𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑 - Ashley

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« Quant à moi, je ne voulais pas qu'on m'aidât et justement le temps me manquait pour m'intéresser à ce qui ne m'intéressait pas. »

– Albert Camus

𝐀𝐬𝐡𝐥𝐞𝐲

Je reprends mon trajet, légèrement déboussolée par cet événement fraîchement survenu à cause de cette moto et de ces voitures. Je décide de rentrer chez moi en vitesse. Mon père rentrera d'une minute à l'autre.

Je presse le pas en montant les marches des escaliers et je rentre dans ma chambre. Mon chat m'a vu rentrer à la maison dont il s'est vite précipité derrière moi pour me rejoindre à l'intérieur.

Je ne perds pas une seconde pour planquer mes affaires de sport dans un des premiers sacs que je trouve. Comme tout doit être vide pour demain matin, je n'ai pas d'autre cachette. Mon père ne sait pas que je pratique le tir, ni que je prends des cours d'art martiaux lorsque je trouve le temps. Il sait seulement que je vais à la salle, mais rien de plus.

Je cache le sac en dessous du lit, je le prendrais avec moi lorsqu'on bougera les cartons et le reste demain après la rentrée.

Lorsque je planque le sac sous les lattes du lit, je bouscule une boite que j'ai probablement oubliée de ranger dans mes valises. Je sors celle-ci et ouvre le contenu – comment ai-je pu oublier de ranger cet objet ? Si mon père le découvrait, je serais dans un sérieux pétrin.

Mon arme.

Ce flingue que j'ai toujours gardé sur moi, depuis plus de 7 ans. Je ferme mon œil droit et tend la pointe de l'arme avec mon bras droit vers une cible quelconque dans mon champ de vision. Je place mon index sur la détente et positionne ma garde. Évidemment, je ne vais pas tirer. Il ne doit rester qu'une balle. Je devrais penser à acheter une recharge de munition tôt ou tard.

Cette arme est celui qui a servi pour assassiner Elsa.

Pendant que je me noyais dans mon petit bain de sang, le tueur d'Elsa avait balancé son arme sur le sol, étrangement fébrile à l'idée de l'avoir tué. Ainsi, lorsque les trois s'embrouillaient et ne prêtaient plus attention à moi ou Ellie, je ne sais plus comment j'ai fait, mais j'ai réussi à m'emparer de l'objet aussi discrètement que possible.

C'est avec cette arme – dont mon père ignore entièrement l'existence, que cette soif légitime de vengeance m'était venu à l'esprit, à un si jeune âge. Même après avoir tout perdu, dont mon enfance presque inexistante.

C'est avec cette même arme que j'ai l'intention de tuer tous ceux qui s'en sont pris à nous. Je ne compte pas seulement les trois criminels. Pourquoi ? Parce qu'avec du recul, j'ai compris que s'ils étaient si nerveux après la mort subite d'Elsa, c'est parce qu'ils avaient pour ordre de ne tuer aucune de nous trois. J'en suis sûre. Ils ont donc sans aucun doute un supérieur qui était à la tête de notre séquestration.

J'en tremble, rien que d'y penser. Je serre inconsciemment cette arme dans ma paume au point qu'elle rougit sous l'appuie.

Si seulement...

J'ai bien dis, si seulement, je pouvais tuer d'un coup sec avec cette dernière balle, le meurtrier d'Elsa...

La seconde qui suit, je reviens à moi. Je recommence encore à avoir ce type de pensée étrange qui m'obsède.

Bien sûr que c'est impossible.

J'en frissonnais presque d'envie brûlante.

Mais ça ne risque de ne jamais arriver.

ENDLESSLYWhere stories live. Discover now