Tome I • Chapitre 2

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- Je ne vais pas te manger, je voulais être au calme aussi. Je suis remonté me chercher une bière et à mon retour, tu étais là. Me dit la voix derrière moi.

- Je pensais être seule, désolée, je vais chercher un autre endroit.

- Je pense qu'ici c'est assez grand pour pouvoir nous accueillir tout les deux.

J'entends un sourire dans sa voix, je me retourne pour faire face à cette personne qui dérange dans ma tranquillité. Je n'y vois pas grand chose, il est assis sur le rebord du transat et tient sa bière à la main. Sa montre brille quand il bouge son poignet. Il porte une sur-chemise de couleur clair ouverte sur un t-shirt blanc. Son pantalon a l'air d'être ample et de couleur foncée, ses chaussures sont cachées par les herbes devenue un peu haute par le manque d'entretien de cette partie de la villa.

Je souris à mon tour, je lève mon verre pour l'inviter à venir trinquer.

- A notre petite bulle de répit à l'abris de ces fous là haut !

Mon verre de Gin et sa canette de bière s'entrechoquent. Il se relève du transat et vient s'assoir à coté de moi. En étant plus près, je discerne un peu mieux les traits de son visage. L'homme assis à coté de moi a les yeux sombres mais le regard rieur, chaque coté de ses narines brillent des petits piercing argentés. Je m'attarde un peu trop sur ses lèvres charnues, quand l'individu s'en aperçoit, il tourne la tête vers moi et sourit ce qui découvre ses dents du bonheur. Je lui rends son sourire.

- Oh Sir Hamilton, je suis désolée, je ne vous avais pas reconnu dans la peine-ombre... Je vais retourner en haut pour vous laisser tranquille.

- Tu rigoles ou quoi ? Déjà tu vas commencer par m'appeler par mon prénom, je t'ai déjà croiser plusieurs fois dans le paddock cette année. Me répond-t-il en soutenant mon regard

- Nous n'avons jamais eu l'occasion de faire connaissance... Je m'appelle Amélia, je suis la responsable des relations publiques pour McLaren. Voilà pourquoi tu m'as croisé à plusieurs reprises en ce début d'année dans le paddock. Lui dis-je en lui tenant la main pour engager les présentations.

- C'est à mon tour ? Me demande-t-il, j'hoche la tête. Lewis, pilote pour une petite écurie du fond de la grille. Il m'est arrivé quelques fois de monter sur le podium, mais rien de très marquant.

Sa réponse me fait doucement rigoler. Lewis Hamilton est l'un des meilleurs pilotes de Formule 1, sept fois champion du monde, il a établi pas mal de record tout au long de sa carrière. Il a même été anobli par la monarchie britannique pour ses services rendus au sport automobile et son engagement en faveur de la diversité et l'inclusion. Rien que ça ! Je n'aurais jamais pensé me retrouver un jour assise à coté de cette légende. Je redresse ma tête et je regarde droit devant moi. Est-ce que je suis intimidée, bien sur que oui.

- Alors, pourquoi tu fuis la foule ? Tu devrais être habitué à côtoyer autant de monde non ? Je tourne lentement la tête vers sa direction.

- C'est pas parce que je suis connu que j'apprécie forcement d'être tout le temps entouré. Parfois ça fait du bien aussi d'être dans sa bulle. Sauf quand quelqu'un a la même idée et que du coup on se retrouve à deux. Le plan initial tombe à l'eau. Me répond Lewis, sa voix semble un peu triste, même si il garde un léger sourire aux lèvres.

- Si le plan initial tombe à l'eau, quel est donc le plan de secours ?

- Ça m'oblige à être inventif, mais disons qu'on pourrait retourner se chercher à boire pour avoir de quoi tenir jusqu'à la fin de soirée et aussi des couvertures parce qu'il va commencer à faire un peu plus frais.

- Je suis flattée d'être inclue dans ton nouveau plan, je m'occupe des boissons et toi des couvertures ? Je commence à me relever.

- Deal, on se retrouve ici dans 10 minutes. Il se relève et s'enfonce dans la peine-ombre.

