CHAPITRE 31 - Saïd

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SAÏD

Lundi 7 août 2017
Paris, France


   Assis sur mon lit, le dos collé contre le mur, je fixe l'écran de mon téléphone sans parvenir à taper le moindre mot. Que dire ? Que raconter ?

   Je viens de passer deux semaines en Grèce avec ma famille et je ne trouve rien de pertinent à écrire à mes amis. Est-ce la culpabilité d'être parti et de les avoir laissés seuls à Paris ? Ou bien le fait de savoir que malgré la présence de tous les membres de Nameless sur ce groupe, il n'y aura que trois noms qui s'afficheront dans les « vues » de mon message ?

   À quoi bon leur raconter les paysages fabuleux, les repas et les couchers de soleil, si Loup ne les lits pas et que Sofia ne répond même pas ?

   Tout le monde pense que notre vie est extraordinaire et elle le serait sûrement pour certains, mais la réalité c'est que quoi qu'il arrive, je n'arrive pas à m'en réjouir. Dans deux semaines, quand on se retrouvera enfin tous les quatre, peut-être que je ne penserais plus ça, mais aujourd'hui je n'ai envie de rien.

   Même le fait d'avoir pu offrir à mes parents la maison que j'avais toujours promis de leur offrir un jour ne me fait rien. Je suis parti depuis trop longtemps. Mes parents ont vieilli, ma sœur a bien grandi et dans cette maison, je ne me sens pas chez moi. Chez moi, dorénavant, c'est sur la route et sur scène, avec mes amis. Cette famille qui s'est construit autour de moi avec le temps et toutes ces petites choses que nous avons vécus et que seuls nous pouvons en comprendre l'importance.

   Je fixe toujours mon téléphone, avec une amorce de message dans la tête, lorsque ma mère m'appelle depuis l'entrée. Je n'ai même pas entendu la porte sonner. Je me lève péniblement, exaspéré par le temps qui passe beaucoup trop lentement.

   Lorsque j'arrive dans le couloir, deux visages bien trop familiers me fixent depuis l'entrée, le sourire jusqu'aux oreilles qui se transmet immédiatement sur mon visage.

   — Qu'est-ce que vous faites ici ? je m'étonne. Comment vous avez fait pour...

   — Ça te dit de partir réellement en vacances ? m'interrompt Alban.

   Je me tourne vers ma mère, de peur qu'elle ne le prenne mal, mais elle me sourit elle aussi.

   — Carrément, je réponds, ne sachant pas vraiment dans quoi je viens de m'engager.

   Par chance, ma valise pour la Grèce n'était pas encore défaite. En quelques minutes, je me retrouve traîné à bord d'un taxi, direction la gare. Je ne réalise toujours pas que ce sont bien mes deux amis qui sont venus me chercher, que j'ai pu serrer dans mes bras et qui m'emmènent dans notre maison de vacances.

   — Comment tu as fait pour avoir La Pergotière ?

   — Un simple coup de téléphone à Olive pour la convaincre de nous ouvrir la porte, me répond Alban en haussant les épaules.

   — Attends, depuis quand t'as le numéro d'Olive toi ?

   — Je me demandais exactement la même chose, sourit Sofia.

   Alban se contente de reporter son attention sur la route devant lui, un léger sourire aux lèvres.

   — Tu sais, parfois, je me pose de sérieuses questions à ton sujet, je conclus en secouant la tête.

   Sofia éclate de rire, serrée entre nous deux et aussitôt, j'oublie toutes mes inquiétudes. Le temps passe trop vite finalement.

   Comme convenu, Olive est bien là pour nous récupérer à la gare, à bord de sa fidèle Clio.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLERWhere stories live. Discover now