23 décembre 2012.

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Louise était en train de fumer au balcon quand je suis rentrée. Elle ne fait plus vraiment attention à comment elle se comporte, maintenant ; elle fume de plus en plus, plus seulement aux fêtes.

Elle avait l'air très vide, alors je me suis assise à côté d'elle. Juste pour cette fois. Nous n'avons rien dit le temps qu'elle finisse sa cigarette.

"Pourquoi tu me détestes, Nini ? Qu'est-ce que j'ai fait ?"

Elle était bien vaste, la réponse. Qu'elle ne sache pas à quel point c'était compliqué d'être sa soeur, qu'elle demande ça, un peu impertinente, comme si j'étais juste capricieuse et susceptible. J'ai eu envie de crier tout dessus.

"Rien, t'as rien fait, ai-je soupiré."

Je me suis levée pour partir mais les larmes bouillonnaient déjà sur le visage de Louise.

"Alors pourquoi tu me détestes ?"

Elle a commencé à crier ces mots, comme un cri venu du fond de ses entrailles. J'ai pensé à Charles qui n'avait rien demandé et qui pleurait déjà pas mal quand mes parents se disputaient. Alors j'ai répondu.

"Je te déteste pas.

- Alors pourquoi tu m'évites ? Pourquoi tu m'aimes plus, pourquoi Domitille m'aime plus, pourquoi est-ce que Domitille a une nouvelle meilleure amie, pourquoi tout le monde adore Johanna ? Elle vous a mytho, hein, elle vous a raconté des tas de conneries sur moi, pour me bouffer la vie, pour que je sois toute seule, hein ? Hein, c'est ça ?"

Ses propos paranos étaient entrecoupés de sanglots qui devenaient incontrôlables.

"Qu'est-ce qu'elle a de mieux que moi, Johanna ?"

Premièrement, tout un tas de chose, comme de la décence et du respect humain.

Deuxièmement, je suis une conne.

J'ai pris Louise dans les bras, parce qu'elle avait beau faire tout ça je ne pouvais plus supporter l'entendre pleurer. J'ai regretté de ne pas avoir pris une pilule de papa, pour ne plus avoir rien à ressentir.

Louise n'a rien dit, elle a juste continué de pleurer. Et je voulais juste partir, je m'en voulais d'être avec elle, d'avoir ce moment de faiblesse, je voulais qu'elle sache que ce n'était pas ok, de me piétiner, et pourtant je la laisse faire, encore et encore.

"T'es ma meilleure amie, tu peux pas m'abandonner, tu peux pas me détester, tu peux pas me fuir, on vit ensembles, tu peux pas faire ça, tu peux pas faire comme tout le monde."

Je pensais qu'elle en avait fini, mais elle a continué. Et ses mots me hantent. Ils me tournent dans la tête. J'ai pris une pilule. 

Memento mori.Where stories live. Discover now