Chapitre 31

258 34 21
                                    

Jilian se tourna dans le lit, ouvrant les yeux, l'esprit encore endormi. Il fit face à un dos nu et une peau blanche comme il n'en avait jamais vue.

D'une telle pureté, d'un tel éclat que cela aspirait à la douceur. Il suspendit ses doigts avant d'effleurer l'épiderme offert à lui et Ali s'éveilla lentement, tournant son corps dans sa direction. La marque dans son cou avait changé de couleur.

Elle était encore visible, comme un défaut sur son armure et même si elle disait qu'elle n'était pas douloureuse, Jilian peinait à la croire.

— Bonjour.

Il sourit tandis qu'elle se tenait à présent allongée face à lui. Puis soudain, dans la noirceur de son regard, quelque chose changea, se teinta de gris, d'absence de vie. Ali fronça les sourcils, un instant confuse, avant de se surélever, regardant autour d'elle.

A son tour, Jilian s'inquiéta, se redressa et elle balbutia :

—Mais où sommes-nous ?

Elle tenait les draps contre sa poitrine, soudain anxieuse, en danger, tandis qu'il répondait doucement, peu certain de la suivre :

— Dans la tour.

— La tour ?

Elle le regarda comme jamais jusqu'alors elle ne l'avait observé et alors que Jilian allait lui toucher l'épaule, comme si elle avait soudain besoin d'être rassurée, Ali se reprit secouant la tête :

— Dans la tour, bien sûr.

Elle eut un petit rire, amusée de sa propre bêtise et Jilian se mit à sourire. Soudain, tout le corps d'Ali s'anima et elle quitta les draps, franchit la distance jusqu'aux épais rideaux qu'elle tira, offrant sa nudité au ciel qui changeait de ton, décroissait à vue d'œil.

— Debout, somma-t-elle, nous avons encore beaucoup de choses à faire aujourd'hui.

Elle attrapa des vêtements à la vite, toujours les mêmes et Jilian se laissa tomber contre le matelas.

— Tu ne veux pas profiter quelques minutes ?

— Le mystère nous attend, lâcha-t-elle en récupérant un livre par terre pour le poser sur la pile des autres.

Il entendit ses pas rapides et énergiques se diriger vers la petite pièce et fermer la porte.

Jilian inspira profondément aussi amusé de la voir ainsi que déçu.

Il ne se rappelait pas du temps qui passait mais il imaginait que cela faisait déjà plusieurs jours que tout s'était enchaîné. La morsure bien sûr mais aussi le départ précipité de Joy.

L'atmosphère avait changé dans le manoir et Jilian s'était inquiété de la réaction d'Andrea concernant l'ouverture de la tour. Il avait été surpris de découvrir qu'après une nuit et une journée, l'endroit avait été nettoyé, la literie changée, la plomberie réparée. Même la partie du labyrinthe qui entourait le lieu avait été taillée.

Personne ne disait rien.

Il ne comprenait pas.

Même si Ali avait caché sa morsure avec un pansement imbibé d'artymisia, même si elle avait cherché à ne croiser personne, Andrea n'avait-elle pas un doute ?

Ça n'avait aucun sens.

La porte de la salle de bain se rouvrit et Ali en sortit, habillée :

— Toujours pas debout ?

Il l'observa du coin de l'œil sans bouger d'un iota et quand il l'aperçut, deux livres entre les mains, cherchant sa tablette cachée dans un coin avant d'allumer la cafetière, il marmonna :

Le Manoir - Tome 2Where stories live. Discover now