15 septembre 2012.

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Je n'arrive pas vraiment à dormir. Déjà, parce que Louise a invité Domitille et qu'elles gloussent en se pensant discrètes.

Domitille, c'est la meilleure amie de Louise. Il lui faut bien une amie un peu jolie - mais moins qu'elle, un peu naïve sur les bords, un peu maligne mais parfois un peu stupide. Une sorte d'accessoire dont elle se pare, une sorte de petit animal que Louise récompense d'affection de temps à autres. Mais je ne pense pas que Louise aime Domitille tant que ça.

Je trouve que c'est plutôt triste pour Domitille : elle aurait mérité une meilleure copine qui la considère, qui reste avec elle pour autre chose que par intérêt. Mais bon, je la comprends un peu. L'attention de Louise, c'est quelque chose de si agréable qu'on voudrait l'avoir toute sa vie. Je ne sais pas trop comment elle fait, si c'est qu'elle drogue son savon et que son odeur nous hypnotise, si c'est un truc dans son sourire, mais elle a eu un don à la naissance, un truc que je n'ai pas et qui me fait me planquer derrière son ombre.

En bref, je les entends glousser : si je tends un peu l'oreille, je peux savoir que Domitille est amoureuse. J'ai réussi à entendre son nom et deux trois autres choses avant de réaliser que, bon, ce n'était pas mes affaires. Ca m'a fait réaliser que Louise ne parle pas d'amour. Avec Domitille, avec moi, avec personne.

Pour revenir à Domitille, elle se pâme devant un des "beaux mecs" du lycée. Plutôt typique : yeux clairs, cheveux noirs, vêtements à la mode, fumeur au sourire charmant. Il s'appelle Aymeric et j'ai l'impression qu'un quart des filles du lycée le regarde. Je ne vois pas trop ce qu'on lui trouve et visiblement, Louise non plus. Je l'ai entendu ricaner. "Dom, tu peux pas tomber aussi bas. La seule personne qu'il doit aimer c'est son foutu reflet."

Ces ricanements m'empêchent de dormir, disais-je donc. Mais il y a aussi autre chose, de plus agaçant. Une petite voix pincée, râpeuse qui me tourne dans la tête. Généralement, j'arrive à la faire taire en dessinant, mais il est un peu tard alors j'écris. Et j'écoute les confessions de Domitille.

C'est étrange. A la fois, je prie pour ne jamais avoir une vie aussi nulle que de s'emmouracher d'un garçon moyen, mais en même temps, ça semble si facile.

 A la fois, je prie pour ne jamais avoir une vie aussi nulle que de s'emmouracher d'un garçon moyen, mais en même temps, ça semble si facile

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insomnie,
je tutoie les étoiles

Memento mori.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant