Petit Chaperon Rouge (exercice cours d'écriture S3)

Depuis le début
                                    

JEN, en râlant : Et fais ci, et dépêche toi, et gnagnagna...

Elle arrive devant la maison de mamie, une petite maison dont les fissures parcourent les façades. On voit une baie vitrée qui relie l'extérieur au salon, mais le rideau rouge est tiré. Pleins de pots de différentes fleurs en bon état sont un peu partout. Les volets sont peints en bleu clair. Le portillon en bois à l'entrée est ouvert.

JEN, à voix basse : Vivement qu'elle meure, celle-là...

Elle passe le portillon et ouvre la porte brutalement, sans frapper. Elle entre.

séquence 4

JEN, fort : Coucou mamie, Uber Eat est arrivé !

Dans le salon, la maison est bien rangée. Dans la cuisine ouverte, on voit la vaisselle propre qui égoutte sur le côté de l'évier. La lumière est éteinte, il n'y a que l'éclairage naturel qui passe par les fenêtres. Des bougies odorantes sont posées sur la table. Jen se dirige dans la cuisine et pose le sac de courses sans rien ranger.

JEN : C'est bon, je peux y aller ?

Un temps. Elle fronce les sourcils.

JEN : Bah elle vient pas me dire bonjour, la grand-mère ?

Elle se dirige vers la chambre de mamie, au fond du couloir. En passant, la salle de bain est ouverte, le robinet du lavabo coule. Jen passe la tête dans la pièce.

JEN : Mamie ?

Elle ressort sa tête. Elle va devant la chambre et toque. Pas de réponse. Elle toque encore. Pas de réponse. Jen fronce à nouveau les sourcils et entre. La chambre est dans la pénombre. Elle grimace et se pince le nez avec ses doigts. Elle cherche à tâtons l'interrupteur et allume la chambre.

JEN : T'as fais pourrir de la viande dans ta chambre ou quoi, ça sent-

Jen s'interrompt en voyant le corps de mamie couvert de griffures, allongé sur le sol, dans une flaque de sang. Son cou est couvert d'un gros hématome. Son visage est figé dans une expression d'effroi.

JEN, sans expression : Oh.

Un temps.

JEN, en haussant les épaules : Bon, ben t'étais vieille de toute façon, hein, fallait bien que ça arrive un jour.

Un bruit qui vient du salon, Jen sursaute. Elle se retourne brusquement, passe la tête en dehors de la chambre, mais ne voit personne. Silencieusement, elle éteint la chambre, en sort et referme lentement la porte. Elle enlève ses bottes toujours en observant le salon, puis en prend une dans chaque main, qu'elle tient comme des armes.

JEN, assurée : Y a quelqu'un ?

Pas de réponse. Elle avance doucement, sans faire de bruit. Arrivée au début du couloir, elle regarde de partout.

JEN, d'une voix agacée : Eh oh, je sais que t'es là, pas la peine de te cacher.

Le rideau de la baie vitrée bouge légèrement, Elle porte son regard à cet endroit.

JEN, énervée : Bon c'est bon, je t'ai trouvé, tu peux sortir là.

Un grognement. Jen est d'abord étonnée, puis méfiante. Elle resserre sa prise sur ses bottes.

JEN, autoritaire : Sors de là. Tu me fais pas peur.

Nouveau grognement. Elle balance une de ses bottes dans le rideau, et la personne derrière bouge en faisant des bruits d'animal enragé. Un homme sort de derrière de rideau, il bave, il grogne, ses doigts sont repliés vers l'avant comme s'il avait des griffes. Il est tout courbé sur lui-même, son visage forme une grimace inquiétante. Il a une apparence tout à fait humaine, mais un comportement d'animal.

JEN, d'une voix basse, pour elle-même : Ok, bizarre le gars...

L'homme lui aboie dessus, presque comme un chien. Jen laisse tomber sa botte et lève les mains en l'air, paumes écartées.

JEN : Wow, tout doux le loup, on se calme.

L'homme a la voix qui tremble, comme un râle. Elle s'approche d'un pas, l'homme grogne, alors elle recule.

JEN : Mais c'est quoi ce spécimen, sérieux...

L'homme se gratte grossièrement l'arrière du crâne. Il a une allure de sans abri, avec des vêtements sales et déchirés, tachés de sang. Ses mains sont fripées, couvertes de blessures. Il ne porte pas de chaussures, et ses pieds sont abîmés. Il porte une cicatrice à son œil droit.

JEN : Hum, monsieur ? Vous allez bien ? Vous avez pas l'air en forme. Vous êtes malade ?

L'homme la fixe du regard sans rien dire.

JEN : Ok, pas de réponse, c'est pas grave... Vous savez parler au moins ?

L'homme grogne. Il s'avance. Elle fronce les sourcils.

JEN, en haussant la voix : Eh, t'approches pas. Recule.

L'homme la fixe méchamment. De la bave coule au sol.

JEN, fermement : J'ai dis, recule.

L'homme grimace mais recule.

JEN, étonnée : Oh wow, pour une fois dans ma vie qu'on m'écoute enfin, faut que ce soit par un dingo. Enfin, c'est toujours ça.

Jen sort son téléphone, toujours en fixant l'homme en face d'elle. Elle tape dans Google sans même regarder son écran "homme qui se prend pour un animal maladie". Elle baisse les yeux et lit rapidement les réponses affichées.

JEN : Personne qui est atteinte de lycanthropie, c'est-à-dire qui se prend pour un loup. Super, génial.

Elle redresse la tête, l'homme n'a pas bougé.

JEN : Alors, si tu veux être un loup, grand bien t'en fasse, mais si tu pouvais dégager et chasser tes moutons ailleurs, ce serait merveilleux, merci.

L'homme grogne. Jen soupire, se déplace lentement jusqu'à la porte d'entrée et l'ouvre.

JEN, en agitant les bras en direction de l'homme vers l'extérieur : Allez, monsieur le loup, ouste. Dehors.

L'homme observe la forêt à l'extérieur sans rien dire.

JEN : Alors tu vas pas me dire que la forêt te fais peur. Les loups, ça vit dedans, donc si tu veux être un loup, tu dois prendre le package en entier. Dégage.

L'homme s'approche de la porte. Il s'arrête, reporte son attention sur Jen, la renifle un instant, la regarde à nouveau, puis sort et s'en va dans les bois. Jen le regarde partir, respirant un grand coup, une mine fatiguée.

JEN : Et si je demandais un chat plutôt, pour mon anniversaire ?


Fin

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