CHAPITRE 27 - Sofia

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SOFIA

Mercredi 19 juillet 2017
Los Angeles, États-Unis


Voilà bientôt deux jours que Loup est parti et que nous n'avons pas eu de nouvelles de lui ni de son père. Deux jours durant lesquels aucun de nous ne s'est vraiment adressé la parole. Alban et moi, on en veut encore à Saïd. On lui en veut d'avoir mis en péril notre groupe qui semblait déjà si fragile. On lui en veut d'avoir pris cette décision qui a mené Loup à disparaître avec son père, sans savoir si on le reverra un jour. Personne ne nous donne la moindre d'information, mais je crois que Drew et Mina n'en savent pas plus que nous en fin de compte. Ou alors ils le cachent bien. Alban et moi, on ne se parle pas trop non plus. Je crois qu'on a juste pas grand-chose à se dire, si ce n'est ressasser la même histoire encore et encore.

Cette nuit, on est arrivés à Los Angeles parce qu'on doit y jouer ce soir, mais sans Loup, c'est impossible. Alban n'a même pas suggéré qu'on sorte faire un tour dans la ville. Je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre.

Depuis le départ de Loup, Saïd n'est pas sorti de sa chambre. Il n'est pas descendu manger avec nous et le fait qu'on soit arrivés dans la ville de ses rêves ne lui a même pas fait esquisser un sourire. Il s'inquiète pour Loup, parce que je crois qu'il a réalisé que ce qu'il a fait était insensé. Surtout après tout ce qu'il s'est passé avec Drew, toutes ses mises en garde concernant Georges. Comment a-t-il pu croire une seule seconde que son idée fonctionnerait et qu'il s'en sortirait sans aucune répercussion ?

   J'aimerais aller lui parler, essayer de comprendre et de le rassurer, parce qu'au fond, je sais que je ne pourrai pas lui en vouloir très longtemps, mais Alban m'en empêche. Il est vraiment très rancunier et si notre concert de ce soir n'a pas lieu, je crois qu'il lui en voudra d'autant plus. Moi, je ne pourrai pas. Malgré tout, je peux imaginer ce qu'il ressent, lorsqu'il voit Loup près de lui, mais qu'il ne peut pas le serrer dans ses bras ou même lui sourire trop longtemps, au risque de déclencher de nouvelles rumeurs. Ils ont toujours été comme ça et du jour au lendemain on lui retire tout ça. Je ne sais pas si je le supporterai non plus.

   J'ai essayé d'imaginer ce que ça me ferait si du jour au lendemain, on me disait que je ne pouvais plus adresser la parole à mes amis en public. C'est juste impensable et révoltant, car il n'y a absolument rien de mal à ça. Je crois que c'est ce que ressent Saïd et aussitôt, je ne peux pas lui en vouloir d'être en colère et d'avoir pris un tel risque. Simplement, face à Georges Tarsin, c'était perdu d'avance.

   Après le petit-déjeuner, je me faufile à l'étage pendant qu'Alban discute avec Mina, le dos tourné. Il faut que je lui parle.

   L'étage est encore plongé dans la pénombre et je me risque à tirer un des rideaux pour faire entrer la belle lumière de Los Angeles. En plein mois de juillet, le temps est magnifique dehors, mais seulement depuis l'intérieur du bus. À l'extérieur, l'air est étouffant et le soleil brûle sans ménagement.

   Quelques rayons filtrent dans la pièce et je m'attends à recevoir un grognement en signe de mécontentement, mais rien. Saïd me tourne le dos, roulé en boule dans sa couette, l'oreiller de Loup fermement serré contre sa poitrine. Son visage y est enfoui et je ne parviens pas à savoir s'il dort ou s'il fait juste semblant.

   Je m'approche sans chercher à éviter de faire du bruit et m'assois lourdement sur le bord de son lit. Toujours pas de réaction.

   — Tu dors ?

   Un grognement vient s'étouffer dans l'oreiller. Il faisait juste semblant.

   — Comment tu te sens ? je me risque à demander.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant