas, elle s'appelait bien Mai ! protesta vigoureusement l'autre en face d'elle. C'est elle qui me l'a dit !

Malheureusement pour lui, il était trop tard pour qu'il se rattrape, quand bien même il disait la vérité, Mars était celle qui connaissait - en théorie - le mieux ses amies. Il semblait donc qu'il aie perdu la face devant tout ses compagnons, ce qui ne sembla guère lui plaire car il émit une sorte de grondement féroce étrange avant de faire volte-face pour s'échapper drapé dans ce qu'il lui restait de dignité. Une fille rousse - elle aussi aux cheveux ébouriffés -, qui semblait le suivre comme son ombre, crocheta son bras au passage en jetant un regard venimeux à Mars. Eh bien, je commence fort aujourd'hui : une grognasse pour bibi, une ! songea-t-elle sans s'appesantir sur le regard meurtrier.

- Tu suscites des ardeurs, dis-moi, fit Sophia à ses côtés, qui avait à présent un demi-sourire sur les lèvres. J'admire la façon dont tu l'as remis à sa place, c'était très fin. 

- Euh ... merci ? répondit Mars, un peu hésitante, à qui l'on avait jamais dit qu'elle avait la répartie "fine". En temps normal je suis plutôt du genre rentre dedans pourtant ...

Sa phrase engendra les rires et plusieurs répliques un peu graveleuses qui la firent rougir. Ah, les hommes ! Elle en était donc à se demander comment remettre tout ce petit monde à sa place lorsque Lorenz, le jeune homme qui l'avait "guidé" elle, et Fleur, à travers le centre, débarqua les cheveux en bataille, comme après une course folle.

-Le box de la petite est ouvert ! Elle s'est enfuie. Encore.

Ces simples phrases provoquèrent un branle-bas de combat sans précédent depuis qu'elle était arrivée dans le réfectoire. Quelques personnes partirent en courant à la suite de Lorenz qui était reparti à fond le train après avoir délivré son message.

Mars se levait pour aller voir ce qui se tramait, et comment ils allaient faire pour ratisser tout le centre à la recherche de Fleur, lorsqu'elle sentie une poigne ferme lui agripper le poignet avec une force insoupçonnée pour la faire se rasseoir. Sophia.

MétamorphesWhere stories live. Discover now