Frustration

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Carla.

Aujourd'hui.


Il éveille en moi une flamme qui me brûle de l'intérieur, aussi douloureuse qu'enivrante. Une flamme qui fait partir en fumée tous mes principes éthiques. Je ne devrais pas ressentir cette envie après tout ce qui nous lie, mais malheureusement, c'est du domaine de l'incontrôlable. Finalement, demain, je devrais reconstruire une nouvelle version de moi-même. Je pourrais décider d'adopter de nouvelles valeurs, plus saines que celles qui me tourmentent ce soir. Alors autant me laisser aller, juste une fois. Une dernière fois.

L'alcool ne m'aide pas à avoir les idées claires. J'ai envie de céder à ce que le bat de vente me dicte, mais la raison m'envoie des signaux d'alerte. Est-ce que je vais le regretter ? Est-ce que je vais assumer que tout cela ne soit qu'éphémère ?

En a-t-il autant envie que moi ?

Toutes ces questions passent dans ma tête pendant que nous restons là à nous toiser et à nous défier du regard.

- IL EST LÀ !!

L'homme qui tenait encore de sa main sa joue tranchée revient avec trois hommes armés, vêtus de gilets pare-balles.

Andreas m'agrippe par le poignet et m'entraîne dans une fuite. Nous slalomons entre les couples qui s'embrassent, qui dansent, qui rient. Nous en bousculons certains qui renversent leurs boissons et je ne fais pas attention aux quelques '' HEY ! '' ou '' PUTAIN ! ''. Ma blessure se réveille, mais est rapidement anesthésiée par l'adrénaline qui m'envahit. Il me jette quelques regards rieurs, je comprends que c'est presque un jeu pour lui. Le risque est grisant, nous sommes comme deux adolescents qui fuient la police s'étant fait grillés à voler dans une supérette.

Nous atteignons la porte de secours. Dans son élan, il appuie sur la barre qui permet l'ouverture et nous nous retrouvons dehors un pas après. Quelques mètres plus loin, nous arrivons au niveau de la Mustang d'Andréas. Nous nous y engouffrons et il fait crisser les pneus, tellement le démarrage est précipité.

Après avoir roulé très vite pendant plusieurs minutes, il effectue quelques vérifications dans le rétroviseur avant de se garer dans une ruelle. L'ambiance est radicalement différente. Je prends conscience que je suis en compagnie de monsieur autoritaire et que je devrais m'expliquer très prochainement.

Il arrête le moteur, éteint les phares et pose sa tête contre le dossier, l'air satisfait. Je l'imite. Nous nous jetons un regard complice et rions. Je crois bien que c'est la première fois.

Quand le rire s'estompe, c'est une tension toute autre qui s'impose à nous. Il est beau, intimidant, mais putain qu'il est beau. La pénombre fait ressortir chaque angle de sa mâchoire saillante. Ses yeux paraissent plus sombres. Il approche son visage pour tenir mon menton de ses doigts.

- Tu veux quoi Rivera ?

- Je ... je ne sais pas.

Bordel, si. Je sais très bien ce que je veux. Mais je suis incapable de le dire. Je ne suis pas cette fille qui a l'audace de dire dans les yeux d'un homme qu'elle a envie de lui. Combien de verres d'alcool aurais-je dû boire pour pouvoir lui avouer ?

Il m'offre pourtant la possibilité de le faire :

- Est-ce que tu en as envie ? Chuchote-t-il.

- Je te déteste, Andréas.

C'est tout ce que j'arrive a lui dire.

- Je te déteste aussi.

- Alors pourquoi tu es venu ?

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