Chapitre 14

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﹏𓊝﹏

Au grand jamais, Elior n'avait eu de difficultés à séduire qui que ce soit. Cela faisait partie de sa nature. Aussi loin qu'il se souvenait, il avait toujours été entouré de prétendants et prétendantes qui tombaient à ses pieds au moindre battements de cils. Il avait toujours apprécié cela. Enfant, il entendait les petites filles de son voisinage glousser sur son passage, et en grandissant, même la gente masculine se retournait à sa vue. Il plaisait et cela était plus que plaisant. Il avait également vite compris que son charme était un atout avec lequel il pouvait jouer. Et il aimait jouer.

    Il butinait de conquête en conquête, d'homme en femme, sans jamais se lasser ni s'attarder. Pour lui, l'amour était simple : deux personnes, à un moment donné, dans un lieu précis, qui avaient envie l'une de l'autre. Rien de plus, rien de moins. C'était un échange de plaisir et d'affection éphémère. Jamais une promesse, jamais de mensonges, jamais de complication.

    Cela était très loin des histoires que lui racontait toujours Sayan. Son ami s'épanchait toujours sur les passions brûlantes dont étaient affligés ses personnages de roman. Tout cela lui était inconnu. Souvent, après une soirée trop arrosée, Sayan avait tendance à geindre à propos de ses émois amoureux. D'après lui, son cœur criait le nom de la personne qu'il aimait et saignait d'en être séparé. Ce n'était définitivement pas sa vision de l'amour, ni son ressenti lorsqu'il tenait l'une de ses aventures dans ses bras. Ce serait d'ailleurs plutôt ses partenaires qui criaient son nom, pas leurs cœurs.

    Par ailleurs, il aimait tout autant l'acte charnel que le jeu de la séduction. Deux domaines dans lesquels il excellait. Il adorait courtiser la personne qui avait capturé son attention, et enrouler autour de cette dernière, une toile de sensualité et de plaisir. Aucune de ses proies ne pouvait s'en échapper, pas tant qu'il n'était pas arrivé à ses fins.

    C'est pourquoi il était inconcevable et intolérable qu'il ait à ce point lamentablement échoué à formuler une phrase devant Orion, la nuit précédente. Il était mortifié, et il n'avait que lui à blâmer. Le moment aurait dû être parfait. Mais il avait agit sans réfléchir, son corps pris d'une pulsion. Son esprit semblait avoir cessé de fonctionner. Cela était plutôt courant lorsqu'il se trouvait à proximité d'Orion. Il se souvint, avec honte et embarras, de cette fatidique nuit, juste avant la dernière attaque des Marines, où malgré lui, il avait failli embrasser Orion. Non pas que la pensée de leurs lèvres jointes le dérangeait. Mais parce que, d'ordinaire, il agissait toujours en pleine conscience de ses actes. Cela avait été la seule et unique fois où il avait agi par instinct. Ce soir-là, il avait tout prévu pour séduire Orion : monter à la vigie en avance, ne pas prendre de veste, s'assoupir sur son épaule. Il n'avait cependant pas prévu de ressentir l'irrépressible envie et besoin de goûter ses lèvres certainement exquises et sucrées.

    Le moment l'avait emporté. Tout comme la veille où il n'avait pu s'empêcher d'agripper la chemise d'Orion. Il s'était par la suite ridiculisé avec sa pauvre tentative de communication. C'était aussi la première fois qu'il perdait ses moyens. Il allait devoir redoubler une nouvelle fois d'efforts pour lui parler.

    Il était donc là, en pleine nuit, assis sur le pont, seul. Les yeux rivés vers le ciel, il ne pouvait apercevoir que les cheveux de jais d'Orion qui voletait sous le vent. Il venait de monter à la vigie et Elior devrait être en train de se reposer. Mais il lui était impossible de quitter le pont. Il soupira. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter tant d'indifférence? Leur presque baiser était-il le responsable? Ou bien était-ce durant la bataille, lorsqu'il avait ramassé son épée pour lui? Où avait-il manqué de galanterie? Elior n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait faire pour arranger cette situation. En outre, Alec avait visiblement décidé de devenir le chien de garde d'Orion, rendant impossible leur rencontre. Le second de la Capitaine n'était d'ailleurs pas loin et Elior sentait son regard lourd et hostile sur lui. Il se doutait que s'il tentait de rejoindre la vigie plus tôt, il se retrouverait à devoir exécuter une nouvelle suite de corvées aussi basses qu'absurdes.

Des Yeux aux Coeurs [MxM]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt