Métamorphes

Chapitre 4/2: Mauvaise pioche.

      Mai déboula dans le couloir que les filles et elle avaient soigneusement évité lors de leur fuite. Et se dit que, décidément, elles vraiment avaient bien fait : avec leurs semelles crêpes, 2 infirmières passaient de chambre en chambre sans un bruit. Là, Mai n'en revint pas de la chance qu'elles avaient eu de n'en croiser aucune durant leur traversée des box. Si cela continuait, elle allait vraiment croire ce que lui avait écrit ses parents : l'instinct est le meilleur des conseiller.

Repérant  Alexia qui avait déjà atteint le bout du couloir pendant qu'elle tergiversait, elle s'empressa de la rattraper. Lorsqu'enfin elles sortirent du bâtiment , l'air frais la fit revivre. Elle s'aperçut au passage que la météo de Belgique semblait assez similaire à celle de sa Normandie : pas très ensoleillé, et un gros nuage de pluie de profilait à l'horizon.

Elles longèrent la même rangée de box qu'elle avait vue avec les filles, puis bifurquèrent sans échanger un mot vers la barrière menant à la clairière. Sous le coup des souvenirs, des frissons lui recouvrirent le corps en un rien de temps . Une panthère. Elle avait été attaquée par une panthère. Elle avait sauté du haut d'un arbre il y a deux ou trois heures et maintenant elle marchait aux côtés d'une jeune femme où elle allait séjourner. 

Prenant enfin conscience de l'absurdité de la situation elle s'arrêta net. Elle devrait être en train de s'enfuir avec Mars et Fleur pour retourner chez elles, appeler la police... Au lieu de ça, elle attendait sereinement qu'une inconnue lui montre son box, qui, au passage, est la chambre des chevaux dans les centres équestres, et le tout sans se poser de questions.

Alors qu'elle réalisait cela, Alexia avait fini par se rendre compte qu'elle ne la suivait plus et avait fait demi-tour pour la rejoindre. Mai saisit sa chance. Faisant brusquement volte-face, elle s'élança en direction du coin que formait le bâtiment de l'infirmerie. Si seulement elle pouvait au moins trouver ses amies pour un débriefing ! Après elles aviseraient de ce qui leur semblait le mieux ! 

Un cri s'éleva derrière elle, alors qu'elle tournait à l'angle du bâtiment :

-Que quelqu'un la rattrape ! Vite !

- Elle ne pouvait pas se contenter d'essayer de me rattraper, non ?! Il fallait qu'elle rameute tout le quartier, grommela la jeune fille en accélérant.

Elle se doutait que son cri avait été entendu par tous ceux qui se trouvaient dans un rayon de cinq cent mètres. Et si elle pouvait très bien échapper à une personne, Mai devait reconnaître que, dans un endroit inconnu, en semer une vingtaine, c'était mission impossible.

Avisant le box le plus proche d'elle, qui avait étrangement la porte ouverte, elle se glissa à l'intérieur en la refermant doucement derrière elle. Elle vit qu'il y avait un verrou intérieur, qu'elle glissa lentement en position fermée. Accroupie dans la paille qui lui chatouillait les chevilles, elle se fis la remarque qu'un verrou à l'INTERIEUR d'un box ce n'était vraiment pas commun. A quoi bon donner une chance au poney de se faire la malle ? L'échelle à côté de la porte n'était pas normale non plus, ni la trappe à laquelle elle menait. Les pensionnaires de ce centre devaient vouloir vivre juste au dessus de leur compagnon équin...ce qu'elle avait du mal à comprendre vu le bruit que les chevaux pouvait faire, même la nuit. Mais qu'avait donc ce centre de si spécial pour que tous en fasse un tel mystère, même ses parents ? Et tout ces détails qu'elle avait remarqués mais qu'elle ne réussissait pas à assembler pour en faire une explication cohérente. Raison de plus pour retrouver ses amies avec qui elle pourra essayer d'éclaircir toute cette situation.

Toute à ses réflexions, Mai songea qu'elle restait quand même assez mal cachée avec la deuxième moitié de porte supérieure toujours grande ouverte, d'ailleurs des bruits de courses commençaient à se faire entendre au dehors : on allait pas tarder à fouiller tous les box. Prenant rapidement une décision, elle avisa l'échelle et se dépêcha d'en gravir les barreaux avant de pousser la trappe qui, miracle, n'était pas fermée. Qu'on bénisse ceux qui ne ferment pas leurs portes, merci merci, pensa-t-elle.