Soudain, une voix suave s'échappe des enceintes et inonde l'atmosphère grise qui m'englobe. Je lis sur l'écran de ma voiture qu'il s'agit de " How To Save A Life " d'un certain The Fray. Je me demande si les forces suprêmes ne tentent pas de m'envoyer un message en passant cette chanson ou bien si elles me narguent car je n'ai pas le pouvoir nécessaire pour arranger les choses. Mon poing rencontre tout à coup l'enceinte d'où proviennent les rythmées de la musique. Je n'arrives pas à contrôler mes pulsions de colère, j'en suis conscients, mais au fond, c'est contre moi-même d'où je tiens toute cette haine. C'est un cercle vicieux qui ne s'arrêtera sans doute jamais, mais que puis-je y faire ? 

Je m'engage maintenant dans un petit quartier à l'apparence désert et décide de m'arrêter un moment. Je me gare contre un trottoir et stoppe le moteur. Là, inerte sur mon siège, je regarde le vide devant moi, tel un zombie. Tout à coup, quelque chose vibre dans mon pantalon. J'en retire mon téléphone et remarque un nouveau message de la part d'Ariana. 

" Salut, tu veux qu'on se voit pour parler du livre ? :) "

Je fixe le message durant une bonne minute avant de refermer mon téléphone violemment et de le jeter à l'arrière. Je n'ai envie de voir ni de parler à personne présentement. Je pense qu'elle peut comprendre que je ne sois pas disponible à chaque moment de la journée. me dis-je.

Je ressens le besoin de faire quelque chose, n'importe quoi. Maintenant que j'y pense, j'aimerais me défouler. Soudain, une idée me vient. J'allume le moteur et appuie sur l'accélérateur. Les kilomètres heures augmentent progressivement jusqu'à diminuer brusquement lorsque j'arrive à destination. Là, je me gare juste devant l'établissement et sors du véhicule. J'entre à l'intérieur du bâtiment et sors ma carte qui se trouve dans l'une de mes poches afin de la montrer au garçon de l'accueil. Il m'adresse un hochement de tête ainsi qu'une salutation que j'ignore car je suis déjà arrivé aux vestiaires. Je me dévêtis seulement de mes chaussures, de ma veste et de mon jean que je remplace par mon short de sport qui se trouve dans mon casier et m'empare de mes gants. Je sors du vestiaire pour arriver dans la salle où se trouve tout le matériel de boxe et entreprends de m'orienter vers un sac de boxe. Je me place devant celui-ci, positionne mes poings au niveau de mon visage et commence à frapper dans le sac. Une fois, deux fois, trois fois. La souffrance est toujours là. Elle s'envenime d'avantage à mesure que je me remémore l'annonce de ma mère. La boxe m'aide à me détendre, elle m'aide à me changer les idées et à voir plus clair dans mes pensées. Et c'est exactement ce qu'il me faut. 

Ça doit faire une heure que je m'enrage contre ce pauvre sac et j'ai finalement retirer mes gants afin de mieux ressentir les choses. Mes jointures sont blanches et je commence à ressentir une crampe au niveau du bras droit. Le garçon m'informe qu'il faut que je parte car il est l'heure de partir. Je ne bronche pas et me retire aux vestiaires, vidé. 

*

Soudain, je me rends compte d'une chose. Il est évident qu'il faut informer nos proches de l'état de Sia. Cette pensée me plombe à nouveau le moral. Non pas que ça n'était pas le cas avant, seulement, j'imagine bien qu'elle va-être leur réaction et je n'ai envie d'y assister. Cependant, je décide de composer le numéro de mon cousin car c'est à lui que j'ai pensé en premier. Il décroche au bout de deux sonnerie et énonce un allô las.

-Shain, c'est Dereck. dis-je.

-Ah ! Ça va comme tu veux ? s'enquit-il, chaleureux.

-Il faut que je te dise quelque chose vieux, tu peux venir au parc de la ville dans combien de temps ? 

-Oulà, je n'aime pas beaucoup ça. fit-il, son ton joyeux disparu soudain. Okay, j'arrive dans un quart d'heure. 

-D'accord, à toute. dis-je, avant de raccrocher. 

chasse gardée.Where stories live. Discover now