Quai 27 (w/ Justin Bieber)

Chapitre 46

«Quai 27»

Deux mois plus tard.

Deux mois s'étaient écoulés depuis le drame. Deux mois où je regardais sans cesse le vide, où je pleurais tous les soirs, où je refusais de parler, de manger. Deux mois où je n'arrivais plus à dormir. Deux mois où mes notes avaient chuté considérablement. Deux mois où je survivais.

Les jours qui avaient suivi le mariage avaient été les pires de ma vie. J'avais continué à espérer qu'il était toujours en vie. J'étais revenue tous les jours devant la gare attendant qu'il y sorte mais on me disait que cela ne servait à rien, que tout le monde avait été évacué. Je m'étais alors tournée vers sa maison mais je l'ai trouvée vide. Il n'y habitait plus. Il avait laissé tous ses affaires, tout ce qu'il lui appartenait et nos souvenirs avec.

J'ai longtemps voulu des explications. Ma mère avait refusé de m'emmener au procès qui avait eu lieu à peine quelques semaines après. Chris a été condamné à de la prison ferme à perpétuité, Nick, Lucas et Arthur à vingt ans de prison, les prostituées ont été acquittées, les juges estimant qu'elles n'avaient pas agi de leur plein gré et je ne connaissais pas le reste. Et dans le reste, il y avait Justin. Ma mère n'a pas voulu m'en parler et elle continuait encore à ne pas vouloir.

Tout ce que j'avais réussi à savoir était que Justin avait reçu la balle et que c'était bien Chris qui lui avait tiré dessus.

Où la balle l'avait-elle touché ? Avait-il été transporté d'urgence dans un hôpital ? Ou cela lui avait-il été fatal ? Je n'en avais aucune idée. Ma mère persistait à me dire qu'elle ne connaissait pas non plus les réponses à ces questions mais j'avais du mal à la croire. Elle me disait qu'il s'était effondré par terre, que le sang jaillissait de son corps et qu'elle doutait qu'il ait pu survivre à cela.

Puis elle avait fini par me dire qu'il était certainement mort sinon j'aurais eu de ses nouvelles. Il ne m'aurait pas laissé seule alors qu'on aurait pu vivre enfin ensemble libre et heureux.

Et plus les jours passés à l'attendre en vain s'accumulaient, plus je m'étais faite à l'idée qu'il était réellement mort.

Je ne pouvais pas continuer à espérer qu'il reviendrait alors qu'il était sûrement sans vie, inerte. Son corps refroidissant et se décomposant à chaque seconde qui s'écoulait.

Je me demandais si ses parents étaient au courant de la nouvelle et si ils souffraient autant que moi. J'aurais aimé les rencontrer et leur dire à quel point leur fils était un garçon formidable. Malgré ses multiples défauts, il avait un cœur énorme. Il avait su rendre heureuse une fille solitaire qui n'avait pas confiance en elle et cette fille espérait en retour qu'elle avait su le rendre heureux aussi.

C'était horrible de se dire que même après la perte d'un être cher, la vie continuait et la Terre ne s'arrêterait pas de tourner pour autant.

Tout ce qu'il me restait de lui était des souvenirs qui commençaient à s'effacer et cette lettre qui l'avait laissée dans l'enveloppe avec le contrat. Je ne l'avais pas lue. Je n'osais pas. Je n'étais pas encore prête. Peut être que je ne le serais jamais.

J'avais peur de lire ce qu'il y avait écrit à l'intérieur. J'avais peur de découvrir qu'il n'était finalement pas heureux avec moi, qu'il avait voulu que tout ça se passe et que notre histoire n'était allée que dans un sens. J'avais peur qu'il brise une fois pour toute mon cœur.

Mon grand père m'a apprit ce qu'il s'était passé pendant que nous étions emmenés à la gare. Chris, ses associés et Nick les avaient enfermé dans une pièce dans le château et avaient récupéré tous leurs téléphones, fouillant soigneusement tout le monde. Puis, ils leur avaient dit que si ils essayaient de sortir, une bombe éclaterait et les détruirait.