29 septembre 2012.

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Vendredi était bien. Je crois. C'était plutôt étonnant, en fait. Louise semblait toute heureuse de me présenter à ses copains. Elle avait encore sa jolie veste en cuir, une robe noire et des bottines à talons.

Il y avait une poignée de gens que je ne connaissais pas, ou alors de loin. Il y avait quelques terminales - ça ne m'étonnait pas vraiment de Louise : Michael Cronenberg, que je ne savais pas vraiment comment considérer : soit comme un abruti fini, soit comme un gentil mec mais maladroit. Sa copine, Edwige Gauguin, jolie rousse impertinente. Le très apprécié Vincent Juliard, qui avait la chance d'avoir une mâchoire bien carrée et la malchance d'avoir son père qui enseignait dans le lycée. Je savais que Louise et Domitille l'avaient comme prof.

Louise me présenta aussi à une paire de jumeaux. Ils avaient un sourire malicieux et l'un se laissait pousser les cheveux pendant que l'autre les avait coupés très courts. "César" se présenta l'un. "Auguste" dit l'autre. Je retins un rire et me promis intérieurement de ne plus jamais pester contre mes parents qui avaient trouvé de l'inspiration dans l'arbre généalogique.

J'ai reconnu Johanna Kormann, la meilleure amie d'Aymeric (dont Domitille est folle amoureuse), et le dit Aymeric en train de fumer paresseusement sa cigarette près du ciel déclinant au rose. Ca ne faisait pas tant de monde mais c'était déjà trop pour moi. Louise s'est laissée tomber à côté de Johanna sans lui adresser la parole pour autant.

C'était assez amusant, tout compte fait, de regarder Louise. Elle bavardait avec Aymeric, penchée vers lui, ignorant délibérément Johanna. Et je le voyais continuer, lui tendre une bière qu'il avait décapsulé avec son briquet (quel homme). Louise l'a regardée une seconde, puis me l'a tendue avec un sourire un coin.

"Promis, je dis rien à maman, m'a-t-elle glissé dans un mouvement de complicité."

J'y croyais parce qu'Aymeric venait de lui en ouvrir une. Au final, je n'ai pas beaucoup parlé pendant la soirée. J'ai décliné un joint qui tournait et j'ai fixé Louise. Je pense qu'elle l'a refusé seulement parce qu'elle m'a vue la regarder.

Il y a eu de la musique. De la bonne et de la moins bonne. J'ai bu un peu de tout ce qu'on me tendait. Bilan : je n'aime pas trop la bière mais j'aime beaucoup le vin blanc et la vodka. Johanna m'a arrangé un verre et me l'a tendu avec beaucoup de gentillesse. Je me demande un peu pourquoi Louise ne l'aime pas.

En conclusion, j'ai pas mal bu, j'ai un peu parlé avec Johanna, j'ai pas mal regardé les autres.

J'ai eu très mal au coeur quand j'ai vu Aymeric penché vers Louise, yeux dans les yeux et bouche en coeur, à lui passer une mèche de cheveux derrière l'oreille. Je me suis demandé ce que j'avais fait de mal pour qu'elle garde ça pour elle.

Memento mori.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant