CHAPITRE 3 - Alban

46 10 3
                                    

ALBAN

Vendredi 26 août 2022
Los Angeles, États-Unis


— Could you please make an effort to play in tune ?

— Sorry I don't have your talent, Alban, rétorque Stephen en déposant sa basse au sol.

— I'm just kidding, let's try again.

Dans le fond du garage de Stephen — qui nous sert de salle de répétition — Pete reprend le morceau depuis le début en frappant ses baguettes contre la caisse claire de sa batterie, tandis que je l'accompagne à la guitare électrique.

Cette fois-ci, Stephen parvient à suivre le rythme avec sa basse et Clyde, la voix du groupe, peut commencer à chanter. Nous rejouons cette chanson plusieurs fois de suite pour être sûrs que tout le monde maîtrise le morceau.

— I think we're ready for tomorrow.

— We should be there at five to rehearse one last time, suggère Clyde.

— Sorry guys, but I won't be able to be there before seven, je m'excuse. It's the happy hour at the cafe.

— On a sunday? s'étonne Pete.

— Yeah, some of us have jobs Pete, sorry.

— Oh! Excuse me for being an independant worker and being my own boss.

— Oh yeah? And could you tell us what you've been working on lately? lui demande Stephen en souriant.

— Oh shut up! se renfrogne Pete.

— We'll see you tomorrow then, poursuit Clyde. You don't need to rehearse anyway.

Clyde a raison, je n'ai pas besoin de répéter, j'ai déjà chaque morceau en tête. Il s'éloigne avec Pete, tandis que Stephen referme le garage derrière nous. Je le salue chaleureusement et balance ma guitare dans mon dos avant d'enfourcher mon vélo, direction Venice Beach. Sur ce trajet que j'emprunte tous les matins, le soleil du mois d'août me brûle la nuque, mais il ne me ralentit pas.

Mes cuisses ne me font plus souffrir, contrairement aux premiers trajets que j'effectuai quelques années plus tôt. Maintenant, elles sont musclées et fortes, à l'épreuve de n'importe quelle montée de Los Angeles. Sous mon débardeur blanc, la sueur est à peine visible tant l'effort n'est plus qu'une formalité.

Au croisement de deux rues, je me faufile entre les voitures arrêtées au feu rouge et traverse le carrefour sans attendre qu'il passe au vert. Ce trajet n'a plus aucun secret pour moi, tant ma vie s'est construite de façon routinière ces dernières années. Réveil à Brentwood, répétitions dans le garage de Stephen à Santa Monica, puis travail au café de la plage sur Venice Beach avant le retour à la maison. Cette routine me convient parfaitement après les années effrénées que j'ai vécues.

Pédalant avec toujours autant d'ardeur, je repense aux répétitions de ce matin. Ces derniers temps, ces rendez-vous sont quasiment quotidiens, car pour la première fois nous allons jouer devant un public. Rien d'impressionnant, seulement quelques habitués du bar dans lequel on traîne régulièrement. Je vais pouvoir remonter sur scène pour faire ce que je sais faire de mieux : jouer de la guitare.

Notre groupe est très modeste, Clyde, Stephen et Pete sont plus jeunes que moi et jouaient déjà ensemble depuis quelques mois. Quand je les ai rencontrés dans ce bar où nous jouerons demain, ils recherchaient un ou une guitariste pour accompagner leur groupe et je me suis aussitôt proposé. Fraîchement arrivé à Los Angeles, je ne connaissais pas grand monde, mais il était encore plus difficile de rencontrer des gens qui ne me connaissaient pas.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLERWhere stories live. Discover now