Il n'a pas perdu de temps, je l'observe monter les escaliers quatre par quatre. Je remonte rapidement jusqu'au bar afin de subtiliser quelques canettes de bières et une bouteille de Gin. Je me retourne pour essayer d'apercevoir les garçons qui devaient être là où je les ai laissé plutôt dans la soirée. Mais il n'y avait personne. Tant pis, je redescends des les étages inférieurs de la propriété. Quand j'arrive enfin aux derniers escaliers, j'aperçois que des couvertures ont été étalés au sol. Il a été plutôt rapide, je vais le rejoindre et je m'assois à côté de lui, toujours les jambes dans le vide. Je mets les canettes et la bouteille à côté, il dévisse le bouchon du Gin et me ressers un verre. Je le remercie en approchant le verre à mes lèvres. Il ouvre une canette et on fixe l'horizon, sans un mot. Il se racle la gorge.

- Je suis désolé, je suis pas de la meilleure des compagnies.

- Le silence ne me dérange pas. Je lui réponds tout en m'allongeant sur les couvertures. Le ciel est dégagé ce soir, regarde on peut même apercevoir la constellation du Dragon.

- Si tu me montres, je pourrais faire comme si je connaissais. Il s'allonge à son tour et je pointe du doigt vers le ciel pour lui montrer les points qui relient la constellation.

- Mhm, je vois ce que tu veux dire... Non en fait pas du tout. Et il se met à rire.

- Raconte moi quelque chose, ce qui te passe par la tête.

- Rapide changement de sujet. Et il se tut. {...} Depuis quelques années déjà, j'écris et je compose. C'est mon moyen à moi de m'évader, j'écoute quasiment tout le temps de la musique et quand il n'y en a pas, je chantonne. Tu pourras demander à George, des fois il en peut plus de m'entendre. Il rigole doucement. Peut-être qu'un jour, tu pourras entendre ce que je compose en ce moment même. A toi de me dire ce qu'il te passe par la tête, pourquoi tu avais autant besoin d'être seule ce soir ?

- C'est un peu compliqué à expliquer.

- On a toute la nuit, non ?

Je me retourne pour me mettre sur le ventre, je joue avec le rebord de mon verre et je bois d'une traite le Gin qu'il me restait.

- Si tu continues à me faire attendre, je risque de trouver moi même la constellation que tu as dit. De sa main gauche, il prend sa canette et boit. Il met son bras droit derrière sa tête comme pour s'installer plus confortablement.

Tu veux vraiment savoir ?

- Mhm oui...

- D'accord... Je suis très heureuse d'être là où j'en suis aujourd'hui. Loin de là, l'idée de me plaindre. Mais tout va trop vite. Mon père faisait des courses automobiles quand j'étais plus jeune, on partait chaque weekend avec lui, du coup je connais le refrain. Mais je m'attendais pas à ce que ça soit aussi intense. Depuis mon arrivée chez McLaren, c'est ouf. J'ai pas une minute à moi, on bouge sans cesse, il faut penser à tout. J'avais hâte de cette pause estivale pour me ressourcer. Et pourtant les garçons m'ont presque obligé à venir ici alors que je voulais juste rentrer et dormir jusqu'à demain soir... Après cette tirade je me ressers un verre et je le bois à moitié.

- Ça fait du bien ? Me demande Lewis

De ?

- De le dire ? Je n'ai que peu d'expérience dans ce domaine, me dit-il en rigolant. Mais l'univers dans lequel tu vas évoluer va te manger si tu ne fais pas plus attention à toi et à ton bien être mentale. Tiens, dis moi de quoi tu es reconnaissante aujourd'hui' ?

- Mhm... Laisse moi réfléchir... Je suis reconnaissante d'être tombée sur une oreille attentive ce soir. Je dois avouer que la tournure que prend cette soirée était inattendue.

Je commence à frissonner, Lewis s'en aperçoit, il se relève et va récupérer une couverture qu'il avait laissé sur le vieux transat. Il déplie la couverture et vient la mettre sur moi. Je le remercie. Il revient s'allonger sur le dos à coté de moi. On discute de tout et de rien, je tente de lui montrer les constellations que nous pouvons voir dans le ciel, il me raconte des bribes de sa vie en dehors des circuits. La bouteille de Gin et les canettes sont terminées depuis quelques temps déjà. Je sens la fatigue pointer le bout de son nez. La voix de Lewis me berce, je lutte un peu puis je finis par m'endormir.

Late Night TalkingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant