Memento mori.

1 janvier 2013.

Mon nouvel an fut sans froufrou et paillettes. Alexy avait mis un noeud papillon. Domtille des boucles d'oreilles flamant rose. Elle pensait que le thème était kitch.

Personne ne l'a dit, mais j'ai trouvé que le thème de notre nouvel an était "enfants nazes et exclus du lycée réunis en une seule soirée toute aussi naze", mais j'étais mauvaise langue. La soirée était chouette.

Cacilie est venue avec Thibault. Il était gentil, elle rigolait à toutes ses blagues. Il la regardait avec un sourire calme et posait la main sur sa hanche quand il passait à côté d'elle. Rebecca passait la moitié de son temps à la fenêtre, pauvre fumeuse qu'elle était.

Heidi était avec nous, aussi. Elle n'avait pas vraiment d'amis à l'école. Alex se bernait juste, disant qu'elle aimait trop son grand frère. Mais Heidi et moi, on parlait. Je savais.

On a un peu dansé. Un peu bu. Alexy a voulu faire un karaoké, mais il était le seul : son à fond, il beuglait Call me maybe avec la choré qui allait avec. A un moment, Heidi, dépitée, a baissé le son. Mais c'était une chouette soirée. Est venu un moment où tout mes amis ont dansé. Ils ne se souciaient plus d'avoir l'air ridicule. La robe de Cacilie tourbillonait et Domitille riait aux éclats. Les tresses de Rebecca s'envolaient, Alexy souriait à pleines dents et Thibault faisait valser sa douce.

Dans ce schéma terrible, j'avais l'impression d'être une petite tache, un petit fantôme ; je suis sortie dans l'air froid de décembre et me suis demandé ce que ça ferait si je disparaissais pour de bon.

Quand, de loin, je voyais leurs sourires sur leurs visages, sans qu'aucun n'ait relevé mon absence, je me disais que ça ne leur ferait pas grand chose.