Chapitre 10

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De retour avec Mars et Fleur...

      Le garçon - du nom de Lorenz, si Fleur avait bien entendu ce qu'il leur avait dit - les conduisit à travers le centre. Le reste du groupe venu les chercher s'était peu à peu dispersé, même si on leur lançait encore des regards méfiants de loin. Les filles remarquèrent petit à petit que le-dit centre ressemblait fichtrement à un campus d'université comme on en voit dans les films. Bon une petite université certes, mais un campus quand même. Ce dernier était vraiment impressionnant avec ses rangées de box de part et d'autre de l'allée où elle marchaient.

Au milieu  de tous ces box, se dressait une énorme maison, écrasante de hauteur et de largeur - du point de vue de Fleur - qui rappelait beaucoup à la jeune fille les longères qui foisonnaient dans sa Normandie natale. Les même poutres de bois bruns reposaient sur les mêmes murets de silex typiques de la région. De la même manière, en levant les yeux vers le ciel, Fleur pouvait apercevoir le toit recouvert d'ardoises bleues, encore une ressemblance. Étrange, songea-t-elle, avec le vilain accent de tout à l'heure, j'aurais juré qu'on était en Grand-Bretagne... A côté de l'immense bâtisse se trouvait ce qui ressemblait à deux petites dépendances. Celles-ci en revanche, bien loin  du style normand qu'elle connaissait, avait été construite en bois et était maintenant couverte d'une verdure qui donnait aux mur des allures de parc national. 

A ses côtés, Mars se dévissait la tête afin d'assimiler le plus d'infos possible de son côté. C' était d'ailleurs assez peu discret ...

-Continue comme ça et en plus d'avoir un torticolis, on te prendra pour une folle dangereuse, l'averti Fleur avec un sourire narquois malgré la situation.

Tout en continuant d'observer les alentours, bien qu'un tout petit peu plus discrètement, Mars répliqua :

-Parce que tu pense qu'ils ne nous prennent pas déjà pour des folles dangereuses peut-être ? S tu as de l'espoir à revendre, passe-m'en un peu.

Devant elles, Lorenz se stoppa brusquement devant un des nombreux box alignés. Rien ne le différenciait des autres, si ce n'était le numéro affiché sur la porte : 18. Le jeune homme se retourna et ordonna en pointant du doigt Fleur :

-Toi, tu montes.

Elle ne répondit rien et n'esquissa pas un geste, se contentant de le regarder les sourcils froncés. Le jeune homme soupira.

-Et si tu pouvais te dépêcher ce serait perfect. Non parce que, y en a qui ont des cours, des activités, d'autres trucs à faire tu vois ?

Cette fois, elle haussa un sourcil.

-Sérieusement ? Vous nous kidnappez et tu penses vraiment que je vais monter dans une espèce de placard à balais juste parce que tu me le demande ? Tu vis au pays des Bisounours ou c'est comment ?

L'air fatigué, le garçon soupira et se pinça l'arrête du nez.

-Très bien si tu le prend comme ça...

Il agit alors à une vitesse sidérante pour lui prendre le bras, et la jeter dans la paille du box avant qu'elle ne puisse protester ou se débattre. Mars ne put rien faire non plus, ébahie par la vélocité de ses mouvements qu'elle avait cru ne même plus distinguer à un moment.

Immobile, la jeune fille fixait le garçon. Comment avait-t-il réussi à se mouvoir à une telle vitesse? Mystère. Mais une chose était sure, quelque chose clochait chez les gens de ce centre, elle le sentait au plus profond de son être. De la où elle se trouvait, Mars voyait les planches du box vibrer sous les coups qu'assénait Fleur de son côté de la porte close. De nombreux "salaud" et "connard"leur parvenait, étouffés, mais tout de même audibles.

A présent, Lorenz la fixait avec des yeux étranges. Qui aurait cru que de telles prunelles pouvaient exister ? Le gris était si sombre qu'il en était presque noir et se confondait quasiment avec son iris. Un cercle doré entourait cette dernière, et Mars se sentit comme hypnotisée. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme alors soit ce garçon avait une âme magnifique, droite et juste, soit elle était sombre, dangereuse voire mortelle. Elle ne savait pas ce qui la séduisait le plus, ces yeux sensationnels ou son corps musclé dont elle avait décidément très envie de caresser le brun chaud ...

