CHAPITRE 31 - Saïd

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   — Il est où le blondinet ? demande-t-elle au moment où nous prenons place dans son véhicule.

   — On se pose la même question, lui répond Alban sur un ton grave en s'accrochant à la poignée de la portière passager au moment où la voiture démarre.

   La vieille tante lève le regard vers son rétroviseur intérieur pour croiser le mien. Je ne montre rien, mais je crois qu'elle comprend, car contrairement à son habitude elle ne fait aucune blague de tout le trajet jusqu'à la villa.

   — Il reviendra le moment venu, se contente-t-elle de dire avant de s'engager dans un rond-point en quatrième, nous forçant à nous accrocher à ce qu'on trouve.

   Sofia me lance quelques regards inquiets. Voilà deux semaines qu'on ne s'est pas vus, deux semaines que personne n'a de nouvelles de Loup et je sais qu'elle s'inquiète autant pour lui que pour moi. C'est à peine si j'ai eu le temps de lui dire au revoir après notre retour des États-Unis. Que se passera-t-il dans deux semaines, quand nous serons de nouveau tous réunis ?

   Alban propose à Olive de rester regarder son émission avec nous lorsqu'elle gare sa Clio devant le portail de La Pergotière, mais elle refuse poliment. Il semblerait que l'absence de Loup la perturbe plus que je ne l'aurai imaginé.

   — Ça fait bizarre d'être ici que tous les trois, vous trouvez pas ? demande Alban.

   J'acquiesce en silence, tandis que j'entre avec ma valise et celle de Sofia.

   — Tu as eu des nouvelles ? s'enquit Sofia timidement.

   Je sens qu'elle attendait de poser cette question depuis un petit moment, sans ne jamais trouver le bon timing.

   — Pas plus que vous, je soupire. Avec le décalage horaire, on a pas trop réussi à s'avoir au téléphone.

   Je ne sais pas pourquoi j'ai ressenti le besoin de leur mentir comme ça. Peut-être parce que j'ai honte. Honte d'avoir laissé Loup partir en vacances avec elle sans rien faire. Honte de devoir subir les photos d'eux prises par des paparazzis, se pavanant sur la plage main dans la main ou à des terrasses de restaurants. Honte de ne pas pouvoir vivre tout ça à sa place.

   — Les vacances sont bientôt finies, te fais pas trop de soucis, il sera bientôt de retour, tente de me rassurer Alban.

   Oui, et après ? Le regard de Sofia exprime ce même sentiment et je vois qu'elle est désolée. Je lui souris timidement, gêné de devoir leur imposer ça. S'il ne s'était jamais rien passé entre Loup et moi, rien de tout ça ne serait arrivé et notre groupe ne s'en porterait que mieux. Peut-être aurais-je dû mettre fin à tout ça dès les premiers signes. Mais en aurais-je seulement été capable ? La seule idée de m'endormir chaque soir sans pouvoir sentir sa présence contre moi sonne faux.

   Nous défaisons nos affaires sans parvenir à retrouver cet enthousiasme qui nous anime normalement à chaque fois qu'on vient à La Pergotière. Je m'installe dans notre chambre, machinalement, avant de me demander si j'arriverai à dormir dans ce lit sans lui. Mes nuits sont longues depuis que je ne les partage plus avec Loup.

   Lorsque je redescends, Sofia et Alban sont déjà installés au bord de la piscine, les jambes dans l'eau qui scintille sous les rayons du soleil. Je m'assoie avec eux et l'absence de Loup se fait de plus en plus présente.

   — Bon, maintenant tu vas nous expliquer pourquoi tu nous as amenés ici ? demande Sofia en s'adressant à Alban.

   — Pourquoi ? On est pas bien là ?

   — Si, bien sûr, lui rétorque-t-elle.

   — On a fait l'impasse sur cette histoire avec Olive, j'interviens, mais c'est que moi aussi j'aimerai bien savoir ce qu'il t'a pris de partir de chez toi comme ça pour venir nous chercher.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLERWhere stories live. Discover now