Troisième brûlure

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Carla. Il y a 5 ans, j'avais 17 ans.

Depuis le week-end à Paris de maman, tout est devenu plus sombre. Mon rapport aux autres ne tenait déjà qu'à un fil, mais depuis, le malaise était plus profond et plus dur à supporter. Un jour nous avions eu un intervenant externe au lycée dont le rôle était de sensibiliser les jeunes sur le harcèlement et leur effet, comme la dépression. Il avait fait une description détaillée de l'impact et du mal-être que ca pouvait causer. C'est comme ça que j'ai pu mettre des mots au mal-être que je vivais. J'eus des jours où je simulais être malade, car me lever était une épreuve à surmonter.

Liam n'est venu que trois fois pour le week-end. J'appréhendais chaque visite au point de ne plus pouvoir manger deux jours avant. Je faisais en sorte de ne jamais me retrouver seule avec lui ou de m'isoler dans ma chambre. Ces jours-là étaient les seuls où je proposais d'aller faire les courses avec ma mère.

Elle ne prit pas la peine de comprendre mon comportement et mettait ca sur le coup de la crise d'adolescence : '' les ados de maintenant...  c'est plus pareil, nous, on faisait le mur, on picolait en cachette. Maintenant, ils s'enferment dans leur chambre. Triste vie !... ''. C'est surtout qu'elle était très occupée avec la préparation du mariage. Wiliam lui a demandé sa main lors du week-end à Paris. À son retour, j'étais déterminée à le lui dire, à tout lui raconter depuis le début, mais son euphorie a eu raison de moi. Elle est rentrée en brandissant sa main et me montrant toutes les facettes du diamant qui trônaient sur sa bague. J'ai dû tout garder pour moi, consciente que je signais la fin de sa nouvelle vie avec William et tout ce qui allait avec si je parlais. J'en étais convaincue.
Les deux fois où Liam m'avait fait du mal, c'était juste avant une étape dans la vie de ma mère. À croire qu'il l'avait calculé, ça aussi.

Il savait que ma mère aurait d'autre préoccupation que moi.


 

***



Fin septembre. Le mariage. J'avais 17 ans. 

- Carla, peux-tu fermer ma robe s'il te plaît ?

- Oui maman et... tu es très belle...

Elle était sublime. Malgré sa petite quarantaine d'années, elle restait une femme splendide. Elle avait des cheveux blonds en chignon décoiffé et un maquillage digne d'un magazine. Sa robe sirène blanche épousait ses formes et sur son décolleté, y était posée chaîne de diamant. J'étais sa demoiselle d'honneur. La seule. Elle m'avait proposé plusieurs robes aux couleurs du thème et de la décoration
Une première robe à bretelles prune et courte, un autre bustier arrivant à mi-genoux, plissé jusqu'au nombril et une troisième de la même couleur que les deux autres, mais longue jusqu'à la cheville. Celle-ci avait une fente jusqu'au-dessus du genou. C'est dans cette robe que j'étais le plus à l'aise car elle cachait le plus de peau. C'est celle que je portais ce jour-là.

Bizarrement, depuis une semaine, je me sentais plus légère. J'étais prise dans le tourbillon des derniers préparatifs qui rythmaient mes journées. Entre les rendez-vous de la wedding planner, la mise en place de la salle et répondre aux questions des futurs invités, je n'avais pas beaucoup de temps pour moi, car j'accompagnais ma mère partout et l'aidait. William n'etait pas tellement investit. Tout cela m'empêche de ruminer. Une sensation d'inconfort m'envahissait la poitrine quand je pensais que Liam serait là.

Il y aura du monde, tout se passera bien.

Un bruit de klaxon nous rappela qu'il faut nous dépêcher.

Gazelle    [ Darkromance ] Where stories live. Discover now