Elle s'asséna plusieurs claques mentales. Réveille-toi, pauvre cruche, ils t'ont kidnappée alors range-moi ce regard de poison frit ! s'admonesta-t-elle. Elle devait libérer Fleur. Et retrouver Mai. Et s'échapper d'ici. Donc beaucoup de boulot en perspective... Le garçon ne lui laissa pas le temps de faire quoi que se soit car il l'attrapa à son tour par le poignet et entreprit de la traîner jusqu'à un autre box qui serait sans doute, cette fois, le sien.

-Mais arrête ! Laisse-la sortir ou elle va être encore plus de mauvais humeur ! Et lâche-moi ! fit-elle en criant n'ayant rien d'autre pour se défendre que lui casser les oreilles. Malheureusement pour elle, l'autre resta impassible et imperturbable, continuant de la traîner derrière lui alors même qu'elle était quasiment assise par terre.

Puis, contrairement à ce qu'elle pensait, il bifurqua au bout de la dépendance sans s'approcher des box et ils arrivèrent à la porte de la grande demeure d'où sortit une jeune fille souriante aux cheveux coupés sous le menton :

-Tiens, tiens, ce ne serait pas l'une de nos petites terreurs venues de France ?

Lorenz lui répondit dans un soupir, relâchant enfin sa poigne de fer.

-Si. Et ce serait te mentir que te dire que les attraper a été facile. Elles ont même réussi à énerver Camille.

-Wow, fit la fille, les yeux écarquillés. Vous êtes vraiment fortes alors, on risque de bien s'entendre, dit-elle à Mars avec un sourire radieux à son intention.

Puis elle fronça son nez avant d'ajouter:

-Du moins si tu accepte de nous écouter et ne prend pas la mouche comme ton amie au cheveux frisés...Elle, elle a vraiment donné du fil à retordre à Dubois et Lex. Enfin, si tu veux bien m'accompagner je pourrait répondre à presque toutes tes questions, lui proposa-t-elle en souriant toujours.

Réfléchissant à ses options - très limitées- Mars finit par hocher la tête. Après tout, qu'avait-elle encore à perdre ? Et puis, cette fille était la première à lui sembler réellement sympathique alors, quand la jeune fille s'engouffra dans la demeure, Mars la suivit. 

Fleur

-Laissez-moi sortir, bon sang ! s'égosilla pour la énième fois la jeune fille. Bon sang...

Elle se laissa tomber au sol, dans la paille fraîche qui tapissait le fond du box, et ferma les yeux. C'était maintenant un véritable cauchemar, car à présent elle était seule. Lorsqu'elle était avec ses amies, elle se sentait entourée de personnes loyales et prête à faire face à toute les difficultés -en tout cas c'est l'impression qu'elle avait. Maintenant qu'elle se retrouvais toute seule, à la merci du premier psychopathe pouvant ouvrir le box, qu'elle commençait véritablement à avoir un peu peur. 

Enervée devant son impuissance totale, elle donna un coup de pied violent dans la porte, puis, galvanisée par le bruit satisfaisant, se remit à tambouriner dessus en hurlant.

Un moment plus tard, alors que des larmes de colère lui brouillaient la vue, que ses mains la brûlaient et qu'elle n'avait plus de voix pour crier, elle s'arrêta et le silence autour d'elle lui parut assourdissant. Et c'est également en silence que sa métamorphose se produisit, Fleur acceptant la processus avec presque plaisir, voulant se détacher de tout. Ses pensées s'embrouillèrent, puis, dans une explosion de lumière bronze, un petit félin gracieux apparut. Les petits plumeaux au bout de ses oreilles remuèrent lorsqu'il secoua sa tête pour se débarrasser de la paille.

D'un œil affûté il examina sa prison et, ayant comprit qu'il n'existait aucune autre issue que la porte, il grimpa sur l'échelle, se coucha sur un barreau et ferma les paupières. Seules ses oreilles alertes pointées vers l'avant montraient qu'il ne dormait pas.

Caracal.

MétamorphesWhere stories live. Discover now