Les parents de Louisette étaient partis pour le weekend et son frère était à une course de voiture. Elle avait donc la maison pour elle toute seule. Quand nous sommes arrivées, il n'y avait pas grand monde. Ce qui m'arrangeait, plus vite la soirée était terminée, plus vite je pourrais reprendre mes révisions.

Mais, fin, je devrais plutôt écrire MAIS, la soirée a pris une autre tournure quand le grand frère de Louisette a débarqué avec ses potes. Je n'ai pas tout compris sur le coup, mais je crois qu'il a eu la même idée que sa petite sœur. Après leur course dans la ville voisine, ils avaient fait la route pour venir fêter leur victoire ici.

C'est à ce moment-là que j'ai fait la rencontre de Jean-Marc. Avec son jean délavé et sa chemise bleu nuit un peu trop grande rentrée dans son pantalon, il a un look très américain comme on peut souvent le voir dans les revues de mode. Ses cheveux blonds sont coiffés en arrière, mais de temps en temps, une mèche tombe sur ses yeux verts.

Dès que nos regards se sont croisés, je suis tombée amoureuse. J'ai senti mon cœur battre la chamade, ma bouche est devenue sèche, je n'arrivais pas à articuler le moindre mot quand il m'a demandé mon prénom. Alors que je suis une vraie bavarde d'habitude, il avait réussi à me couper le sifflet.

Les filles voulaient rentrer parce qu'il n'y avait pas assez d'ambiance, mais moi je voulais rester finalement. Je voulais continuer à l'écouter raconter sa course. J'étais complètement envoutée par ce mec ! Les filles ont fini par me tirer par le bras, je leur en veux un peu. Je ne sais même pas s'il connaît mon prénom.

Il faudra que je demande discrètement à Louisette si elle en sait plus sur ce Jean-Marc. Une chose est sûre, je vais tout faire pour le revoir."

J'en reviens pas, mes parents nous ont toujours dit qu'ils étaient tombés fou amoureux l'un de l'autre dès le premier regard. Je lis rapidement les pages suivantes, ma mère raconte comment elle s'est sentie pendant qu'elle passait les différents épreuves du bac. Pendant le début de l'été, apparemment elle a fait en sorte de passer plus de temps chez sa copine Louisette dans l'espoir de croiser son grand frère et sa bande de pote. Sur ça, je suis rassurée, je tiens de ma mère, quand on a une idée en tête on reste accrochée jusqu'à l'obtention de ce qu'on veut.

« 15 juillet 1984 - Deauville

J'ai encore des étoiles plein les yeux ! J'ai l'impression de voler au-dessus de mes pompes ! J'avais peur que Christophe, le frère de Louisette, n'invite pas Jean-Marc. Je m'explique. Quand on a eu nos résultats du bac, que j'ai eu haut la main, on voulait partir à Deauville, mais aucune de nous n'avait le permis. Alors Louisette a demandé à son frère s'il voulait bien nous emmener, sauf qu'on est six filles, il nous fallait donc deux voitures. Et bingo, il a proposé à Jean-Marc de faire le trajet avec nous !

J'ai bien évidemment fait en sorte d'être dans sa voiture pour apprendre à le connaître un peu plus. Jean-Marc a cinq ans de plus que moi, il est féru de sport automobile. Quand il me parle, il a un petit sourire en coin, je pourrais fondre.

Bref, le plus important n'est pas là. On a regardé le feu d'artifice, il était assis à côté de moi. Et avant le bouquet final, j'ai senti ses doigts se glisser un chemin entre les miens. J'ai cru que j'allais m'évanouir. Mais quand on s'est levé parce que le feu d'artifice était terminé et qu'il fallait qu'on rentre chez nous, il a fait comme si rien ne s'était passé...

Mais ce n'est pas fini ! Je te tiens en haleine cher journal ! J'étais la dernière qu'il a déposée et pour me dire au revoir, il m'a caressé la joue et a déposé un baiser à la commissure de mes lèvres. J'étais pétrifiée. Comme tu le sais, j'ai déjà embrassé des garçons, mais Jean-Marc, c'est différent. Je l'avais croisé en coup de vent quelques fois après la soirée chez Louisette, je n'arrivais pas à savoir si je lui plaisais ou pas... Maintenant j'en ai la confirmation. »

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