Chapitre 37

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(Notes de début : ça y est, nous y est.)

Jason.

J'ai enfilé mes patins et je m'apprête à poser le pied sur la glace. Je mentirais en disant que je ne ressens rien, je suis putain de terrorisé, mais je le fais pour lui. Je veux honorer sa mémoire.

Après toute cette colère et ce rejet des autres et de la vie, je suis sur le point de patiner de nouveau. Une infime part de moi a hâte de ressentir la vitesse, le pouvoir de la glace, mais l'autre a l'impression de trahir son frère.

Elizabeth dort toujours et les gars ne devraient pas être là avant une heure, mais je veux réussir à monter dessus seul. Me prouver que j'en suis toujours capable. Que je peux me relever seul. Je pousse le loquet de la patinoire et soulève ma jambe au-dessus de la glace. Mon cœur bat à mille à l'heure, mes mains tremblent.

L'odeur de la glace m'avait manqué.

Celle d'une patinoire encore plus.

C'est maintenant.

Depuis la première seconde où Elizabeth m'a elle-même parlé de la compétition, je n'avais plus que ça en tête. Je voulais prendre le temps d'y réfléchir, seul. Peser le pour et le contre. Elle est rentrée et le hasard voulait que cela se déroule chez elle, alors je l'ai suivie.

J'ai pris le temps de m'occuper du chien de mon frère avant de sauter dans le premier avion. Et maintenant, pour la première fois depuis plus d'un an, je me trouve devant de la glace, des patins aux pieds.

Je peux le faire.

Il va être fier.

Et si la glace craquait sous mes pieds ?

C'est impossible. C'est une patinoire artificielle.

Allez, Jason.

Lance-toi.

Je pose le patin sur la glace et inspire un coup pour ramener l'autre à côté. Le plus dur est fait. Je m'arrête un moment.

Tout va bien.

La glace tient.

Je peux y aller.

Je pousse sur mon pied droit et m'élance. Je suis en train de patiner ! Bordel, j'y arrive ! J'avance d'abord prudemment. Le temps de me rendre compte que la glace ne va pas s'évaporer sous mes pieds, que les patins ne vont pas s'attaquer à moi.

Je prends confiance et m'autorise à prendre de la vitesse lors de mon second tour. J'accélère un peu plus au troisième et me rends compte à quel point ça m'a manqué.

La vitesse fait flotter mon maillot. La bouffée d'air que j'inspire me paraît tellement pure...

Je fais claquer mes patins sur le sol et essaye de voir jusqu'à quelle vitesse je peux aller, j'essaye de me dépasser et de faire taire les quelques horribles pensées qui profiteraient de ma faiblesse pour tout gâcher.

— Ouhouh, appelle une voix.

Je m'arrête net dans un dérapage à moitié contrôlé. La silhouette de Ben s'avance sur la glace, il s'arrête à mon niveau et me prend dans ses bras.

— Tu m'as manqué, mon vieux.

— Toi aussi.

Il m'observe le sourire aux lèvres.

— Je savais que tu viendrais avant tout le monde. Allez, viens t'échauffer avant que le coach arrive.

Il s'avance sur la patinoire et je le suis, essayant de le rattraper, mais avec une année d'arrêt, j'ai du mal. Il se moque de moi, alors je redouble d'efforts pour lui prouver que je vaux toujours quelque chose. Que je vais pouvoir être utile sur le terrain.

Nos âmes enneigéesWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu