Tome I • Chapitre 36

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Comment va ta mère ? Elle s'est réveillée ? Me demande-t-il en chuchotant.

Oui, elle va mieux, mon frère et mon père sont restés avec elle. Je suis totalement disponible pour reprendre le travail. Lui dis-je avec un léger sourire.

Très bien, nous avons pas mal de choses à rattraper. Tu verras ça avec Alexia, c'est elle qui t'a remplacé pendant ton absence.

- Pas de problème, je verrai ça avec elle pendant le vol.

Zak me tapote l'épaule et repart en direction du groupe. Je reste quelques secondes toute seule, je me mords l'intérieur des joues, je n'aurais peut être pas dû lui mentir, mais je suis incapable de mettre des mots sur ce que je viens de vivre. C'est encore trop tôt.

[Flashback : quelques heures plus tôt dans la matinée]

- Amélia, t'es prête ? On doit y aller... me demande Maxendre en glissant sa tête dans l'entrebâillement de la porte.

- Oui, il faut juste que je mette mes chaussures.

Je glisse mes pieds dans mes escarpins, je passe mes mains sur les pans de ma robe et je regarde Maxendre.

- Tu es... Sublime.

- Mhm, on y va ? Je lui souris timidement en m'avançant vers lui.

La maison est pleine, mais elle n'a jamais été aussi silencieuse. Cette ambiance est pesante, je me dirige machinalement vers la porte d'entrée. Il me faut de l'air. J'ai une gène dans la poitrine qui me comprime les poumons. Cette douleur s'accentue quand il y a du monde autour de moi. Je me retrouve dehors, sur le perron, l'air frais envahit mes voies respiratoires, la douleur s'atténue un peu. Une main se glisse dans la mienne. Je reconnais le parfum de ma grande soeur, je tourne la tête pour la regarder. Elle porte un costume entièrement noir, ses cheveux longs sont attachés dans un chignon très serré sur le bas de sa nuque. Ses lunettes de soleil sur le nez, elle ressemble à une star de cinéma. Nous avançons doucement et sans un mot vers la voiture qui nous conduira à l'église. 

Mon corps est présent, je sens et rends chacune des accolades que l'on me donne, mais mon esprit n'est pas vraiment là. J'agis par mimétisme. Depuis que nous avons quittés la voiture, j'affiche un souris pincé, je suis le mouvement sans faire de vague. Je me suis tenue à coté de mon frère, ma soeur et mon père. J'ai entendu les sanglots étouffés derrière moi. Mais je suis incapable d'éprouver la moindre émotion, je fais acte de présence, ce qui est déjà pas mal. La cérémonie et la mise en terre se déroulent sous mes yeux sans que je comprenne vraiment ce qu'il se passe. Je n'ai qu'une peur, celle de rater mon train. Le train qui me ramène sur Paris afin que je puisse prendre mon avion pour Londres. C'est la seule émotion que je suis capable de ressentir à ce moment là. 

Je regarde ma montre pratiquement toutes les deux minutes. Ma valise est déjà prête depuis ce matin. Il faut que je parte, il en va de ma santé mentale. Maxendre a dû s'en rendre compte, il m'attire un peu à l'écart dans le cimetière.

- Arrête de regarder l'heure. Je t'emmènerai à la gare quand ça sera le moment. En attendant, fais en sorte d'être un peu là. Papa a besoin de toi.

- Et moi, j'ai besoin de partir d'ici. Papa n'est pas stupide, il comprendra pourquoi je dois m'en aller.

Maxendre soupire, mon père vient nous rejoindre.

- Tout va bien, vous deux ? Nous demande-t-il.

- Oui, Papa, ne t'inquiète pas, je m'occupe de tout, lui répond mon frère.

- Et toi Amélia ? Son regard cherche le mien.

- Ça va aussi, je tente de lui offrir un sourire convaincant.

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now