L'interrogatoire

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Après avoir quitté la mairie, nous sommes partis au commissariat pour le premier "interrogatoire", oui parce que ça n'en a pas été vraiment un... Une fois arrivée à destination, je suis sortie de la voiture, la boule au ventre, pourtant je ne devrais pas avoir peur, c'était plutôt lui, qui devrait avoir peur des conséquences de ces actes, mais non ce jour-là c'était moi qui avait peur et pas lui, pas aujourd'hui du moins... 

On était devant cette immense porte en bois, je n'étais toujours pas prête à parler, ce n'était pas aussi simple, parler de ce qui s'est passé, c'est révéler. Révéler la vérité, c'est détruire la réalité apparente. Et je n'étais pas prête à la détruire, en somme je n'étais pas prête à détruire, 10 années de ma vie, oui je n'étais pas prête à détruire toutes ces années où j'ai "oublié" ce putain de moment, je n'étais tous simplement pas prête, pourtant il le fallait, il fallait que je parle, que j'avoue, que je le détruise comme il m'a détruite oui, j'allais parler, pour le voir pourrir, pour le voir mourir, pour le voir crever, comme le fils de pute qu'il est. Alors devant cette immense porte, j'ai soufflé un bon coup, j'ai regardé ma mère, et on a sonné, la porte c'est ouverte, voilà j'avais fait le premier pas. On s'est retrouvé, dans une pièce de taille moyenne assez ancienne, l'état de la pièce n'était pas au top, ma mère est allée au guichet, dire au policier se trouvant là-bas que l'on avait rendez-vous avec un Lieutenant, il lui a dit de patienter, ce que nous avons fait. 

Une fois une quinzaine de minutes passées, le fameux Lieutenant, est venu nous "accueillir", oui parce que un accueil, comme celui-là, je n'en ai jamais vu... Et pour cause, ce con est venu nous voir pépère, nous demandant ce qu'il y avait à l'accueil, comme-ci il savait pas... Après il a commencé à nous poser des questions relativement indiscrètes, à l'accueil, alors qu'il y avait des personnes autour de nous et que voilà à moins que l'on soit un peu cingler, on va pas dire devant tous le monde, oui bonjour je suis la fille qui s'est fait abuser sexuellement et vous, vous êtes ??? Ah le connard, qui croit que parce qu'il a un déguisement de schtroumpf il peut tous se permettre... 

Breff, déjà ça partait mal, du coup la copine à ma mère, Catherine, à demandé à aller dans son bureau afin de pouvoir parler de ça, de façon plus confidentiel, bien sûr il a accepté, mais n'a pas voulu fermer la porte, parce que " C'est moi qui doit gérer la caserne, et voir si quelque chose ne va pas" On était la en mode " pardon attend tu peux répéter là, dis moi que tu te fous de ma gueule". Et non Monsieur le Lieutenant en chef n'a pas voulu lâcher l'affaire, le ton est monté, et finalement, il a daigné fermer cette putain de porte.   

Une fois cela fait, on s'est tous assis, et là tous à réellement commencé, il nous a d'abord demandé nos noms, nos âges, et nos dates de naissances, puis nos adresses, et enfin le numéro de téléphone de nos parents. Après c'était à moi de parler...

Il a commencé à me demander ce qui c'était passé, ce qu'il m'avait fait, combien de temps ça à durer, tous ça, sauf qu'aucun mot n'a réussit à sortir de ma bouche aucun, juste des larmes et des pleurs, mais rien d'autres, je n'arrivais pas à parler, c'était beaucoup trop dur, il m'a alors demandé si c'était le fait qu'il soit un homme qui me retenait de parler, et sur le coup j'ai dit non parce que ce n'était pas le cas, ce qu'il m'empêchait de parler, c'était simplement le fait de devoir en parler, de devoir révéler, détruire une fausse vérité, affronter la réalité, ne pas pouvoir renoncer à une fatalité, c'était tous ça qui m'empêchait de parler, je détruisais encore une partie de moi, et retrouvait une partie de mon passé que j'ai tant voulu oublier. Je devais pour parler faire face et je n'y arrivait pas...  

Alors j'ai pleuré, comme lorsque l'on perd quelqu'un, parce que ce jour-là, j'avais perdu une partie de moi, car elle ne m'appartenait plus, plein de personnes étaient au courant. Il a donc décidé d'arrêter voyant bien que je n'arriverais pas à parler, il a dit à ma mère et à Catherine, une fois les avoir fait revenir dans la pièce parce que pour m'interroger il avait fait sortir tous le monde, qu'il fallait que je vois un psy,  pour que je puisse évacuer tous cela...

On est donc partis, mais à ce moment là je ne pensais pas au psy, je pensais à ma sœur de 7 ans et à son amie qui, eux aussi avaient dû parler, car eux aussi ont été touchées ... 

Ce moment...Where stories live. Discover now