XXI

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   Je crois que je n’avais jamais autant pleuré de ma vie qu’au cours de la nuit passée.

  En fait, si je devais mieux expliquer la chose, je dirai que je n’ai jamais autant ressenti une émulsions de divers états d’âme en une seule fois ! En passant par la peur, la déchirure et la joie, mon pauvre cœur quant à lui n’avait cessé de faire des bonds et des rebonds, encore et encore dans ma cage thoracique jusqu'à ce que je trouve finalement la force de m’endormir même si ne ce fût pas facile. Je peux aussi affirmer sans faille que c’était la nuit la plus longue de mon existence. J’ai tellement eu peur qu’eomma m’appele au beau milieu de la nuit via le groupe de famille pour pleurer sa peine après avoir appris la nouvelle. D’ailleurs, j’ignore si Hyung leur en avait parlé, je n’ai même pas eu le courage d’écrire à Mindy pour lui demander si Andreas avait appelé à la maison et ça, ça me rend anxieux à en crever.

   Désormais que j’ai rencontré un nouveau jour, que vais-je ou plutôt que dois-je faire ? Hyung nous déteste Rauf et moi, et Rauf m’a choisi moi, au profit de l’amitié. Dans l’équation, qu’est-ce que je veux ? C’est très simple, je veux  que tout redevienne comme avant, je souhaite ne jamais eu de penchant pour la gente masculine...

   Après m’être habillé correctement, je reste assis dans le lit à scruter l’écran de mon portable, sillonnant la galerie photos pour me faire pincer par la nostalgie de revoir le radieux sourire de mon Hyung. À quel point savoir que je suis gay l’a blessé au point qu’il me hurle dessus, chose qu’il n’avait jamais fait auparavant ? Je me souviens encore à la maison en Corée, lorsque j’étais plus jeune, je faisais des bêtises pour ensuite craindre de me faire sermonner par ma mère mais Hyung me couvrait toujours, me prenant par derrière pour me réprimander à sa façon : en m’offrant de la glace pilée. C’était le beau vieux temps, et il me manque. Je ne veux pas perdre mon frère, Rauf non plus parce que c’est lui qui m’a montré à quel point mon corps pouvait émettre des sensations frétillantes, et pour une fois je suis tombé amoureux de la personne et non du sexe.

   Les quelques coups qu’on assène à ma porte me fait sursauter avant de river les yeux vers celle-ci. C’est Hyung ? Il est venu pour me demander de me dépêcher d’aller au boulot ? J’essaye de me convaincre de cette illusion et me lève illico pour aller ouvrir. Ma joie retombe aussitôt que je croise le regard noir de Rauf, qui s’efforce de sourire dès qu’il me voit. Comme toujours il est beau à tomber, mais ce n’est pas exactement ce physique que je voulais voir.

— Bonjour Sas’ ! Me salue-t-il en rajoutant. Est-ce que ça va ?

  À ton humble envie ? Ai-je envie de demander, mais préférant mieux lui répondre de façon indirecte.

— Mh.

— Ça crève les yeux que non figures-toi.

  Pourquoi tu le demandais si tu savais alors ?

— Je voulais juste te dire qu’il est temps qu’on y aille au travail. Me fait-il savoir.

   Les yeux hargards, je le regarde dans l’espoir d’écarter un doute de mon esprit.

— I-Il est déjà parti ?

— Il n’est pas rentré. Déclare-t-il, faisant battre mon cœur à plein rythme. Je l’ai attendu toute la nuit pour qu’on puisse avoir une discussion franche et claire.

   Mon anxiété vient de dupliquer je crois. Alors c’est ainsi qu’il compte agir ? Quittant la maison pour aller on ne sait où sans donner de nouvelles et nous laissant dans le trouble ? Je serre les poings. Et s’il lui était arrivé malheur ? J’arrive plus à penser correctement. Heureusement pour moi, Rauf m’attrape le visage pour que je le regarde et me rassure :

𝖢𝗎𝗍𝗂𝖾 𝖡𝗂𝗍𝖼𝗁Where stories live. Discover now