XVI

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   D’être riche et d’en profiter ? Quel vantard va !

   Je finis par le suivre après avoir fait mes adieux à Hyung et... Rauf —même si ce fût discret.
 
  Bon, j’ai si hâte de rencontrer la mère du mec que je me tape. C’est vrai que dire comme ça fait croire que je suis la pute de son fils alors qu’on est bien plus que cela...L’est-on ?

   Je renferme la ceinture de sécurité sur moi et voit Jason hausser le ton de la musique avant de démarrer. Pitié me dites pas qu’il va encore chanter ? Y’a rien de plus humiliant que ça, faut déjà que je me prépare à me boucher mes oreilles. C’est tellement gênant d’être proche de celui qui m’a dragué en ligne en ignorant qui je suis réellement. Il est un bon type, il mérite un autre mec qui partagerait son délire, pas quelqu'un comme moi. Quelqu'un ayant succomber à la tentation en couchant avec celui qui au départ profanait des insultes homophobes à son égard. Plus j’y repense plus je me dis que j’aurai peut-être jamais dû lui céder aussi facilement mais maintenant qu’est-ce que j’y peux ? Ma raison va vouloir le fuir mais mon cœur et mon corps vont le réclamer. Et en attendant, c’est mon cul qui sera détruit nuit et jour jusqu'à ce qu’il ne soit hors d’usage.

   Je ne conçois pas poursuivre éternellement avec Rauf sur cette voie, plus vite on éclaircira la nature de notre nouvelle relation, plus vite je saurai prendre une décision.

— Et sinon, ça va toi ? Me tire-t-il de mes pensées.

— Mh. Acquiesçé-je uniquement, ce qui a le mérite de le rendre plus curieux qu’il ne l’était.

— Ça ira t’inquiète. Me fait-il savoir, ce qui me surprend fortement.

   Intrigué, je me met à présent à le fixer.

— Il est vrai que les débuts dans un pays étrangés sont compliqués avec l’adaptation, l’acceptation et tout...Mais peu importe ce que tu traverses, dis-toi qu’à un moment donné tu franchira cet interminable tunnel !

   Ses mots sont si dénués de toute antipathie, ils sont si réconfortants et profonds. Je culpabilise presque. Il essaye de me remonter le morale sans même savoir qu’il est l’une des causes de mon état.

— Merci, Jason. Soufflé-je honnêtement.

   Il esquisse un bref sourire et se reconcentrer sur la route.

— Tu le dis comme si t’avais déjà vécu cela.

— Mhh c’est vrai. Confirmait-il sans faute.

— Et...que s’est-il passé ? Si c’est pas indiscret ?

— T’inquiètes, ça me gêne pas de te le dire. À l’origine, je vivais dans un ghetto à São polo avec ma mère qui était brésilienne. Lorsqu’elle est morte j’avais huit ans je crois...Des types sont venus me prendre avec eux, disant m’emmener voir mon père qui vivait aux États-Unis. J’avais un père !

— Oh...
 
    Son histoire m’a l’air vraiment triste et pourtant il la raconte avec un tel calme...

— Et il n’était pas n’importe quel homme. Un grand maniaque en affaires, violemment fortuné.

— Était ?

   Peut-être aurais-je dû me taire ? Il ne répond pas tout de suite mais tourne la tête vers moi, un sourire presque forcé planant sur ses lèvres.

— Il est mort il y’a quatre ans.

— Oh je suis...

Pitié le sois pas. De toute façon je ne l’ai jamais aimé moi. Pas après ce qu’il avait fait à ma mère...

𝖢𝗎𝗍𝗂𝖾 𝖡𝗂𝗍𝖼𝗁Où les histoires vivent. Découvrez maintenant