Prologue

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// AVERTISSEMENT // TW // TRIGGERS WARNINGS // 

Ce livre contient des scènes explicites de violence physiques, morales ou sexuelles. Ce n'est pas une romance à l'eau de rose et tout ce qui est décrit dans ce livre dépend de mon imagination, aucune scène n'est inspirée par un vécu personnel. Aucun des éléments n'est à reproduire ou fait office de référence. 

Public averti uniquement

Carla

Ma première vie, j'avais 14 ans.

Ma mère avait du mal à s'en sortir financièrement. Lorsque je fus assez âgée pour rentrer de l'école sans elle, elle put commencer à travailler à la fois dans un salon de coiffure et dans un diner, la journée pour le premier et quelques soirs par semaine pour le second. Elle rentrait tard les soirs où elle travaillait, mais je restais reconnaissante de son dévouement, même si cela signifiait que je devais assumer seule mes devoirs, la préparation des repas et ma toilette dès l'âge de 14 ans.

Seule.

J'étais souvent contrainte de sauter le repas de midi, surtout durant les derniers jours du mois. Maman était particulièrement à cran, je le savais, car elle fumait plus de cigarettes que d'habitude. Lorsque cela se produisait, je n'avais d'autre choix que de me contenter d'une tranche de pain, tout en restant dissimulé aux regards de mes camarades de classe qui, eux, déjeunaient au réfectoire. J'appréhendais les railleries, cela me terrifiait au plus haut point, ainsi, je cherchais à me faire la plus discrète possible, mon intuition me dictait de ne pas attirer l'attention pour éviter d'être la cible des autres enfants. J'étais maigre, pâle et habillée de façon démodée, une proie facile.

Tout comme une gazelle.

Pourtant, ma mère me faisait croire que j'étais chanceuse étant plus fine que la plupart des filles de ma classe et que, plus tard, je serais une grande mannequin célèbre au point de gagner beaucoup d'argent. '' Que tu es belle '', me répétait elle. C'était son point de vue, pas le mien. Ma solitude et ma faim étaient apaisées par ce rêve.

Le sien, sûrement.

J'aurais voulu être plus complice avec elle. Avec les études et son travail, nous ne passions du temps ensemble que le lundi soir pour regarder notre série préférée. L'humour douteux des présentateurs ne me plaisait pas vraiment et les sous-entendus sexuels n'étaient pas adaptés à mon âge de 14 ans. Néanmoins, c'était notre moment. Elle s'endormait souvent dès la première publicité, la fatigue prenant le dessus sur elle. Je la bordais avec le plaid rose, il était craqué et avait perdu de sa couleur, mais c'était son petit cocon. Le lundi, elle ne travaillait pas au diner, elle était plus joviale que le reste de la semaine.

J'aimais ce jour.

Les autres soirs, quand elle rentrait, elle buvait et parlait seule.

Elle faisait peu de cas de la nourriture, préférant l'alcool et les cigarettes. Ce que j'appelais "ma maison" n'était autre qu'un petit appartement mal isolé. Les pièces étaient si proches et similaires qu'il était difficile de déterminer où l'une s'arrêtait et où l'autre commençait. Ma mère le nommait "notre gouffre", car, d'après elle, il coûtait cher par rapport à ses faibles revenus. Nous étions forcées de résider en centre-ville de San Francisco, une voiture n'étant pas envisageable. La décoration de l'appartement était constituée de bric-à-brac, ce qui lui retirait toute finesse.

À son retour du travail, elle devait supposer que je dormais déjà profondément. Je restais éveillée en attendant son arrivée, me considérant comme sa gardienne. Je priais secrètement pour que sa journée se soit bien déroulé, afin de m'endormir en toute tranquillité. Elle ne comptait que sur moi et je ne comptais que sur elle.

Gazelle    [ Darkromance ] Where stories live. Discover now