Epée de damoclès

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- Oui madame ?

Juste après que j'ai activé le bipeur, Rosalie fait son entrée.

- Est-ce que le docteur Assane est arrivé ?

- Non, il ne viendra pas aujourd'hui.

Il ne m'a pas prévenu.

Douze jours se sont écoulés et il vient tous les jours pour remplacer mon bandage et me faire les soins nécessaires. D'après lui, la blessure évolue bien. Je vois moi aussi du mieux, car même si ça me décroche une grimace de douleur, j'arrive à me déplacer à l'aide d'une béquille. La seule chose qui compte pour moi est de me remettre sur pied rapidement, afin de pouvoir partir d'ici dans environ trois semaines, comme prévu.

Je n'ai ni revu Eric ni Andréas depuis.

Elijah est aux petits soins et j'aime de plus en plus sa compagnie. Son humour décalé me permet de m'extraire de la réalité et de ne plus me sentir prisonnière pendant un court moment. J'ai l'impression qu'une relation sincère se développe entre nous. Il m'a également partagé un peu de son passé et les raisons qui l'ont poussé à rejoindre cette unité. Il a travaillé dans la logistique de l'United States Air Force. Andréas et Eric l'ont sollicité pour les aider, car leur mission était d'assassiner un agent double ennemi, qui était en réalité un membre d'une cellule terroriste ayant infiltré l'armée de l'air dans le but de communiquer des positions stratégiques et des opérations à venir. Elijah et lui étaient non seulement coéquipiers, mais aussi meilleurs amis. Ils partageaient même une chambre sur le porte-avions qu'ils occupaient. Elijah n'a pas supporté cette trahison et c'est finalement lui-même qui l'a tué. Il n'a pas pu surmonter le fait d'avoir été manipulé de cette manière et utilisé pour une couverture. Il n'avait plus confiance en personne, pas même dans l'armée. Il a alors décidé de déserter, ce qui est interdit pour un militaire qui souhaite quitter son engagement sans autorisation. Il a finalement rejoint l'unité d'Eric.

Sohane, elle, ne reste jamais longtemps. Nous ne parlons pas plus que ca, mais elle m'apporte un peu de réconfort avec du thé ou des petites choses à grignoter chaque jour. Nous sommes à des années-lumière d'avoir un lien d'amitié, mais nous développons progressivement un peu d'empathie mutuelle.

Hormis ces deux-là, j'ai aussi les visites d'Assane pour les soins et Rosalie pour m'aider à faire les choses que je ne peux pas faire seules. J'ai parfois l'impression d'être entre les murs d'un hôpital.

Ce matin, je choisis de sortir de mon lit. J'en ai assez d'être confiné dans cette pièce, allongée. Aujourd'hui, le temps est particulièrement lumineux et j'ai envie de prendre l'air. Alors je m'agrippe à la béquille et pose doucement la jambe au sol. Je marche à la vitesse d'un paresseux et arrive jusque-là à baie vitrée. Je l'ouvre et réalise que l'air est beaucoup plus froid qu'il n'y paraissait depuis l'intérieur. Je ne porte qu'un débardeur et un short, le vent frais me donne un frisson immédiat et faisant ressortir le bout de mes seins. Je ferme les yeux et accueille les rayons du soleil sur mon visage et malgré la faible température, cette bouffée d'air me fait le plus grand bien. J'en profite quelques secondes. J'ai appris à aimer les petites choses simple de la vie, celles dont ont ne fait plus attention.

- Tu vas attraper froid.

Non ... Cette voix. Pas lui.

Andréas, est assis sur mon lit.

Je ne réponds rien un moment essayant de camoufler ma surprise, mais surtout mon stress. La dernière fois que je l'ai vu, c'était le soir où j'ai tiré. Je sens une panique naissante.

Je secoue la tête et redirige mon visage en direction du soleil.

- On dirait que tu as déjà pris froid.

Gazelle    [ Darkromance ] Where stories live. Discover now