Les Rescapés de l'Ordre du Temple

Chapitre 28

Samedi 26 Mars 2022, Washington D.C.
18h, chambre de Lance

    La journée a été atrocement longue. Ce n'est pas son week-end de travail, mais il a passé son samedi à rédiger son rapport sur l'incident, à en parler avec Donald qui l'avait laissé tranquille jusqu'à aujourd'hui. L'autre partie de son temps, il l'a occupé à tourner en rond, à attendre l'heure de son rendez-vous avec Taylor. Il a préféré ne pas rejoindre son équipe, il aurait été de trop mauvaise compagnie. Il a découvert, qu'en dépit de son entraînement, il n'est pas patient.

    Les souvenirs de la veille l'ont occupé une bonne partie de la matinée, avant de le rendre encore plus fou, à cause de son attente de les revivre. L'après-midi, il a mis de la musique à fond en écrivant son rapport, pour l'empêcher de ressasser sa nuit. L'image de Taylor et lui, enlacés, en sous-vêtements, s'embrassant, se caressant, ne l'ont pas quitté. Même quand il était face à son chef. Et maintenant, les dernières minutes sont interminables.

    Ils n'ont rien fixé, sauf que l'Érudit doit le rejoindre après son travail. Le reste suivra naturellement, comme cela s'est déroulé la veille. Ils ne sont pas allés plus loin que des baisers, des cajoleries, des frottements à travers leurs caleçons. Ils ne se sont pas encore vus nus et n'ont pas touché le sexe de l'autre. Pour une première fois, cela a suffi à Lance. Il était déjà bien assez submergé par les sensations, plus aurait été trop à supporter.

    Sont-ils en couple ? C'est ce que Taylor a suggéré, de manière implicite, avant de partir ce matin. Lance veut exprimer ses sentiments et ses désirs. Il refuse de les réprimer une journée de plus. Il a surtout besoin d'être rassuré sur les attentions de son âme-soeur. Il ne supporterait pas d'être juste une distraction pour l'homme dont il est amoureux.

    Enfin, des coups résonnent sur sa porte. Il se précipite si vite dessus, qu'il manque de tomber. En ouvrant, son sang bouillonne jusque dans ses tempes, ce qui rend son visage écarlate. Dès que ses yeux se posent sur Taylor, il sourit.

- Salut, dit-il essoufflé par l'excitation.

    L'Érudit lui répond en ayant du mal à cacher son amusement. Il se pince les lèvres qui ne demandent qu'à s'étirer. Lance est mortifié de honte. Face à son âme-soeur, il perd toute sa prestance de Guerrier. Ça pourrait être humiliant s'il en avait quelque chose à faire, mais il a assez d'humilité pour le reconnaître.

- Entre, intime-t-il à Taylor, en se décalant pour le laisser passer.

    Sa propre voix sonne enrouée et rauque à ses oreilles. Il n'a pas l'habitude d'entendre ce ton bourré d'excitation sortir de sa gorge. Taylor n'est pas dupe, car il lui lance un regard lubrique. Le Guerrier tressaille déjà, ce qui est de bon augure. Son corps réagit immédiatement à la proximité de son âme-soeur.

- Comment tu vas ?, lui demande le jeune homme en abordant un sourire innocent.

- Bien, répond-il un peu trop rapidement. Bien, répète-t-il avec plus de calme.

    Le ricanement de Taylor, secoue Lance. Il est traversé par un désir brûlant qu'il a du mal à réprimer. Ils sont dans sa chambre, dans son espace, c'est donc à lui de faire le premier geste. S'il n'était pas aussi empressé, il aurait remarqué son impolitesse en ne retournant pas la question de Taylor afin de s'enquérir de son état.

    Il fait un pas en direction de l'Érudit, qui l'observe depuis le centre de la pièce, la respiration calme et l'expression avenante. Devant Taylor, Lance lève une main, puis pose ses doigts sur la joue de son âme-soeur.

- Je peux t'embrasser ?, s'assure-t-il à voix basse.

- Oui, exhale Taylor.

    Lance comprend, par le timbre de Tay, que son apparence tranquille n'est qu'une façade. L'Érudit est aussi impatient que lui. Tant mieux. Il ne voudrait pas faire quelque chose qui va à l'encontre de ce qu'ils souhaitent ou désire tous les deux. C'est important pour le Guerrier qu'ils soient sur la même longueur d'onde. Le regard de Taylor est encourageant. Sans perdre une seconde supplémentaire, après cette longue agonie d'attente, Lance passe un bras autour des épaules solide du tatoué.