Quai 27 (w/ Justin Bieber)

Chapitre 3

« Pourquoi réagissais-je de cette façon ?»

Je m'étais apprêtée mieux que d'habitude, juste une envie -enfin je croyais-. J'avais mis des petits talons et j'avais essayé de mieux dessiner mes yeux. Je ne voulais pas non plus faire aguicheuse. Nous étions dans la voiture avec ma mère pour le même rituel chaque matin.

- Alors je suppose que tu t'es habillée comme ça pour cette personne que tu croises à la gare ou dans le train depuis lundi, commença-t-elle.
- Non aujourd'hui c'est la photo de classe maman, mentis-je.
- La photo de classe en février ? Je ne suis pas débile Avery, il n'y a pas de mal à s'intéresser à quelqu'un. Tu as largement l'âge d'avoir un copain maintenant.
- Mais j'en ai pas et je ne suis pas prête d'en avoir un. Je te dis que tout ce que je veux c'est couper le cordon avec toi, c'est tout, rétorquai-je.
- Bon, si tu insistes.
- Tu es lourde parfois, tu le sais ça ?

Elle rit. Ma mère était aussi ma meilleure amie. J'avais l'habitude de toujours tout lui dire mais là j'en avais pas envie. À vrai dire, je ne comprenais même pas mon propre comportement alors je n'avais pas besoin que quelqu'un d'autre embrouille encore plus mon esprit. Elle me déposa devant le lycée comme prévu et je rentrai à l'intérieur. J'étais une bonne élève, pas la meilleure mais presque. Je rêvais de faire des études dans une grande école d'ingénierie. J'étais très forte en maths. Les profs m'appréciaient, j'étais qualifiée d'élève sérieuse et attentive en classe. Je n'avais pas de problèmes de ce côté.

La journée fut longue bien que je finissais plus tôt que d'habitude. J'étais à la gare qui était moins remplie à seize heures qu'à dix sept heures. Je m'assis sur une chaise et réfléchis. J'avais fini à deux reprises à dix sept heures depuis le début de la semaine, c'est à dire lundi et mardi et à ces deux reprises j'avais croisé ce fameux garçon. Il se pourrait que je ne le croise pas si je rentrais maintenant. Le problème était que j'avais un gros devoir sur table en histoire demain et je n'avais même pas commencé à réviser. Après mûre réflexion, je pris la décision de rester une heure de plus. Je n'arrivais pas à combattre mon envie de le revoir.

Je passai l'heure d'attente à feuilleter mon cahier d'histoire, seulement feuilleter car j'avais mes pensées ailleurs. Je pris mon billet quand il fut temps de rejoindre le quai 27. Je regardais autour de moi. Il allait sûrement être en retard encore une fois.

Le train ouvrit ses portes et j'entrai à l'intérieur. Je m'assis évidemment à la même place et tapotais l'accoudoir signe d'impatience. Je pris un miroir dans mon sac et vérifiai que tout était en place. Les minutes passèrent lentement et je crus qu'il ne viendrait plus. Mais je le vis arriver, aussi pointilleux dans ses choix de vêtements comme s'il savait exactement ce qui le mettait en valeur. Il était accompagné d'une nouvelle fille encore une fois.

Sans aucune réelle raison, mon souffle se coupa à la vue de cette nouvelle fille. Je me levai, laissant mon sac sur le siège et courus aux toilettes pour reprendre mes esprits. Je m'appuyai sur le rebord du lavabo, essoufflée. Je pensais juste qu'il trompait sa copine mais c'était pire que ça ! J'étais complètement dégoûtée, écoeurée. Je me regardai devant la glace, pourquoi réagissais-je de cette façon ? Mes cheveux bruns ondulés collaient à mon coup transpirant et se mêlaient à mon collier. Mes yeux verts clairs avaient viré au kaki. Heureusement que ma tenue tenait encore en place.

Je me rafraîchis en buvant un peu d'eau et retournai à ma place. Il était toujours là avec la fille, assis à sa place habituelle et ils discutaient. Cependant, il me jeta un petit coup d'oeil quand je longeai les sièges ce qui me rendit toute rouge. De retour à ma place, je me concentrai sur la fenêtre pour essayer d'oublier sa présence. Après ce que je venais de voir, je ne voulais plus avoir affaire à lui. Drôle de pensée puisqu'il ne se souciait même pas de moi. J'étais la bizarre dans l'histoire. Comme la dernière fois, il sortit du train à l'arrêt 7 et me laissa perdue dans mes pensées.

De retour chez moi, je n'étais pas dans mon assiette. J'étais encore sidérée de ce que j'avais vu et en plus de ça, j'avais perdu mon porte monnaie bien que j'étais sure de l'avoir remis dans mon sac après avoir payé mon ticket de train. Ma mère me tuerait si elle apprenait que je l'avais perdu avec toutes mes affaires les plus personnels : ma carte d'identité, ma carte de retrait, mon argent, etc... Cela m'apprendra à être distraite par un garçon qui n'en valait même pas la peine !

Je regagnai ma chambre et commençai de bonnes heures de révision pour ce foutu contrôle d'histoire.