23 octobre 2012.

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Louise a fait le mur plusieurs fois dans les deux dernière semaines. Elle rentre à une heure du matin, au moment où je m'endors vaguement. Je me demande pourquoi je lui promets de l'attendre alors qu'à chaque fois le temps s'étire, elle grignote quelques minutes et mes paupières se font lourdes.

Je ne demande pas vraiment ce qu'elle fait. Généralement elle sent la bière ou le tabac. Elle me remercie et rentre dans sa chambre illico.

La nuit dernière, elle est restée dans ma chambre. Je ne sais pas trop pourquoi. Elle s'est laissée tomber sur mes draps, l'air hagard, à contempler les étoiles fluorescentes collées au plafond.

"C'était bien, ce soir ? ai-je demandé, blottie sous ma couette.

- C'était chouette.

- C'est encore avec tes nouveaux copains ?

- Si on veut."

Elle a attrapé l'hérisson en peluche et l'a serré dans ses bras. Puis elle m'a regardé et elle a souri, un sourire bête.

"On pourra les inviter à notre anniversaire ?

- Je croyais que Domitille les aimait pas ?

- Oh, Domitille, si on l'écoutait on ferait pas grand chose, tu sais."

Autant je ne suis pas la première fan de Domitille, autant je trouve qu'elle mérite une bien meilleure amie que Louise.

"Y'avait qui, ce soir, alors ?

- Aymeric..."

Elle a semblé hésiter, comme si elle ne savait pas trop quoi me dire.

"C'est tout, a-t-elle finalement précisé.

- C'est ton mec ?

- Quoi ? Ca va pas. On traîne ensembles, c'est tout.

- Ah ouais ? Et vous faites quoi alors ?"

Ca peut sembler un peu amer, comme phrase. Mais ça ne l'était pas. J'étais un peu froissée que Louise aime quelqu'un : ça arrivait pour la première fois et c'était donc la première fois que je n'étais plus la première dans son coeur.

"On parle. On boit des bières. On regarde des séries. Il me raconte des trucs sur sa famille. Je lui raconte des trucs sur la mienne.

- Ah merde, il doit savoir tout sur moi."

Louise a eu un petit sourire nostalgique en serrant le doudou fort contre son coeur.

"C'est compliqué, de tout lui dire sur toi, quand tu me racontes plus rien."

Elle s'est levée pour se coucher à côté de moi, sans prendre la peine d'enlever ses chaussures. J'ai trouvé ça sale mais je n'ai pas pu protester.

"Et toi Nini ? T'es amoureuse ? T'es triste ? J'vois bien que t'es triste, mais dis moi pourquoi. Tu peux tout me dire, tu sais ?"

Je n'ai rien pu répondre, elle s'était endormie. Je lui ai enlevé ses chaussures et sa veste, mise avec moi sous la couette, et j'ai eu envie de pleurer.

Je n'ai pas très bien dormi.

Memento mori.Where stories live. Discover now